15/09/2007

Comme a Sangatte, l'Etat laisse monter la tension, pour pouvoir faire le constat, en cas d' incidents

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Fortes tensions à Cherbourg entre clandestins et usagers du port
AFP
Par Par Sandra FERRER AFP - il y a 22 minutes

CHERBOURG (AFP) - La tension est à son comble depuis plusieurs mois dans le port de Cherbourg (Manche), où des dizaines de clandestins, souvent des Irakiens inexpulsables, tentent chaque nuit et de façon parfois violente de rejoindre la Grande-Bretagne.

"Nous sommes dans un chaudron qui ne va pas tarder à exploser", estime Serge Henry, directeur d'exploitation à la Chambre de commerce et d'industrie de Cherbourg, chargée de la gestion du premier port transmanche après Calais.

"Aujourd'hui, les chauffeurs routiers ont tous ou presque des battes de base-ball dans leur cabine pour se défendre", affirme-t-il, regrettant de devoir tous les matins faire réparer les grillages autour du port de commerce qui s'étend sur 15 ha.

Un investissement de 850.000 euros en juillet a permis de renforcer la sécurité, mais "rien n'y fait, ils sont prêts à tout pour passer", juge M. Henry.

Chaque nuit, plusieurs dizaines de clandestins, essentiellement des Irakiens, mais aussi des Iraniens, des Somaliens, des Palestiniens ou des Afghans, tentent de rejoindre la Grande-Bretagne, but ultime de leur long et périlleux périple.

"Bâches découpées, cargaisons endommagées, bagarres entre clandestins, passagers pris à partie, la liste des incidents est longue", énumère Marie-Thérèse Chauvin, responsable de la compagnie Brittany Ferries à Cherbourg. "Tout ça est très, très mauvais pour le port, certains transporteurs menacent de s'en aller ailleurs", s'inquiète-t-elle.

"Les tentatives de passage se font dans des conditions de plus en plus tendues et violentes", confirme le député-maire PS de la ville, Bernard Cazeneuve, soulignant l'application de plus en plus stricte des conventions entre la France et la Grande-Bretagne en matière d'immigration clandestine.

Elus locaux et associations humanitaires s'accordent à dire que les clandestins ont commencé à affluer à Cherbourg après la fermeture en 2002 du camp de Sangatte (Pas-de-Calais) décidée par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur.

"Les réfugiés se sont répartis dans tous les ports transmanche sans aucun contrôle", estime Bernard Cazeneuve, qui compte poser la question de leur sort mardi à l'occasion de l'examen par les députés du projet de loi du ministre de l'Immigration Brice Hortefeux.

"Je vais dire au ministre qu'il n'y a pas un mot dans sa loi sur le cas de ces réfugiés en situation irrégulière et inexpulsables", indique M. Cazeneuve. Selon des conventions internationales, les ressortissants de pays en guerre ne peuvent en effet être expulsés.

"Nous sommes dans une hypocrisie et une déresponsabilisation totale de l'Etat face aux prérogatives qui lui incombent", juge le député, en se disant "totalement démuni" face au problème.

"Ce sont des fantômes", estime pour sa part Pascal Besuelle, président du Collectif contre le racisme, qui demande l'ouverture de petits centres d'accueil, afin notamment que les clandestins puissent échapper à l'emprise des passeurs.

Livrés à eux-mêmes, les clandestins de Cherbourg ont élu domicile depuis le début de l'été sur un terrain municipal situé aux abords d'un quartier populaire. Coincé entre une carrière et un gymnase, le terrain héberge au milieu des détritus 40 à 50 clandestins, des hommes en majorité, mais parfois aussi des femmes et des enfants, qui trouvent abri sous des tentes ou de simples bâches.

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