05/08/2007

Sarkozy et l'affaire libyenne : la presse européenne acerbe

Partager

En France, l'opération libyenne des Sarkozy passe pour un franc succès.
Anesthésiée par l'état de grâce, l'opinion majoritaire a pour ce président
les yeux de Chimène, au point de les fermer devant ses mensonges flagrants.
Cette cécité n'atteint évidemment pas la presse européenne, qui se répand en
commentaires acerbes.


Que penser en effet d'un chef d'Etat qui affirme que la France a payé "zéro
euro", comme l'Union européenne, quand on sait que la facture ("la rançon
qui ne dit pas son nom", d'après le quotidien La libre Belgique) de la
libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien se monte à 460
millions d'euros (avec une participation qatarie) ? "L'affirmation de
Nicolas Sarkozy selon laquelle l'UE n'a rien payé est la trouvaille
diplomatique de l'année", moque le quotidien belge De Standaard. "L'UE
récompense les crimes de Kadhafi", écrit pour sa part le journal danois
Berlingske Tidende : "le crime paie toujours, en tout cas si on s'appelle
Mouammar Kadhafi et qu'on est le maître absolu d'un pays avec du pétrole
sous le sable du désert, et avec potentiellement un marché très prometteur à
la frontière de l'UE". Même son de cloche en Allemagne, dans le Frankfurter
Rundschau : "Les démocraties n'acceptent pas le chantage, nous disent les
politiques. Elles l'acceptent, pourtant (...) Au-delà du sentiment
d'impuissance, on est en droit d'être quelque peu en colère lorsque des
prises d'otages d'Etat se terminent de cette manière". En Allemagne
toujours, le Handelsblatt se montre plus violent envers les époux Sarkozy
qui "se mettent en scène, prennent des poses de héros, comme s'ils avaient
été les seuls sauveurs des victimes (...) d'autres intérêts sont en jeu : il
veut vendre des marchandises contre du pétrole et du gaz, et se présenter
ensuite comme un grand diplomate, qui réussit à ramener la Libye de Kadhafi
sur le chemin de l'Europe". La conclusion aux Italiens de La Republica : "le
président Sarkozy et sa femme Cécilia, selon l'opinion de beaucoup, se sont
introduits dans l'affaire libyenne, en réclamant la gloire a posteriori
alors qu'en réalité tout avait été décidé dans les détails depuis au moins
quinze jours". Sans compter que, à la suite des accusations du réseau Sortir
du nucléaire de se livrer à un "troc nucléaire" pour obtenir l'élargissement
des infirmières, Sarkozy s'était insurgé en prétendant que ça n'avait "rien
à voir" avec la négociation menée. Sauf que deux jours plus tard, de retour
en Libye, le président français signe l'accord de la livraison d'un réacteur
par la France à Tripoli. Mais évidemment, il n'en a absolument pas été
question deux jours plus tôt, mauvaise langue ! Etat de grâce, on veut bien,
mais de là à se moquer si ouvertement du monde... Que penser en outre de
cette démarche qui place un dictateur en position d'acquérir l'arme atomique
? Officiellement, il n'est question que de nucléaire civil, mais il en va de
même en Iran et la position sarkoziste est aux antipodes dans ce deuxième
dossier. Et puis on commence par le civil, premier pas avant l'acquisition
de la technologie pour passer au nucléaire militaire. Peut-on faire
confiance au nouvel ami de l'impératrice Cécilia ? Pure folie, quand on
connait l'oiseau. Mais les affaires sont les affaires. Et Sarkozy a beau
avoir menti à la fois sur les indemnités versées à la Libye et sur l'accord
nucléaire, il semble que ça ne gêne pas grand monde en France.
Alors retournons donc à la plage.


Sarkozy : supermenteur 2


Celui qui prétend incarner la rupture ne déroge en tout cas pas à la
pratique coutumière du mensonge de son prédécesseur à l'Elysée. Sarkozy se
moque de vous : Français, réveillez-vous !


Il a dit : "ni l'Europe ni la France (n'ont) versé la moindre contribution
financière à la Libye".
Il a menti : 460 millions d'euros ont été versés au Fonds de Benghazi d¹aide
aux familles des enfants contaminés par le sida par la France, l'Union
européenne, avancés par le Qatar.


Il a dit : "rien à voir", en réponse à l'accusation du réseau Sortir du
nucléaire de s'être livré à un troc en la matière, le jour de la libération
des infirmières bulgares.
Il a menti : deux jours plus tard est signé l'accord de la livraison d'un
réacteur par la France à Tripoli. Tout se serait décidé en 48 heures sans
que l'affaire n'ait été évoquée avant ? Balivernes ! Greenpeace accuse :
"Cet accord pose un énorme problème de prolifération nucléaire et se situe
dans la droite ligne de la politique française d¹exportation irresponsable
de sa technologie nucléaire. [...] Livrer du nucléaire civil à la Libye
reviendrait à aider ce pays à accéder tôt ou tard à l¹arme atomique".


khadafiIl a dit : "non", quand on lui a demandé si un accord d'armement
avait été signé, ce que prétendait dans Le monde mercredi le fils Khadafi,
Seif al-Islam.
Il a menti : la France et la Lybie ont signé hier - mais Seif al-Islam le
savait la veille, d'où un gros doute sur la date ! - deux accords d'armement
pour un montant de 168 et 128 millions d'euros.


Pour la bonne bouche, ajoutons que Kouchner a lui aussi menti, en prétendant
: "Il n'y a pas eu d'accord, il n'y a pas eu de contrepartie, il n'y a pas
eu d'argent donné, et il n'y a pas eu d'accord précis sur aucune arme". Les
accords portent sur la fourniture de missiles anti-chars Milan - comme le
disait justement le fils Khadafi - par MBDA, filiale d'EADS, et du système
de communication radio Tetra par EADS directement. Mais peut-être n'était-il
pas au courant, tant son rôle dans l'histoire, lui pourtant en charge du
portefeuille des Affaires étrangères, s'est borné à jouer la potiche de
l'impératrice Cécilia. C'est en tout cas l'opinion de François Hollande :
"Le pire, c'est qu'il ignorait tout de cette affaire", déclare ainsi le
Premier secrétaire du PS. Mais il est par contre certain que
l'hyperprésident de la république, qui s'approprie tous les dossiers et
décide de tout, était lui au courant du moindre des détails.


1 commentaire:

Ministre de L'antipropagande a dit…

http://www.parismatch.com/parismatch/dans-l-oeil-de-match/reportages/sur-les-traces-de-nicolas-sarkozy-en-afrique/(gid)/3228

Enregistrer un commentaire