03/08/2007

A Lyon, la préfecture et la mairie unies dans la chasse aux prostituées

Partager

LYON (AFP) - La préfecture du Rhône et la municipalité (PS) de Lyon ont décidé, cet été, d'unir leurs forces pour chasser du quartier central de Perrache la centaine de prostituées qui s'y trouvent, et qui risquent, selon les autorités, de gêner les travaux d'un immense chantier.


Selon Jacques Signourel, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Rhône, la municipalité et la préfecture ont décidé conjointement de "maintenir la pression afin que d'ici septembre, tout le quartier soit entièrement libéré".

La répression visant les prostituées, dont la plupart exercent dans des camionnettes, a pris un tour plus radical, cette semaine, avec la prise d'un arrêté municipal anti-stationnement les visant tout particulièrement.

L'arrêté a pour cible "le très grand nombre de véhicules équipés pour le séjour ou l'exercice d'une activité, stationnant en permanence" le long d'une dizaine de rues autour de Perrache, au sud de la presqu'île délimitée par la Saône et le Rhône.

La municipalité invoque "des problèmes de propreté, de salubrité et de fluidité de la circulation", ainsi que le nombre important de poids lourds qui desservent le marché d'intérêt national (MIN) tout proche (mais qui déménagera d'ici un an en périphérie de Lyon). Elle évoque aussi "l'augmentation du trafic routier généré par les travaux en cours sur le nouveau quartier de la Confluence".

La Confluence - 150 hectares de friches industrielles au sud de la Presqu'île - doit permettre de doubler la surface du centre-ville de Lyon d'ici 2030. Depuis début juillet, à raison d'une à deux opérations de police par semaine, les fourgonnettes abritant les prostituées ont peu à peu quitté la zone.

Seules subsistent plusieurs dizaines d'entre elles stationnées sur le cours Charlemagne, qui n'est pas visé par l'arrêté, "même si les choses devraient évoluer", s'empresse-t-on de préciser à la DDSP du Rhône.

Selon Florence Garcia, directrice de l'association d'aide aux prostituées Cabiria, "les autorités profitent de la période estivale". "Et pourtant, les dernières réunions que nous avions eues avec la municipalité avaient conclu que les prostituées pourraient cohabiter avec les travaux de la Confluence jusqu'à fin 2008", souligne Mme Garcia.

Le durcissement de la position des autorités coïncide avec l'arrivée début juillet d'un nouveau préfet du Rhône, Jacques Gérault, ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur. Pour lui, il faut agir de façon "déterminée". "On n'a pas à fermer les yeux sur des filières mafieuses qui se nourrissent de la détresse de ces jeunes femmes", a-t-il déclaré à l'AFP.

Délogées de Perrache, les prostituées ont quitté les lieux pour une destination inconnue. Dans un courrier adressé mardi au maire et au préfet, signé des 21 "belles du nuit du quartier Perrache", elles annonçaient leur départ. "Nous ne demandons, rappelaient-elles à cette occasion, qu'à pouvoir exercer notre activité librement, dans le respect de nos droits et de notre dignité".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire