12/10/2007

CNRS/PECRESSE le clash

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Un nouveau bras de fer s’annonce entre le gouvernement et les scientifiques. Mercredi, à peine couronné du Nobel de physique, Albert Fert poussait un coup de gueule dans Libération : «J’ai envie de dire à notre ministre, Valérie Pécresse, d’éviter une approche idéologique, qu’il faut absolument garder la capacité de coordination, d’élaboration d’une stratégie nationale du CNRS, capacité dont l’Agence nationale de la recherche n’est pas dotée.»Le CNRS soudé contre le gouvernement
Le plan stratégique de l’organisme reporté sine die par le gouvernementLes chercheurs dénoncent un possible changement de statut.

Par Sylvestre Huet/LIBERATION
QUOTIDIEN : vendredi 12 octobre 2007

La raison de cette sortie surprenante est aujourd’hui connue. Lorsqu’il reçoit le coup de fil, Albert Fert participe à la réunion du conseil scientifique du CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Ordre du jour : avis sur le plan stratégique dont l’adoption est prévue au conseil d’administration du 18 octobre. Surprise : le directeur général du CNRS, Arnold Migus, explique aux participants que leur vote n’est plus requis. Tollé, demandes d’explications. Petit à petit, il avoue : le gouvernement a donné l’ordre de surseoir à tout vote sur le plan en attendant qu’il ait «précisé ses orientations ». Lesquelles ? On parle déjà de transformer le CNRS en simple agence, distribuant des crédits, privée de politique scientifique propre.
«Nos collègues étrangers en sont restés sur le cul.» Ce propos d’un membre éminent du conseil scientifique décrit l’ambiance provoquée par ce coup de théâtre. Ses membres adoptent illico une série de «recommandations» à la ministre, plutôt rudes. Ils y rappellent que le CNRS joue un rôle indispensable dans la structuration de la recherche. «Il va y avoir une hostilité totale des scientifiques, de droite ou de gauche, au projet gouvernemental, qui nie la nécessaire autonomie du scientifique par rapport au politique, estime le sociologue Dominique Wolton, signataire de ce texte. Le gouvernement doit comprendre qu’il fait une erreur en cédant à la tentation technocratique.»
Cette vive réaction du conseil scientifique sonne-t-elle le début d’une mobilisation ? Déjà, le président du Comité national du CNRS, Yves Langevin, vient d’envoyer à ses 1 000 membres un courrier les alertant des projets gouvernementaux. Pour lui, «le loup est sorti du bois, il faut en informer les collègues» .



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