"Un malaise entre les magistrats et moi ?", s'étonne Rachida Dati : "Impossible, je les ai tous fait fusiller"
18.09.2007
Le Charançon libéré/20 MIN BLOGS
"Un malaise entre les magistrats et moi ?", s'étonne Rachida Dati : "Impossible, je les ai tous fait fusiller"
"Ma vie n'est pas un roman."
Dit-elle.
Ah bon ?
Rachida Dati est pourtant salement douée pour raconter des histoires.
Tordre la réalité.
Et renverser les faits à son profit.
Il y a ainsi de grands moments dans la longue et lénifiante interview de la Garde des sceaux que le Parisien vient de publier.
Quelques sommets de culot.
Presque de l'audace, en fait.
Tant Rachida Dati se moque du monde.
Et se livre là à un joli foutage de gueule.
Un malaise au sein du monde judiciaire ?
Allons donc…
"Dans toutes les institutions, même les plus respectables, il y a des réticences au changement. Je les connais, je viens de ce monde-là, c'est donc à moi de convaincre. Mais s'il y avait un véritable malaise entre les magistrats et moi, cela se saurait", déclare la meilleure-amie-de-Cécilia-parce-que-c'était-elle-parce-que-c'était-moi.
Une absence de malaise au nom de laquelle la Garde des sceaux rencontrera ce soir les membres du Conseil supérieur de la Magistrature.
Histoire d'essayer de calmer des syndicats de magistrats furieux de la façon dont a été traité le vice-procureur de la République de Nancy, convoqué pour ses propos critiques sur la loi contre la récidive.
La comparution de Philippe Nativel, justement ?
Oh, une mauvaise interprétation, un bête malentendu.
Qu'on vous explique…
"Ce vice procureur aurait dit lors d'une audience : Je ne suis pas l'instrument du pouvoir. (…) Constatant les propos qui lui avaient été attribués dans la presse, s'empêtre Rachida Dati, le vice-procureur a demandé à sa hiérarchie une mise au point, affirmant qu'il ne les avait jamais tenus. Sa hiérarchie directe n'a pas souhaité donner suite. Or, il est de ma responsabilité de protéger les magistrats et de veiller à l'image de la justice. Pour ces raisons, je ne pouvais pas ignorer une situation dans laquelle un magistrat demande en vain à ce que l'on corrige ses propos. Je l'ai assuré de toute ma confiance."
C'est balaud, hein ?
Il s'agissait juste d'assurer le vice-procureur "de toute (sa) confiance".
De le réconforter.
De le prendre par la main, pour mieux guérir ses larmes.
Et de le serrer sur son coeur de ministre-mais-néanmoins-femme-de-coeur-allez-on-se-fait-la-bise-et-on-n'en-parle-plus.
Si c'est pas trognon…
Les critiques qui se multiplient à son encontre ?
Que des jaloux et des racistes.
" Il y a des fantasmes sur mon compte. Or, ma vie n'est pas un conte de fées (…). Bien sûr, je préfère être soutenue. La France d'aujourd'hui n'est pas celle d'une petite frange, d'une petite élite. Elle n'est pas raciste. Elle n'est pas contre la promotion. Elle n'est pas contre l'ascenseur social. Certains ne sont d'accord avec tout cela que jusqu'à un certain point. Quand on est durablement dans le même ascenseur qu'eux, cela les dérange un peu."
Voilà.
Ceux qui s'inquiétent de voir disparaître le principe républicain de séparation des pouvoirs, s'effarouchent que soit propulsée Garde des sceaux une femme dont le principal mérite est d'être la meilleure amie de Cécilia et s'indignent des peines astronomiques qu'induit la loi sur la récidive sont prévenus.
Ils ne sont qu'une "petite frange" "raciste", "contre la promotion" et "contre l'ascenceur social".
Un coup classique.
Beau comme du Franz-Olivier Giesbert s'étonnant "qu'autant d'encre" ait "coulé sur (le) changement de tête" au sein du cabinet ministériel avant de nous en "laisse deviner…" la raison.
Bref, on est tous des salauds.
Tous ?
Non, pas les huit lecteurs du Parisien qui ont mené l'interview.
Les membres du panel, précise le quotidien, "n'ont pas tous voté de la même façon à la présidentielle".
Sous-entendu : pas de partialité.
Soit.
Résultat ?
"Elle a conquis tous ceux qui lui faisaient face", résume Le Parisien.
Le mot est faible.
Tant, à la lecture de la rubrique "Comment l'avez-vous trouvée", on se dit que l'enthousiasme devait être un tout petit moins éclatant lors des manifestations du 50e anniversaire de Staline.
"C'est une femme de terrain, volontaire et passionnée. J'ai apprécié sa proximité et son accessibilité", glougloute Véronique.
"Elle est super sympa ! (…) En plus, elle est mignonne...", s'excite Parriza.
"Elle m'a paru très à l'écoute des gens. Elle parle de façon claire. Elle est professionnelle, mais simple", remarque Marc-Antoine.
"Elle est accessible, ouverte, et c'est une battante", claironne Hervé.
Etc, etc… le tout à l'avenant.
Pas mal, non ?
Faire tresser par d'autres les lauriers que l'on enfile à la ministre.
Ils sont forts au Parisien…
PS : Les trois pages d'interview, grand moment de propagande ministérielle, ne sont sans doute pas très représentatives des deux heures d'entretien.
Ce sont les journalistes du Parisien qui l'écrivent eux-même en introduction : "Invitée comme c'est l'usage à relire le texte de cet entretien avant parution, la garde des Sceaux a choisi de lui retirer par moments sa tournure spontanée. (…) Le texte ci-dessous, c'est donc du pur Dati. Une femme de caractère."
Du "pur Dati"…
Façon élégante de dire que l'interview a été totalement remaniée.
Ben, les gars… vous ne voulez pas aussi lui donner les clés du journal, tant que vous y êtes ?
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