24/10/2007

Ben Barka, passager clandestin du voyage de Sarko au Maroc

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Le juge Patrick Ramaël a lancé cinq mandats d’arrêts contre des personnalités marocaines dans le cadre de l’affaire Ben Barka. Cinq missives comme autant de chausse-trappes pour Nicolas Sarkozy et Rachida Dati, en visite au royaume enchanté…
http://www.bakchich.info/article1821.html
Ben Barka, passager clandestin du voyage de Sarko au Maroc
Justice | mercredi, 24 octobre 2007 | par La princesse enchantée

..Il l’a fait ! Le juge Patrick Ramaël, qui enquête sur l’enlèvement de Mehdi Ben Barka à Paris en 1965, a lancé cinq mandats d’arrêts internationaux contre des personnalités marocaines, dont certaines de premier plan. Signés le 18 octobre par le juge, ils concernent le général Hosni Benslimane, puissant chef de la gendarmerie royale, le général Abdelhak Kadiri, retraité mais ancien patron des services secrets, Miloud Tounsi, membre présumé du commando qui a kidnappé Ben Barka, Boubker Hassouni, infirmier et membre du Cab 1, une ancienne officine secrète du royaume et Abdelhak Achaachi, lui aussi ex-fidèle du Cab 1.

Puisque tous refusent obstinément de venir témoigner devant la justice française depuis des années, c’est donc cette dernière qui vient à eux. Révélée en exclusivité par le journaliste Joseph Tual [1] sur France 3 le lundi 22 octobre, cette information a gâché le premier jour de la visite de Nicolas Sarkozy au royaume enchanté du Maroc où il effectue une visite officielle de trois jours.

Embarrassé, ce dernier s’est borné à déclarer que « la justice française est indépendante ». Quant au heureux « hasard » voulant que ce nouveau rebondissement dans l’affaire Ben Barka tombe pile au moment où il arrive au Maroc, le président a préféré botter en touche, répondant qu’il n’y était pour rien et n’était pas le porte-parole du ministère de la Justice. Mais il ne lui a sans doute pas échappé que le juge Ramaël est réputé proche d’Yves Bertrand, l’ancien patron des Renseignements Généraux (RG), connu pour son chiraquisme.
Crise de nerfs de Rachida Dati

Rachida Dati, elle aussi, est tombée des nues. Alors qu’elle accompagne Nicolas Sarkozy au royaume et a signé des conventions d’entraide judiciaire avec son homologue marocain, elle n’était visiblement pas au courant que des mandats d’arrêts avaient été lancés par la justice française. Aïe ! Elle a même déclaré à la presse « les Marocains ne m’en ont pas parlé. Je n’ai pas de commentaires à faire car c’est une affaire en cours d’instruction ». En privé, Dame Dati s’est montrée bien plus prolixe. Doux euphémisme… Selon des témoins effrayés par ses cris, elle a passé un sacré savon à son entourage avant de faire de ces mandats une affaire personnelle : « ils font ça contre moi parce que je suis chez moi ». Sous-entendu, « chez moi » au Maroc.

L’avocat de la famille Ben Barka, Maurice Buttin, est lui beaucoup plus pragmatique, considérant que « l’affaire Ben Barka fait partie des relations entre la France et le Maroc ». Il se montre par contre plus réservé sur la suite de la procédure : « les mandats sont maintenant à la Chancellerie qui peut tout à fait les bloquer pendant un certain temps ». Maître Buttin se souvient en effet que la première commission rogatoire internationale délivrée dans le dossier Ben Barka – c’était en 1977 — n’est jamais arrivée au Maroc…

Côté royaume enchanté, on fulmine de colère. Selon une source proche du ministère de la Justice citée par l’AFP, « on a voulu gâcher la fête que représentait la visite de Sarkozy mais nous sommes habitués à ce que certains veuillent troubler l’excellence des relations entre les deux pays. (…) Le Maroc réagira en temps opportun et n’a rien à cacher dans cette affaire ». Il y en a un qui par contre doit avoir les oreilles qui sifflent : l’attaché militaire de l’ambassade du Maroc en France. Il y a peu, il a en effet échappé in extremis à une perquisition du juge Ramaël et se trouverait dans le collimateur de la justice française. Encore le fruit du hasard sans doute mais, en 1965, le général Kadiri, dorénavant visé par un mandat d’arrêt international, occupait justement le poste d’attaché militaire à Paris.



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