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Le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale revient sur les tensions avec l'exécutif après une semaine mouvementée au Palais-Bourbon.
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LIBERATION.FR : dimanche 28 octobre 2007
Le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale minimise les tensions avec l'exécutif après une semaine mouvementée au Palais-Bourbon, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche.
Mais, estime Jean-François Copé, les députés ne doivent pas être mis devant le fait accompli comme ils l'ont été avec le texte permettant un financement public du Nouveau centre ou l'amendement instaurant un test ADN dans le cadre du regroupement familial.
"Nous voulons être totalement associés aux réformes engagées. Et pouvoir, le cas échéant, les enrichir par nos suggestions sans être mis devant le fait accompli", déclare Jean-François Copé.
La séance a été suspendue plusieurs fois cette semaine en raison d'un nombre insuffisant de députés de droite dans l'hémicycle, lors de l'examen du projet de budget de la Sécurité sociale ou du texte sur le Nouveau centre.
Selon le président du groupe UMP, le "texte sur le financement du Nouveau centre a été mal présenté aux parlementaires", "l'amendement ADN, d'origine parlementaire, a surgi à la dernière minute, sans concertation préalable".
Alors que l'examen de la réforme des institutions a été repoussé après les municipales, Jean-François Copé répète également que la "proportionnelle n'est pas du goût des parlementaires UMP".
"Quant au climat actuel du Palais Bourbon, ne nous affolons pas. Un climat, ça change comme la météo. Souvent", ajoute-t-il.
La majorité s'agace de la méthode Sarkozy
LE MONDE | 25.10.07 | 11h17 • Mis à jour le 25.10.07 | 11h27
Simple passage à vide, ou début de dépression ? Le diagnostic reste incertain. Une chose est sûre : l'incompréhension grandit entre le gouvernement et sa majorité.
Confrontés, le 18 octobre, au premier mouvement social d'ampleur du quinquennat, qui a montré que la réforme des régimes spéciaux de retraite ne serait pas aussi simple que les sondages le laissaient présager, les parlementaires de droite s'agacent de plus en plus ouvertement des oukases et revirements de Nicolas Sarkozy.
Le 3 octobre, les parlementaires de l'UMP étaient vertement "recadrés" par le chef de l'Etat, qui leur reprochait notamment d'avoir manifesté leur grogne vis-à-vis de la réforme des institutions. Changement de pied le 21 octobre : le président de la République convoque en urgence les cadres de l'UMP au siège du parti pour leur demander de se concentrer sur la ratification du traité européen, en soulignant bien à quel point ce "succès" devait être porté à son actif. Dans le même temps, il jette une pelletée de terre sur la réforme des institutions, implicitement renvoyée à l'après municipales. Chacun est prié de s'adapter.
Deux jours plus tard, le gouvernement décide subitement de faire examiner en urgence par les députés une proposition de loi pour permettre au Nouveau Centre – les centristes alliés à M. Sarkozy – d'accéder au financement public (Le Monde du 25 octobre).
Textes reportés – ainsi le projet de loi pénitentiaire, qui devait être inscrit en début de session, ne sera même pas débattu en décembre –, cafouillages, annonces suivies de la mise en place de commissions diverses : les griefs se sont accumulés chez des parlementaires qui ont le sentiment d'être relégués au rang de simples spectateurs.
Deux répliques sont venues dans l'Hémicycle. Le 23 octobre, il manquait plus de quarante voix dans les rangs de l'UMP pour approuver le projet de loi sur l'immigration si cher au président, au terme d'un débat parasité par l'introduction de l'amendement autorisant le recours aux tests ADN dans le cadre du regroupement familial. Le lendemain, les députés de l'UMP n'ont pas été au rendez-vous de l'examen de la proposition de loi du Nouveau centre. Le texte n'a pu être adopté, faute de majorité. La poursuite du débat a été "ajournée".
"IL VA FALLOIR ÊTRE COURAGEUX"
"C'est incroyable, s'interroge Marie-Jo Zimmermann, députée (UMP) de la Moselle. Je ne comprends pas ce qui se passe, comment un tel délitement est possible. Et nous ne sommes qu'en tout début de mandat…"
"On aurait peut-être mieux fait de se passer d'une session extraordinaire en septembre", soupire Roger Karoutchi, le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, auquel n'a pas échappé le "spleen" de la majorité.
"On ronge notre frein", admet Josselin de Rohan, le président du groupe UMP du Sénat. Le député (UMP) de Saône-et-Loire Jean-Paul Anciaux exprime sans détours le décalage entre les désirs et la réalité. "Le président et le gouvernement n'ont pas forcément pris toute la mesure du temps nécessaire à l'élaboration des textes, explique-t-il. Il ne suffit pas de claquer des doigts. Cela ne va pas aussi vite que d'aucuns l'imaginaient. Y compris le président de la République."
Les parlementaires ont encore rué dans les brancards à propos du "Grenelle de l'environnement", craignant que l'on n'en retienne que la mise en place d'une nouvelle fiscalité et des contraintes supplémentaires. Ils se sont alarmé des conséquences que pourraient avoir avant les élections municipales les suppressions de tribunaux prévues avec la réforme de la carte judiciaire.
Interrogé lors de son déplacement au Maroc, mercredi, M. Sarkozy n'a pas semblé perturbé par les états d'âme de sa majorité. La réforme des institutions? "Ce sont des sujets très lourds sur lesquels j'ai besoin de réfléchir", a indiqué le chef de l'Etat, en soulignant que "ceux qui refuseront le consensus devront s'expliquer avec les Français".
Devant des patrons français et marocains, le président est quasi prophétique : "La France aura le taux de croissance le plus haut, le taux de chômage le plus bas. J'ai été élu, je réussirai". A charge pour François Fillon de panser les plaies à Paris. "Il va falloir être courageux", a dit François Fillon aux élus de la majorité. Ils sont exaspérés.
Patrick Roger
Série de "couacs" cette semaine dans la majorité à l'Assemblée
Reuters
Reuters - Vendredi 26 octobre, 16h33
PARIS (Reuters) - La majorité UMP-Nouveau centre (NC) a connu cette semaine à l'Assemblée nationale une série de "couacs" et à plusieurs reprises la séance a du être suspendue faute d'une nombre suffisant de députés de droite dans l'hémicycle.
Alors que se poursuivait vendredi l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2008, le président de séance, le socialiste Jean-Marie Le Guen, a dû suspendre les travaux à trois reprises, la gauche étant alors majoritaire dans l'hémicycle.
Pourtant, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, avait tenté de gagner du temps en se lançant dans une longue intervention, n'hésitant pas à lire des passages d'un rapport.
"Vous n'allez pas nous lire le Bottin," lui lança le socialiste Jérôme Cahuzac tandis que plusieurs de ses collègues interrompaient l'intervention du ministre par des "ils (NDLR les élus de la majorité) ne viendront pas".
Ainsi, lors d'une suspension de séance, plusieurs députés UMP, sous le regard amusé d'élus socialistes, sont venus remercier le député socialiste de Paris pour sa mansuétude.
Le socialiste Christian Paul, un des orateurs socialistes dans ce débat, dans un rappel au règlement, a accusé les députés de l'UMP de "déserter" l'hémicycle afin de ne pas "voter les franchises médicales" prévues dans le projet de budget de la Sécurité sociale.
"Ne vous méprenez pas. S'il est vrai qu'en début de séance nous avons manqué un peu d'effectifs, c'était pour toute une série de raisons pratiques. Nous sommes déterminés à mettre en oeuvre les réformes indispensables pour préserver notre Sécurité sociale", a répondu Jean-François Copé, le président du groupe UMP, venu précipitamment en séance pour sonner le rappel de ses troupes.
Enfonçant le clou, le groupe socialiste, radical et citoyen (SRC), dans un communiqué, a exprimé sa "vive protestation contre les conditions de l'examen de ce projet de loi et sur l'avenir du système de santé".
Soulignant "l'absence des ministres" concernés et "l'absence des députés de l'UMP", le groupe y "voit une très tiède volonté d'agir sur l'un des dossiers les plus graves de la législature".
"Nous y voyons aussi un manque d'adhésion des députés UMP pour voter une nouvelle taxe sur les malades -les fameuses franchises- à quelques mois des élections municipales", affirment les députés SRC.
"Toutes ces attitudes révèlent une majorité sans projet et, au lendemain de la grève des internes, une majorité sans réponse face au désert médical qui progresse", conclut le communiqué du groupe SRC.
TEXTE NC, INSTITUTIONS
Mais ces dysfonctionnements au sein de la majorité ne sont pas les seuls de la semaine.
Déjà mercredi matin, l'examen d'une proposition de loi du groupe Nouveau centre sur le financement des partis avait été suspendu à mi-journée par le gouvernement faute, là encore, d'un nombre suffisant de députés UMP en séance, la gauche étant majoritaire.
Plusieurs députés UMP et pas seulement les "villepinistes", avaient déserté l'hémicycle, jugeant négativement ce texte. "On ne change pas les lois en fonction des circonstances", affirmait l'un d'eux.
"Il faut reconnaitre que cela fait 'magouille', 'petit arrangement entre amis'. Si la gauche avait fait cela, nous aurions vivement protesté et avec raison", déclarait un autre élu de la majorité.
L'annonce mardi du report au lendemain des municipales de l'examen par le Parlement de la réforme des institutions, a elle aussi suscité des interrogations.
En l'absence mardi matin au point de presse hebdomadaire du groupe UMP, du "patron" Jean-François Copé, les deux vice-présidents, Jean Leonetti et Bernard Deflesselles, ont affiché leur divergences.
Alors que Bernard Deflesselles annonçait que la priorité étant désormais la ratification par le Parlement du traité simplifié européen et que donc la réforme des institutions était de facto repoussé au lendemain des municipales, Jean Leonetti, visiblement gêné, affirmait que les propos de son collègue était "une expression personnelle".
Le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, confirmait jeudi, à l'issue du conseil des ministres, que la réforme des institutions était reportée au lendemain des élections des 9 et 16 mars.
Les remous suscités jusque dans leurs rangs, par l'amendement introduisant le recours aux tests ADN dans le cadre des regroupement familiaux, l'opposition plus forte que prévue des syndicats à la réforme des régimes spéciaux de retraite, contrarient le gouvernement et sa majorité.
"Nicolas Sarkozy va devoir une nouvelle fois resserrer les boulons", ironisait vendredi un élu de gauche en faisant allusion à la réunion du 3 octobre à l'Elysée où le président de la République avait sèchement "recadré" les parlementaires de la majorité victimes d'un vague à l'âme à propos de "l'ouverture" à gauche et de la réforme des institutions.
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