14/10/2007

Les députés se penchent sur le premier budget Sarkozy!!!!

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PARIS - Un budget ni rigoureux, ni ambitieux? Les députés entament mardi leur marathon budgétaire annuel avec l'examen du budget 2008, le premier de l'ère Sarkozy, qui mécontente jusqu'aux députés de la majorité et aux autorités de Bruxelles face au niveau du déficit.

Cette semaine, les députés discuteront d'abord des 32 articles du volet recettes du projet de loi de finances pour 2008, sur lequel ils se prononceront par un vote solennel le 23 octobre. Ils achèveront leur traditionnelle course de fond budgétaire à la fin de l'année.

La principale pomme de discorde? Ce budget marque une pause très décriée dans la réduction des déficits, pour financer les promesses de Nicolas Sarkozy. Le PLF 2008 table en effet sur un déficit de 41,721 milliards d'euros l'an prochain, à peine mieux que ce qui était prévu dans le budget 2007 (41,996 milliards). Soit 2,3% du PIB en 2008, contre 2,4% en 2007, en dessous des 3% du Pacte de stabilité européen.

Pour Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, le compte n'y est pas. Un déficit de 2,3% est "en deçà des engagements pris par la France", qui avait promis de revenir à 1,8%, a grondé jeudi le Premier ministre luxembourgeois. Et d'inviter "résolument" Paris à "réduire le niveau de ses dépenses publiques".

Le 23 septembre, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, qui entretient des relations orageuses avec l'Elysée, avait décerné à la France le bonnet d'âne du "dépensier No1 de l'Europe".

Sur tous les bancs de l'Assemblée, on s'étonne du manque de rigueur du budget 2008, alors même que le Premier ministre François Fillon a parlé de "faillite" de l'Etat le 21 septembre.
Pour le Nouveau centre, qui fait planer le mystère sur son vote, ce n'est "pas acceptable". Au PS, on parle de "laxisme". Jusqu'aux députés UMP qui affichent des états d'âme. Au point que le chef de l'Etat a dû recadrer sa majorité en conviant les députés UMP et NC à l'Elysée le 3 octobre. Les politiques d'austérité "n'ont jamais rien résolu", a-t-il réprimandé.

Cela n'a pas empêché la commission des Finances de l'Assemblée (où l'UMP est majoritaire) d'adresser un message au gouvernement dans un rare coup d'éclat. Mercredi dernier, elle a tout simplement supprimé une mesure du budget 2008 voulue par Bercy. Cette mesure permettait aux ménages qui touchent des dividendes sur leurs actions de choisir entre l'impôt sur le revenu ou un nouveau prélèvement libératoire de 16%.

Pour le rapporteur UMP du budget, Gilles Carrez, cet article aurait profité aux ménages lourdement imposés et détenant un gros portefeuille d'actions. Une "erreur d'appréciation" que le ministre du Budget Eric Woerth a regrettée dimanche, en proposant un compromis: fixer le taux du prélèvement libératoire à 18%. En attendant de donner leur réponse, plusieurs députés ont déjà signifié qu'ils comptaient relancer le débat récurrent sur un impôt minimum, pour combler les caisses de l'Etat.

Un budget sans souffle? Le PLF 2008 comporte par ailleurs peu de mesures fiscales, hormis une extension du crédit d'impôt recherche et un encouragement aux étudiants qui créent leur entreprise. La réduction d'impôt de 20 euros accordée aux contribuables qui déclarent leurs revenus sur Internet sera limitée à ceux qui le font pour la première fois. C'est que le gouvernement a déjà fait voter 8,9 milliards d'euros de ristournes avec le "paquet fiscal", entré en vigueur le 21 août.

Le budget 2008 met d'ailleurs en oeuvre le nouveau crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt immobilier. Le Conseil constitutionnel avait estimé le 16 août que cette promesse de campagne de Nicolas Sarkozy ne pouvait pas s'appliquer de façon rétroactive. Désormais, un particulier qui achète sa résidence principale aura droit à un crédit d'impôt de 40% des intérêts payés la première année, puis de 20% pendant quatre ans.

Le gouvernement compte sur cette mesure et le reste du "paquet fiscal" pour doper une croissance fragilisée. Et a construit son budget 2008 sur une hypothèse de croissance optimiste de 2 à 2,5% du PIB, jugée surestimée par les observateurs, qui tablent sur moins de 2%.
Pour le PS et le MoDem, les choses sont claires: après avoir joué les cigales tout l'été, le gouvernement préparerait un "plan de rigueur" pour après les municipales de mars. "Il y a un budget affiché et un budget caché", a déjà prédit le patron du PS François Hollande. AP



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