Le Peuple de l'herbe sème des graines de politique et de SF
Par Rue89 13H00 27/08/2007
Avec "Radio Blood Money", les Lyonnais du Peuple de l'herbe convoquent la mémoire de Philip K. Dick et signent un 4e album moins festif et plus engagé que les précédents.
Moins festif donc, mais avec tout de même quelques uns des accents ironiques et réjouissants qui ont fait connaître le groupe, chéri de l'écrivain Virginie Despentes et nanti d'une Victoire de la musique en 2002. Et au moins un morceau purement jubilatoire: le tube "Plastic People" -dont le clip vaut le coup d'oeil-, où des cuivres puissants soulignent un hymne fédérateur, largement apprécié sur la tournée estivale du groupe.
Pour le reste, les Lyonnais, qui samplaient les Tontons Flingueurs dans leur premier album "Triple Zéro", délaissent un peu l'art virtuose du couper-coller, devenu leur marque de fabrique au fil des ans, des lives et des maxis. Logiquement, la tonalité de l'album est moins hip hop que celle du précédent, "Cube", où figuraient les marionnettes rappeuses des Puppetmastaz.
Sur "Radio Blood Money", la musique est plus instrumentale et les samples, plus politiques: "Ici la police. Nous vous demandons de vous disperser!", intime ainsi une voix. Le nom de l'album fait référence à un personnage de l'écrivain américain de science-fiction Philip K. Dick, Dr Bloodmoney.
A travers ses oeuvres, l'écrivain reconnaissait critiquer Nixon. Le Peuple ne s'en cache pas: la France sous Sarkozy n'est pas pour lui la plus douce des contrées. Chez Dick aussi, un personnage nommé Walt Dangerfield fait de la résistance depuis une radio placée en orbite, puisque la Terre est enveloppée dans une réalité fictive imposée par les puissants.
Voilà pour le "Radio" du titre: le Peuple nous conseille de scruter avec attention les réalités médiatique et politique. Le chanteur britannique JC001, membre du groupe, peut en témoigner, lui qui se sent de moins en moins à l'aise dans un pays couvert de caméras de surveillance.
Sinon, la scène musicale lyonnaise, que Le Peuple soutient depuis ses débuts, se porte bien. Derrière les locomotives que sont High Tone et Meï Teï Shô -dont est issu Sir Jean, le nouveau chanteur d'origine sénégalaise du Peuple- de nouveaux talents émergent. Dont le DJ Agoria, estampillé par les critiques "nouveau Laurent Garnier". A retrouver, parmi d'autres, sur une compilation publiée par le label du Peuple.
► Radio Blood Money par Le Peuple de l'Herbe - Pias Recordings.
► Dope Beats Vol. 2 compilation - (Supadope/Pias).
Vidéo: Raphaël Duroy
Texte: Augustin Scalbert
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