Par Zineb Dryef (Rue89) 18H30 11/09/2007
Un rapport accablant, que Rue89 s'est procuré, exige sa fermeture pour insalubrité. Etat des lieux en images.
Cliquer ici pour voir le diaporama en plein écran.Copiez collez le lien
http://www.rue89.com/2007/09/11/bienvenue-dans-le-quartier-disciplinaire-de-fleury
Ordonnée en janvier par le tribunal administratif de Versailles -saisi par l’Observatoire international des prisons (OIP), une expertise dénonce les conditions de détentions des détenus du quartier disciplinaire de Fleury-Mérogis (Essonne), la plus grande prison d’Europe.
Selon les conclusions de l’expertise, loin de satisfaire aux normes internationales, ce secteur "met en danger la santé et la sécurité des personnes détenues qui s’y trouvent temporairement maintenues et des agents chargés de leur surveillance." Plus grave, l’OIP souligne que le risque de suicides y est accru.
Moins d'espace que dans un chenil
Parmi les manquements sévères à la règlementation internationale figure d’abord la taille des cellules: avec une surface totale de 8,21m2 chez les hommes et 7,59m2 chez les femmes, elles sont en deçà des 9m2 requis. Le constat est le même pour la surface dite de "déambulation" (surface totale moins le lit et les sanitaires). Avec à peine 4,15m2, cet espace est inférieur à la surface minimale fixée par la règlementation pour la détention de chiens en chenils (5m2). Les détenus peuvent y passer jusqu’à quarante-cinq jours.
A la petitesse des chambres, il faut ajouter le niveau d’éclairage et d’aération. Le premier est compris entre 7 et 30 lux (la norme est de 300 lux pour la lecture), la seconde est "déplorable, alors même que les pièces comportent des WC".
Lorsqu’ils sortent de ces réduits pour la promenade, soit une heure par jour, les détenus se retrouvent dans des cours de 20m2 à 30m2. Là aussi, l’expertise accuse: dans cette pièce étroite et couverte par des barreaux, le détenu ne se retrouve jamais à l’air libre. En outre, l’insalubrité des cours est telle qu’elles sont vite inondées (et donc inaccessibles) en cas de pluie.
Hugues de Suremain, juriste à l'OIP, dénonce l'existence de ces cellules, qu'il compare à des "cachots":
"Un endroit inhumain" pour Dominique Voynet
C'est après une visite de Dominique Voynet à la maison d'arrêt des femmes de Fleury que tout commence. Contactée par Rue89, la sénatrice de Seine-Saint-Denis se souvient de cette visite:
"C'était il y a plus de deux ans. La directrice de la prison m'a expliqué que certaines détenues, ne supportant plus la promiscuité, demandaient à rejoindre une cellule d'isolement. D'autres femmes, violentes ou difficiles, y sont également placées.
"Une chose m'a frappé: la lumière électrique. Il n'y a ni lumière du jour ni aération. Ce n'est pas dans un endroit inhumain comme celui-là qu'on peut soigner des gens violents. Par ailleurs, les surveillants et le personnel souffrent aussi de ces conditions de détention."
Une première pour l'OIP
A l'issue de sa visite, Dominique Voynet a adressé un rapport de visite à l'OIP. Qui a demandé au juge administratif de nommer un expert-architecte chargé de procéder à un relevé dans les quartiers hommes et femmes de la maison d'arrêt.
Une fois le rapport établi et au vu de ses conclusions, l'OIP, par une lettre datant du 30 juillet, a appelé l'administration pénitentiaire à suspendre l'utilisation de ce quartier.
Tenue d'apporter une réponse dans un délai de deux mois, l'administration pénitentiaire n'a toujours pas répondu. Ce qui revient à un rejet implicite. Hugues de Suremain explique que l'OIP est déterminée à obtenir la fermeture de ce quartier:
"Il s'agit de la première procédure de ce type qu'on intente. Si l'administration pénitentiaire ne répond pas d'ici le 30 septembre, nous saisirons à nouveau le tribunal administratif.
"L'Etat contrevient, dans cette affaire, aux normes internes établies par la préfecture d'Evry en matière d'hygiène et de salubrité des lieux d'habitation, mais également à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme".
Contactée par Rue89, l'administration pénitentiaire s'est refusée à tout commentaire, l'affaire étant en cours.
1 commentaire:
http://www.oip.org/images/stories/sinformer/courrierdirecteurflm300707.pdf
Enregistrer un commentaire