Lettre aux éducateurs : dans la précipitation, Sarkozy oublie les profs !
Trop impatient de livrer sa Lettre aux éducateurs, le président Sarkozy s'est précipité dans les médias... oubliant les principaux intéressés qui, une semaine après, ne l'ont toujours pas reçue !
Des mots pour excuser des retards, les profs en lisent tous les jours... mais rares sont ceux qui proviennent du ministère de l'Education nationale ! Pourtant, lundi 10 septembre, tout le corps enseignant a reçu un mail les assurant qu'ils recevraient « prochainement » la fameuse « lettre aux éducateurs » que le président de la République leur avait lu depuis Blois le 5 septembre dernier. En attendant, conseille le communiqué, ils peuvent toujours aller la lire sur le site de l'Elysée. l faut dire que mercredi 5 septembre, les choses avaient été un peu vite. Lundi 3, Xavier Darcos avait commencé à déballer une série de mesures dans un entretien au Parisien. Or l'annonce avait vite fait tâche d'huile : du sport en plus, les samedis chômés et l'augmentation des heures de soutien... tous les médias s'arrachaient la polémique de cette réforme de l'éducation nationale. Devant l'intérêt suscité par l'affaire, Nicolas Sarkozy a voulu frapper fort au coeur de l'électorat enseignant, qui est loin de lui être acquis, en tenant de rééditer - l'ex-ministre de l'Education Luc Ferry avait fait la même opération voici quelques années - la « lettre aux instituteurs » de Jules Ferry. Convoquant la presse à Blois, le président de la République avait donc lu la lettre en direct sur les chaines d'info continue et à la radio. L'Elysée avait expédié le document par mail aux médias, l'avait fait amené par porteur aux syndicats. Il ne manquait qu'un détail : la « lettre aux éducateurs » n'avait pas été envoyée aux enseignants !
Oh rage, oh désespoir, oh logistique ennemie !
Vendredi 14 septembre, soit 9 jours après le discours de Blois, la lettre n'était pas encore parvenue à ses premiers destinataires. Le service de la communication du ministre explique qu'il s'agit d'un « problème logistique », le fascicule de 32 pages devrait parvenir aux profs sous une semaine. Il faut dire que, d'un point de vue purement pratique, l'impression, le conditionnement et l'expédition d'un tel document aux 1 250 000 enseignants concernés nécessite plusieurs jours, pour un coût total d'un peu plus de 500 000€. Sans compter le fait que, pour un gouvernement qui revendique une préoccupation constante du développement durable, l'impression de ce document sur papier non recyclé fait mauvais genre. Même si le secrétariat d'Etat à l'Ecologie n'y trouve rien à redire.
Résultat de l'opération : au lieu d'être rassurés par la verve d'Henri Guaino, les enseignants se sentent encore plus mis à l'écart par Sarkozy. « A la lire, cette lettre est plus un discours qu'un courrier : nos collègues ne sont pas très friands de ce genre de démonstration, explique Gilles Mandrot, secrétaire général du syndicat SNUipp. Les problèmes qui y sont énoncés sont réels, mais quelles mesures compte-t-il mettre en place pour y remédier ? » Annick Merrien, secrétaire générale du SNETAP, principal syndicat de l'enseignement agricole, dénonce « une méthode qui consiste à privilégier un discours très contrôlé avec les médias qui se substitue à tout échange réel. Il nous dit qu'il veut débattre avec nous, mais il a déjà annoncé qu'il allait supprimer des postes : où est le débat s'il a préparé toutes les réponses ? » N'est pas Jules Ferry qui veut !
Lundi 17 Septembre 2007 - 11:10
Sylvain Lapoix
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