Un rassemblement est prévu à l’appel de RESF à 18h30 devant le 41 boulevard de la villette, à Paris, où une chinoise sans-papiers de 51 ans s’est défenestrée hier en voyant arriver la police.Pour RESF, «on traite des êtres humains comme des statistiques»
Par François VIGNAL
LIBERATION.FR : vendredi 21 septembre 2007
Un chiffre «slogan» de 25 000 reconduites à la frontière par an, quatre défenestrés en deux mois… la situation des sans-papiers est devenue critique selon Brigitte Wieser, membre du Réseau éducation sans frontières (RESF) de Paris. Entretien.
Cette nouvelle défenestration de sans-papiers est-elle symptomatique d’un nouveau climat ?
Un sans-papier qui fuit par la fenêtre montre combien l’ambiance est terrible actuellement. C’est le quatrième défenestré en deux mois. Avant, c’était les truands qui sautaient par la fenêtre à l’arrivée de la police. Maintenant ce sont des gens comme tout le monde, qui travaillent. C’est la conséquence directe de la course au chiffre du gouvernement. Brice Hortefeux a fixé un chiffre de 25 000 expulsions. C’est un slogan. Or ce chiffre doit être atteint coûte que coûte. On traite des êtres humains comme des statistiques de sécurité routière ou de logement.
Quelle sera la conséquence de la nouvelle loi sur le regroupement familial ?
La nouvelle loi ne permettra même pas de baisser le nombre de sans-papiers mais va au contraire en fabriquer. Même s’il ne sont pas autorisés, les gens qui veulent faire venir leurs enfants le feront de toute façon. On laisse penser qu’il existe deux types d’immigration. Celle de travail, qui est bonne, et une immigration familiale, qui serait mauvaise et coûterait cher. Or les familles travaillent toutes. On annonce aussi vouloir lutter contre le travail non déclaré. Mais l’autre jour, neuf personnes ont été arrêtées dans un atelier de travail clandestins du 11e arrondissement de Paris. Cinq ont été placées un centre de rétention. Nous sommes retournés à l’atelier, il fonctionnait toujours~! Ils font cela juste pour arrêter des sans-papiers. Le travail clandestin, ils s’en fichent.
Avez-vous déjà rencontré le Préfet de police pour l’alerter ?
Oui, en juillet. Nous lui avons dit que dans le quartier de Belleville, les arrestations se faisaient au faciès. Un jour les Asiatiques, un autre les Africains. Ils font un peu leur marché. Il a joué les étonnés. Il nous a pris pour des imbéciles. Car il y a une escalade très claire depuis le mois d’août, où 60 parents connus par RESF à Paris sont en voie d’être expulsés. Durant toute l’année scolaire, ils ont été moins d’une trentaine. Le 30 juillet dernier, une note aux préfets expliquait que cette politique de chiffre était une priorité du gouvernement. C’est désolant de voir que pas un seul préfet ne semble s’interroger sur les missions qu’on lui confie.
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