PARIS (AFP) - Des centaines de Chinois sont sortis samedi de leur réserve habituelle pour dénoncer "une politique d'expulsion qui tue" au cours d'une marche silencieuse à Paris à la mémoire d'une sans-papier chinoise qui avait sauté par la fenêtre le 20 septembre par peur de la police.
Marche silencieuse à Paris pour une Chinoise sans-papiers décédée
AFP
Par Par Isabelle LIGNER AFP - Samedi 6 octobre, 19h52
Depuis Bastille, des Chinois de toutes les origines - Wheng Zhou (ressortissants du sud de la Chine) et Dong Bei (nord), commerçants prospères et paysans pauvres, "réguliers" ou "sans-papiers" - se sont retrouvés dans un long cortège digne auquel se sont joints des voisins bellevillois solidaires, des Arabes et des Noirs, des représentants d'associations comme le Réseau éducations sans frontières (RESF) ou la Ligue des Droits de l'Homme.
"Elle est morte à cause des quotas", "les expulsions tuent", "elle n'est pas simplement tombée", proclamaient de sobres pancartes noires.
"Nous avons été contactés par des Chinois de tous les milieux et de toutes les origines qui voulaient agir après la mort de Chunlan Liu qui les a véritablement indignés", explique à l'AFP Richard Beraha, président de l'association Hui Ji, organisatrice de la marche.
"Les Chinois en ont marre d'être persécutés par la police, d'être raflés, de vivre dans la terreur", résume Liwen Dong, le directeur de l'association. "Cette mort doit faire réfléchir le gouvernement, cette politique d'expulsion tue et ne peut pas continuer", ajoute-t-il parlant en particulier de "familles traquées".
L'association, qui revendique une "démarche universaliste", explique savoir peu de choses sur la disparue de 51 ans, qui s'était jetée du premier étage du 41 boulevard de la Villette (Xe arrondissement) en voyant arriver la police, venue pour un tout autre motif. "C'était une femme très seule, une Dong Bei", précise M. Beraha. Une photographie de la chinoise décédée - visage doux et fin, encadré de cheveux noirs - ornait des urnes destinées à faire des dons à ses proches.
"Ce gouvernement nous traque comme des animaux", s'emporte, via un interprète, Qin, une femme de 41 ans arrivée clandestinement il y a quelques mois du Dong Bei. "Nous ne voulons que travailler, nous ne demandons rien, ne peut-on pas nous laisser en paix ?"
Au fil du parcours, des habitants de Belleville - quartier d'immigration detoutes origines - sont venus grossir les rangs de la marche constituée de 600 personnes selon la police - plus de 1.000 selon les organisateurs, croisant au passage deux couples de mariés chinois dans une traditionnelle limousine blanche. "Venez, venez, tout le monde est concerné, Chinois, Arabes, Français", criait le long d'une rue du Temple bondée Ali Latif, un Marocain de 38 ans.
Arrivés sur les lieux du drame, des bougies ont été allumées. Gao, petit Chinois de 8 ans, né en France de parents sans papiers, fond en larmes. "J'ai peur", sanglote-t-il, "que la police prenne ma famille".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire