« A quinze jours de la négociation finale du Grenelle de l'environnement, il est très inquiétant de voir le président promouvoir cette option qui ne fait absolument pas consensus, déclare Karine Gavand, responsable de la campagne Climat de Greenpeace France. Non seulement le président de la République n'a apparemment pas l'intention de mettre en place une politique énergétique de rupture, mais en plus il semble bel et bien fâché avec les chiffres. »
Paris, France — Le 12/10/07 - En visite le 12 octobre à la centrale nucléaire EDF de Penly (Seine-Maritime), le président Nicolas Sarkozy n'a rien trouvé de mieux à faire que d'instrumentaliser une fois de plus le dérèglement climatique pour défendre la filière nucléaire française.
« A quinze jours de la négociation finale du Grenelle de l'environnement, il est très inquiétant de voir le président promouvoir cette option qui ne fait absolument pas consensus, déclare Karine Gavand, responsable de la campagne Climat de Greenpeace France.
Non seulement le président de la République n'a apparemment pas l'intention de mettre en place une politique énergétique de rupture, mais en plus il semble bel et bien fâché avec les chiffres. »
Les émissions de CO2Le président prétend que « la France produit deux fois moins de gaz à effet de serre par habitant que les autres pays d'Europe, c'est parce qu'on a le nucléaire ». En réalité, la France se situe dans la moyenne européenne : un Français émet 9,3 tonnes de CO2 par an, et la moyenne européenne s'élève à 10,9 tonnes (source : European Environment Agency, 2006, chiffres pour l'année 2004).Les renouvelables« On va mettre le paquet sur le renouvelable, mais quels que soient les efforts (...), ça ne viendra jamais compenser ce que représente le nucléaire dans la production électrique française », a ajouté Nicolas Sarkozy.Les experts de l'association négaWatt affirment exactement l'inverse : ils prévoient une sortie progressive du nucléaire à l'horizon 2035 et estiment que les renouvelables, associées à une politique d'efficacité énergétique et utilisées dans leur complémentarité (solaire, éolien, hydraulique, géothermie, biomasse) peuvent répondre à 80 % de nos besoins électriques d'ici à 2050, soit exactement ce que représente le nucléaire aujourd'hui. Rappelons aussi que sur la période 1990-2004, la part des renouvelables a diminué de 0,6 % en France.
L'emploiMonsieur Sarkozy estime que 10 000 emplois seront créés dans la branche production d'EDF les cinq prochaines années.Il confond ! Ce sont les économies d'énergies et les renouvelables qui constituent un formidable gisement d'emplois. La rénovation thermique de l'habitat ancien permettra de créer à elle seule entre 100 et 150 000 emplois sur quarante ans. Au niveau de l'Union européenne, les renouvelables pourraient créer 1 million d'emplois à l'horizon 2010.
Pour la France, ce secteur, qui fait aujourd'hui travailler 40 000 personnes, pourrait créer 115 000 emplois en 2010 (Syndicat des énergies renouvelables), soit le double de l'effectif total du nucléaire en France, et 361 900 autres postes d'ici à 2020 (rapport du projet européen « Monitoring and Modelling Initiative on the Targets for Renewable Energy »).Le mirage de la relance du nucléaireComme Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, comme Pierre Gadonneix, PDG du groupe EDF, Nicolas Sarkozy semble persuadé que « la filière nucléaire française a beaucoup d'avenir, ça restera le cœur de la production électrique de notre pays » et ne rate pas une occasion de tenir un discours triomphaliste sur « le nucléaire, fleuron de l'industrie française ».
Ces belles paroles se heurtent à la réalité toute autre : de gros problèmes en Finlande, sur le chantier de construction du seul EPR vendu à l'étranger (deux ans de retard et 1,5 milliard de dépassement sur un budget initial de 3 milliards), et un carnet de commande que peinent à égayer les quelques contrats sur-médiatisés et toujours non confirmés, avec la Chine, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.Loin de connaître une renaissance, le nucléaire est donc plutôt sur le déclin. Les centrales qui ont été fermées sont plus nombreuses que celles qui ouvrent.
La production mondiale stagne depuis 1999 aux alentours de 2 500 TWh. Et les projections officielles comme celle de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) montrent un déclin relatif du nucléaire qui représentera 1,8 % de la part de l'énergie finale d'ici trente ans (2,5 % aujourd'hui), et moins de 10 % de la production mondiale d'électricité d'origine nucléaire (15,6 % aujourd'hui).
http://www.greenpeace.org/france/news/discours-a-la-centrale-nucleai
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