La ministre du Logement menace les bailleurs sociaux de passer en force par la loi.
Par TONINO SERAFINI/LIBERATION
QUOTIDIEN : jeudi 20 septembre 2007
Lyon envoyé spécial
«Extinction». La ministre veut mettre en œuvre la promesse de campagne de Nicolas Sarkozy, portant sur la cession annuelle de 1 % du parc HLM, pour faire de la «France un pays de propriétaires». Un engagement revendiqué comme une avancée sociale par un candidat désireux de faire une percée dans les couches populaires. Sauf que cette promesse fait abstraction d’autres considérations. Est-il pertinent de vendre des HLM, à leurs occupants, alors que 1,3 million de demandeurs sont inscrits aux fichiers des bailleurs sociaux ? Le moment est-il bien choisi avec l’entrée en vigueur du droit au logement opposable (Dalo) dès 2008 ?
Dans les milieux HLM, on observe que le gouvernement met la pression sur les bailleurs sociaux, mais fait profil bas vis-à-vis du privé. Ainsi, la puissante Union nationale de la propriété immobilière (UNPI), qui regroupe plus de 200 000 propriétaires privés, a publié la semaine dernière un livre blanc appelant de ses vœux «l’extinction […] du parc public». «A terme, il ne doit plus y avoir de HLM», écrit l’UNPI sans susciter la moindre réaction du gouvernement. Comme si le parc privé était exemplaire avec son impitoyable sélection des locataires par le revenu, ou ses hausses de loyers qui amputent le pouvoir d’achat des familles et rendent stériles les allocations logement versées aux étudiants.
Cet épisode est resté dans la gorge des HLM qui assument un rôle d’amortisseur social en logeant les ménages écartés par le marché. La Fédération des offices a réaffirmé mardi qu’ «une vente massive de logements locatifs sociaux ne serait pas une bonne réponse aux besoins des Français». Ce qui revient à dire «non» à l’objectif de vente de 40 000 logements. «Nous ne sommes pas opposés au principe de la vente de HLM. Nous en faisons déjà. Nous sommes prêts à aider nos locataires qui le souhaitent à accéder à la propriété, souligne Jean-Pierre Caroff, président de cette fédération forte de 279 organismes gestionnaires de deux millions de logements. Mais nous refusons de faire du chiffre au détriment de nos habitants.»
«Mixité». Les ventes hâtives de HLM réalisées tournent parfois à la catastrophe dans des immeubles collectifs devenus des copropriétés dégradées, les accédants n’ayant pas les moyens de rembourser leur emprunt et de faire face aux gros travaux d’entretien. La vente pose aussi la question de la mixité sociale. «Si je vends des HLM, on va surtout m’en demander en centre-ville, où j’essaye justement d’en construire pour faire de la mixité», pointe le maire (PS) de Lyon, Gérard Colomb. La signature d’une convention sur les ventes semblait hier incertaine. La famille HLM est divisée. Si les offices sont contre un objectif chiffré, les Sociétés anonymes de HLM (liées au monde des entreprises par le biais du 1 % logement) qui gèrent aussi deux millions de logements, préfèrent une convention au lieu de se voir imposer un «diktat» par la loi.
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