La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l'Homme, Rama Yade, le 22 juin 2007 à Paris
La benjamine du gouvernement, Rama Yade, a été convoquée dans le bureau de son directeur, le Premier ministre jeudi. La jeune secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme a dû s’expliquer sur son déplacement improvisé à Aubervilliers, où un campement de familles africaines venait d’être évacué par la police quelques heures plus tôt. «A l’avenir, ce type de démarche devrait faire l'objet d'une concertation avec ses collègues» du gouvernement, lui a-t-on rappelé à Matignon.
Il était 11 heures lorsque, parmi les campeurs délogés, encore sous le choc, un bruit se répand. «C’est la ministre!». Accompagnée d’un garde du corps, Rama Yade venait d’apprendre la nouvelle de cette opération policière à la radio, dans sa voiture de fonction. Elle a décidé, spontanément, d’aller se rendre compte par elle-même de la situation.
«la honte pour ton gouvernement»
Immédiatement alpaguée par les représentants du collectif de squatteurs, elle se dit « choquée » par ce qui arrive à ces familles. Puis, s’« étonne que des choses pareilles se produisent dans une mairie communiste ». C’est alors que le ton monte. «Ma
sœur, c’est la honte pour ton gouvernement, c’est lui qui nous expulse, le sous-préfet était là ce matin !», lancent des expulsés à la jeune femme d’origine africaine elle aussi.
Avant de clore sa brève visite, Rama Yade a griffonné sur un papier quelques numéros de téléphone. « Je pense qu’il faut un médiateur, je vais essayer d’arranger les choses », a-t-elle lancé. Au départ de sa voiture, certains applaudissent, mais la majorité se met à la huer.
Puis, apprenant ce qu’elle venait de déclarer, la mairie d'Aubervilliers est sorti de ses gonds. La municipalité communiste s'est indignée du «soutien affirmé apporté à des squatteurs» et n’a pas apprécié de «constater qu'une ministre conteste ainsi une décision de justice prise par un juge indépendant.
En effet, c’est la ville qui, à l’approche de la rentrée, avait saisi le tribunal pour obtenir l’évacuation de ce camp installé devant un groupe scolaire de 1000 élèves. Le tribunal de Bobigny avait autorisé, lundi, le recours à la force publique. Les squatteurs avait installé en juillet ce campement pour protester contre l’expulsion de cinq familles de logement sociaux occupés sans titre à Aubervilliers et la menace d’expulsion de 25 autres familles.
80 tentes et 150 occupants
Hier matin, on recensait 80 tentes et 150 occupants, en majorité des familles ivoiriennes, mais aussi maliennes et gambiennes. Iles espéraient, avec ce campement,
obtenir un relogement.
Hier soir, ils avaient repris place au même endroit, sous une grande bâche étendue entre des arbres. Et à 20h30, la police revenait à la charge pour les déloger de nouveau.
20Minutes.fr, éditions du 06/09/2007 - 21h30
dernière mise à jour : 06/09/2007 - 21h31
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