Par Augustin Scalbert (Rue89) 12H24 18/10/2007
"C'est dommage, on est un des seuls médias à ne pas parler de Cécilia Sarkozy", constate Didier Thomas-Radux, directeur délégué de Montpellier Plus. Et cette non-parution est d'autant plus étonnante que, chez les concurrents des gratuits du groupe Bolloré -qui paraissent-, on souligne qu'en cas de grève, "il est encore plus important que les gens aient un journal". C'est ce que dit Frédéric Lecarme, directeur des opérations de 20 Minutes France (propriété à parité de Ouest France et du groupe norvégien Schibsted). Michaël Bitan, directeur général adjoint de Metro France (possédé à 65,7% par Metro International et à 34,3 % par TF1), remarque qu'"il y a plus de temps d'attente à combler." Si les gens "poireautent", ils apprécient d'avoir leur journal préféré, gratuit ou payant.
20 Minutes et Metro ont donc adapté leur système de distribution. Le premier titre, distribué par des colporteurs et sur des présentoirs, notamment à l'intérieur des gares et stations de métro, n'a pas diminué son tirage. "On répartit les volumes autrement, c'est tout", précise Frédéric Lecarme. Idem chez Metro, diffusé de la même façon: "On ajuste le curseur entre colporteurs et présentoirs", explique Michaël Bitan, qui indique n'avoir "quasiment pas" baissé le tirage. "Même si les gens sont à pied, on fait en sorte qu'il aient le journal."
Pourquoi le groupe Bolloré (qui possède 70% de Matin Plus, le reste appartenant au groupe Le Monde) ne s'est-il pas adapté de la même manière, d'autant que les licences provinciales de son groupe VillesPlus sont toutes distribuées jeudi et vendredi? Contrairement à Bretagne Plus, que Bolloré contrôle directement, Lyon Plus, Marseille Plus, Lille Plus, Montpellier Plus et Bordeaux 7, édités en partenariat avec la presse régionale, paraissent.
Dans un e-mail adressé aux éditeurs de ces journaux, et que s'est procuré Rue89, Serge Nedjar, directeur général du Pôle presse du groupe, se justifie: "Nous ne pouvons compter sur des équipes complètes (journalistes, secrétaires de rédaction, icono, maquettistes...) du mercredi 17 au vendredi 19 octobre. Pour ces raisons nous nous trouvons dans l'impossibilité de vous livrer vos pages pour vos éditions du jeudi 18 et du vendredi 19 octobre." Metro et 20 Minutes auraient donc une recette magique que Bolloré n'a pas encore trouvée...
Finalement, face au tollé des éditeurs régionaux, Matin Plus a livré des pages nationales et internationales mercredi soir, comme de coutume. Elles ne mentionnent pas "le" divorce. Aucune ne sera envoyée pour l'édition de vendredi. Et les journaux parisiens et breton du groupe ne paraîtront pas. "Ça nuit à notre image!", estime Didier Thomas-Radux. "En période de grève, un journal gratuit a une mission de service public."
La direction de Bolloré n'a pas donné suite à nos nombreux appels. Signalons que contrairement à leurs concurrents, les deux gratuits de Bolloré sont entièrement distribués par des colporteurs. Y a-t-il un maillon faible dans ce système de distribution, une filiale du groupe? L'argument n'est pas utilisé dans le mail de Serge Nedjar.
Quoiqu'il en soit, comme le montrent l'ensemble des autres médias français -et même Direct 8, la chaîne de Bolloré-, il est possible de faire fonctionner un titre un jour de grève, et surtout de le faire paraître le lendemain...
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