28/08/2007

Travailler moins pour apprendre moins

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Comme l'a annoncé le gouvernement, la suppression des 11 000 postes d'enseignants va entraîner une diminution des horaires pour les collégiens et lycéens. Un vrai scandale.



Comme à chaque rentrée, les syndicats d'enseignants annoncent un automne social mouvementé. Ce qui signifie qu'ils vont protester, au nom de l'offre d'éducation, contre les 11 000 postes d'enseignants non renouvelés après des départs en retraite. Mais ils passeront sous silence ce qui constitue l'essence du choix politique effectué par le ministre de l'Education Nationale, et bien sûr Nicolas Sarkozy, aux commandes sur ce dossier comme sur tous les autres : l'un et l'autre estiment trop lourds les horaires effectués par les élèves, qu'il faudra donc alléger à terme. Et l'un des principaux syndicats de professeurs des écoles, le SE-Unsa (Syndicat des enseignants de l'UNSA), approuve le principe, tout en réclamant des classes dédoublées, c'est-à-dire des postes et des moyens.

Outre que les jeunes seraient donc les seuls, dans la France sarkozienne, à ne pas « travailler plus » et apprendre le goût de l'effort tant vanté par le président, on soupçonne que les motivations sont plus économiques que pédagogiques. Alors que le Haut Conseil de l'Education ose enfin dénoncer le naufrage de la maternelle et du primaire, où est l'intérêt des 40% d'élèves entrant au collège avec des lacunes importantes ? Après des décennies durant lesquelles le contenu et les exigences ont été rabotés, une heure de vide en plus ou en moins peut bien sembler dérisoire. Alliance objective des gestionnaires et des pédagogistes.

Mais dans quelles disciplines retirer les heures en question ? En sport ? Le président vient de décider de privilégier cette matière on ne peut plus fondamentale pour les 15% d'illettrés – la seule où le mot compétition est autorisé. En musique, en dessin ? Les apparatchiks des associations de parents d'élèves exigent toujours plus de cet « éveil à la culture » qu'ils ne pratiquent pas eux-mêmes. Ce sera donc en histoire, en sciences, en mathématiques ou en langue, tant il est vrai que ces domaines ne servent à rien pour former une nation de citoyens libres et ouverts. TF1 se chargera d'occuper les enfants pendant les précieuses heures ainsi dégagées.

Marianne

Natacha Polony

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