Nous avions commencé a en parler ici :
http://torapamavoa.blogspot.com/2007/09/le-bruce-willis-francais-cest-nicolas.html
Mais la suite ..c'est quelque chose!
Le témoin de 0 h 34
Par Daniel Schneidermann le samedi 22 septembre 2007
C'est un message qui est arrivé cette nuit à 0 heures 34, sous la chronique de Maja Neskovic, "France 2, Human bomb et l'autopromotion"..
Je vous le recopie ici:
''Le "mieux" est-il l'ennemi du "bien" ?
Concernant la question de l'éventuel "ordre donné" de tuer Erick Schmidt, je voudrais livrer mon témoignage.
Je suis opérateur de prise de vues et - entre autres - ancien pigiste à TF1. Le jour de l'exécution de M. Schmidt, j'étais de service devant la maternelle de Neuilly. On se relayait 24 h / 24. Il se trouve que quand les policiers du RAID sont sortis, après l'avoir abattu, c'était devant ma caméra. Le rédacteur avec qui j'étais en tandem s'appelle Thomas Hugues.
Quand ils sont sortis, ils ont ostensiblement fait le V de la victoire. C'est un peu gros pour un simple " Faites pour le mieux !".
Là-dessus, sort le psy de service, j'ai oublié son nom, qui explique que, pour lui, le type était vraiment dangereux et que sur ce diagnostic, le ministre de l'époque, Charles Pasqua, a décidé de faire intervenir le RAID. On aurait pu lui envoyer un produit par seringue hypodermique, on a préféré l'abattre. Hé oui, il dormait quand on l'a abattu et je vous rappelle que bizarrement, si toute la prise d'otage a été filmée par une caméra mise en place par le RAID, seule la dernière cassette a disparu...
Il se trouve que par ailleurs, j'ai travaillé sur un téléfilm avec l'ancien commissaire N'Guyen Van Loc, créateur des GIPN, prédécesseurs du RAID. 6 semaines de tournages, il aime bien parler et il m'explique ce que tout le monde avait compris, le RAID est tout simplement un commando de tueurs au service de l'État. Ça veut dire que si l'on fait intervenir le RAID, c'est que l'on a déjà pris la décision d'abattre le type. Ou, en tout cas, d'en assumer la forte probabilité. Unité d'élite de tueurs au service de l'État, voilà leur réelle "raison sociale". Lorsque l'on appelle un plombier pour un chiotte bouché, pas besoin de lui dire "débouchez-le", il est venu pour ça. Quand on appelle le RAID, pas besoin de dire "Fixez-le". Ils sont venu pour ça, et ils font pour le "mieux".
Donc les types sortent en faisant le V de la victoire (ils ont abattu à bout portant un type qui dormait, de plusieurs balles passées dans le même trou au milieu du crâne, quel exploit !). Les ordres tombent : direction place Beauveau pour la conférence de presse de Pasqua, et là surprise, dès notre arrivée, 15 minutes plus tard à peine... on nous distribue le texte du discours de Pasqua, déjà tapé, photocopié... Et le texte est... daté de la veille ! C'est à dire que Pasqua a pris la décision la veille, a rédigé le texte de sa conf' expliquant qu'il a fallu abattre le type... La veille ! Préméditation = assassinat ? Evidemment, je l'ai toujours, le texte en question, avec la date.
Pendant la conf', Thomas a un autre JRI venu nous rejoindre directement sur place, qui couvre Pasqua. Il me demande de rester en retrait, de faire les "à côtés", puis me montre, à travers les carreaux des fenêtres du XVIIIe siècle délicieusement mais involontairement déformantes, de par l'outrage du temps, le Préfet et les gars du RAID en train de sabrer le champagne ! Evidemment, je tourne, d'autant que bien qu'à découvert, ils sont méconnaissables, du fait de la déformation des carreaux. Quelques secondes plus tard à peine, repéré, je me fais sortir par le responsable des relations avec la presse de Beauveau de l'époque : "Vous ne jouez pas le jeu !" me dit-il. Quand Thomas sort de la conf', un quart d'heure ou vingt minutes après, je lui donne la cassette... "Oui, je vais en faire quelque chose, t'inquiètes pas", m'assure-t-il...
Bon, Thomas, c'est bon maintenant, y'a prescription, tu peux la filer à Daniel S., la cassette des gars qui fêtent au champagne d'avoir " fait pour le "mieux" ?
Hé, Daniel B., juste pour le "bien", ça aurait donné quoi ?''
Voilà. Fin du témoignage de 0 heures 34.
Ce témoignage sonne vrai. Il y a toutes chances qu'il émane vraiment d'un vrai ancien JRI (journaliste reporter d'images) de TF1.
Mais nous sommes sur Internet, et nous n'en savons rien.
Il fait porter à l'ancien commissaire N'Guyen Van Loc, personnage bien réel, des accusations qui peuvent être condamnées en Justice.
Nous sommes ici exactement sur une ligne de fracture. Celle qui sépare Internet des medias traditionnels.
Si on travaillait encore à l'émission de France 5, on aurait tenté de recouper ce témoignage. D'abord, en identifiant son auteur. Ensuite, en appelant Thomas Hugues pour lui faire confirmer qu'il s'est bien fait remettre une cassette dans laquelle on voyait les policiers du RAID boire la champagne, et ne l'a pas utilisée.
Si on n'avait pas pu le recouper, on n'en aurait pas fait état. Si on avait pu le recouper, on aurait bâti un dossier autour. C'est un vrai scoop.
Dans notre site définitif, sans doute procéderons-nous de la même manière.
Mais nous sommes sur @rrêt sur images provisoire. Nos forums ne sont pas modérés a-priori. Le témoignage de "JRI" est donc en ligne depuis cette nuit. Beaucoup d'entre vous l'ont déjà lu.
Nous n'avons pas les moyens, dans les heures qui viennent, de le recouper. Peut-être déciderons-nous de le faire lundi, si le sujet est jugé prioritaire.
Dans l'intervalle, pas d'autre solution que de vous laisser sur cette ligne de crête avec ce témoignage bâtard, ce témoignage d'entre deux statuts, vaguement fantômatique.
Et, tout de même, d'en appeler à l'auteur: cher JRI, si vous le souhaitez, il vous est tout à fait possible de vous identifier, en nous contactant sur les boites mail indiquées dans les mentions légales du site.
C'est avec joie que nous vous ferons alors rejoindre le statut de témoignage recoupé.
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