Par Zineb Dryef (Rue89)
Une curiosité dans l'avis de décès de Maïa Simon, publié aujourd'hui dans Libération. Une citation de Nicolas Sarkozy extraite de la page 94 du best-seller de Yasmina Reza précède l'annonce: "La vie n'appartient pas à celui qui se tient à côté du lit mais à celui qui souffre."
La citation originale est "Il y a quand même un moment où il faut dire qu'il y a des limites à la souffrance. La vie ça n'appartient pas à celui qui regarde à côté du lit. Ça appartient à celui qui souffre."
En demandant à ce que cette phrase soit publiée à cette occasion, la comédienne interpelle ainsi, post mortem, le président sur un sujet sur lequel il n'a pas toujours été clair.
En effet, Nicolas Sarkozy a, durant sa campagne, maintenu le flou sur sa position. En mars 2007, Nicolas Sarkozy se prononçait pour "le respect de la vie, dans la mesure où la souffrance ne rend pas la vie impossible. Il y a des limites à la souffrance humaine."
Le président estimait que le flou juridique n'était pas, dans ce cas, à remettre en cause: "Je ne pense pas que cette question se règle par une loi. Comment voulez-vous qu’un texte recense tous les cas de fin de vie? (...) Je veux que l’on fasse confiance au dialogue. C’est au patient, à sa famille et au corps médical de trouver la solution la plus adaptée. Je pense qu’il faut donc laisser une zone de liberté."
Cette "zone de liberté", pourtant, a pu conduire à des situations difficiles. Cette absence de législation avait ainsi valu à la mère de Vincent Humbert d'être poursuivie pour avoir aidé son fils en grande souffrance à mourir. Aujourd'hui encore, elle lutte au sein de l'association Faut qu'on s'active pour dépénaliser l'euthanasie.
Du côté de l'UMP, le débat divise. Il en est pourtant une qui a un avis tranché sur le sujet: Christine Boutin. La consultante famille du Vatican raconte sur son blog l'un de ses entretiens avec Nicolas Sarkozy:
"Devant la cinquantaine de participants, Nicolas s’est adressé à moi et a dit sur un ton sérieux mais teinté d’humour : 'Tu sais, Christine, comme je t’aime : ne t’inquiète pas et ne va pas croire que je souhaite abréger la vie des personnes handicapées ou des personnes âgées!'. Il faisait allusion aux inquiétudes, que je lui avais relayées, suscitées par son discours à la Mutualité sur les souffrances de la fin de vie et sa digression sur la nécessité d’y remédier. Par cette interpellation devant ses proches de la Commission exécutive, qui ont ri à son trait d’humour, Nicolas m’a ainsi signifié plus sérieusement, ainsi qu’à tous ceux qui s’en étaient émus, qu’il avait compris l’avertissement que je lui avais donné de ne pas franchir 'la ligne blanche' de l’euthanasie."
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