15/09/2007

Une copine a nous est décédée

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Silence radio d’une Supernana
Ondes. Disparition de la sulfureuse animatrice, égérie de Carbone 14.

Par CATHERINE MALLAVAL
QUOTIDIEN : samedi 15 septembre 2007

Une voix de fumeuse noctambule à vous faire déjanter le transistor. Un esprit à décaper le gnangnan latent. Ça, c’était Supernana. Sacrée bonne femme, qui fut l’opulente égérie des années radios libres, héroïne de feu la sulfureuse Carbone 14, que les fans des années 80 forcément pleureront.
La belle, qui sévit, un temps, sur Skyrock et devait reprendre du micro sur Europe 1, s’est fait la belle hier, emportée à 53 ans, par une longue maladie, comme on dit. Et il y a gros à parier qu’il n’y aura plus de nana super capable de vous rabrouer en direct quelque mâle arrogant d’un bon : «Tape ta queue sur le téléphone qu’on l’entende, mon gros !»
Oui, c’était un temps déraisonnable où une bande de jeunes qui s’appelaient Jean-Yves Lafesse, David Grossexe (le comédien Jean-François Galotte), ou Robert Lehaineux (le Michel Fizbin de la télé associative Zaléa) avait pris les clés des ondes.
Une nuit de 1981, alors que Lafesse dissertait sur Carbone 14 des gros et des grosses, Supernana appela la station : «Je suis grosse, belle, curieuse, et je baise. D’ailleurs, je vais venir séduire.» L’avait pas menti, la gosse née dans le Nord, ci-devant employée du Crédit lyonnais. A 4 heures, elle est là. Fait le siège. Et très vite empêche les auditeurs de dormir dans Poubelle Night, où elle conjugue suavité et salacité, pendant que la station enfile les canulars : fornication en direct (avec un couple payé pour), annonce de la mort de Mick Jagger…
«On ne cherchait pas à provoquer, mais à faire comprendre qu’il ne faut pas croire tout ce que l’on entend. C’est vieux tout ça.» confiait-elle à Libé, en 2001. Sans nostalgie mais avec un regret : «Aujourd’hui les nanas, on ne les laisse pas parler. Ou elles font de la pub, ou on les fait passer pour des idiotes.»

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