14/09/2007

Régimes spéciaux des retraites: ya des méritants aussi, la pénibilité existe encore pour certains métiers

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Paroles de marin
Partir deux ou trois mois sur un thonier, se lever à trois heures du matin pour passer sa journée en mer. Témoignage.

Sète (Hérault),

correspondance particulière./L'HUMANITE

« J’espère qu’il va y avoir une levée de boucliers… » Georges Vinci, retraité de la marine du commerce à Sète, ne décolère pas après les annonces de Fillon et « les propos indignes de Sarkozy ». Les régimes spéciaux de retraite, il connaît bien, lui qui a navigué pendant trente-deux ans par tous les temps et quelquefois pendant des mois d’affilée. C’est grâce à ce régime spécial qu’il a pu prendre sa retraite à 55 ans. Ce militant syndical CGT est aussi membre du conseil supérieur de l’Établissement national des invalides de la marine (ENIM), la Sécu des marins. Ce régime spécial offre une protection notamment pour les risques maladie, maternité, invalidité, décès et accident du travail, le risque vieillesse, assurés par la caisse de retraites des marins (Code des pensions de retraite des marins). Au 31 décembre 2006 le nombre de retraites servies par l’établissement s’élevait à plus de 120 000. Pour ce qui est des actifs les bénéficiaires des prestations (maladie et autres) étaient 37 825 (14 932 commerce et plaisance, 22 872 pêche et conchyliculture). Georges Vinci sait ce qu’est la pénibilité du travail : « En 1968, je suis parti sept mois sur un pétrolier, j’étais ouvrier mécanicien, on travaillait douze heures par nuit. J’ai fini ma carrière sur les dragues. Ces bateaux sont chargés de nettoyer les entrées de port afin que le fond indiqué sur les cartes maritimes corresponde et pour que les bateaux ne s’échouent pas. Sur ces dragues nous n’étions que quatre, on travaillait de nuit par tous les temps dans tous les ports, de Fos à la frontière espagnole… » Le retraité de la marine a pu partir avec 32 ans de navigation. « S’il avait fallu que je totalise 37,5 annuités, je serais mort. » À Sète, explique Georges, « tous les marins connaissent aussi la pénibilité du travail. Les marins pêcheurs partent à trois heures du matin et ne reviennent au port que vers dix-sept heures. Le temps de décharger le poisson et de rentrer la glace, ils ne sont chez eux que vers dix-neuf heures, et cela cinq jours par semaine, plus le samedi qui est consacré à l’entretien du bateau. Pour ce qui est de ceux qui naviguent sur les thoniers, ils partent de chez eux souvent deux ou trois mois ».

Eloi Martinez

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