Du jamais-vu. Les primes records des courtiers ont atteint le montant astronomique de 20 milliards d'euros. Soit plus que l'ensemble des bonus reçus par les salariés du reste de l'économie britannique.
Par CHRISTIAN LOSSON/LIBERATION
QUOTIDIEN : mercredi 29 août 2007
Ça pourrait signifier : travailler pas beaucoup plus pour gagner beaucoup trop. Les bonus dans la finance au Royaume-Uni atteindraient, en un an (d’avril 2006 à avril 2007), 14 milliards de livres (20,6 milliards d’euros). Un record, selon The Guardian, citant des données de l’Office des statistiques nationales (ONS). Et une hausse de 30 % par rapport à 2006, année déjà record. Mieux que les 24 milliards de dollars (17,6 milliards d’euros) de bonus engrangés par Wall Street l’an passé. Signe que la City brasse autant de cash que de fantasmes.
Ce déluge s’explique par le boom des bénéfices des firmes de la City l’an passé, qui ont encore bondi de 16 % au deuxième trimestre 2007, la plus forte progression depuis treize ans. Les quelque 300 000 cols blancs de la City - moins de 2 kilomètres carrés - ont engrangé plus de bonus que les salariés du reste de l’économie britannique, plus de 26 millions de personnes. Selon l’ONS, les requins de la finance, ces «fat cats» d’un nouveau genre, détiendraient l’équivalent de 43 milliards de livres (63,3 milliards d’euros).
«Honte». De telles concentrations de cash font bondir. «La fortune des super riches de la City ne montre aucun signe de relâchement alors que des milliers de travailleurs vulnérables doivent de se contenter de salaires misérables», assure Brendan Barber, secrétaire général du TUC (Trades Union Congress), principale centrale syndicale.
«Ces inégalités sont la honte de notre société, ajoute Martin Narey, directeur de Barnardo’s, réseau œuvrant auprès des enfants déshérités. L’espérance de vie d’enfants nés près de Glasgow est plus basse que celle d’enfants de la bande de Gaza.» Ronald Cohen, l’une des plus grandes fortunes d’outre-Manche, fondateur du fonds éthique Apax, a prévenu qu’un tel fossé social pourrait bien conduire à des émeutes.
Chute. Si des think tanks (de gauche) préconisent une taxation spécifique de ces bonus, peu de chance que Gordon Brown, l’un des promoteurs du «dynamisme» de la City, en tienne compte. De toute façon, ces derniers risquent de fondre une fois intégrés l es dommages collatéraux de la bourrasque qui souffle sur les marchés. Des études anticipent, à l’instar du Centre for Economics and Business Research, une chute des bonus de 15 % au deuxième semestre 2007. Près de 5 000 salariés de la City pourraient finir sur la paille.
Une autre étude publiée hier rappelle que les 100 PDG des boîtes cotées au Footsie, l’indice de la Bourse de Londres, ont essoré 67 fois plus de bonus que la moyenne de leurs employés.
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