Interview.
Combien d'enfants migrants seuls tentent de passer en Grande-Bretagne autour de Calais?
A Sangatte, en 2002, à la fermeture du centre, il y avait 210 mineurs. Ils étaient 627 l'an dernier, et on en a compté déjà environ 2000, alors que l'année n'est pas terminée.
Comment pouvez-vous les compter?
Quand un mineur est arrêté par la police, la justice nous le confie. Nous lui offrons le gîte et l'éducation, ma responsabilité personnelle est engagée. Parfois, ce sont des jeunes majeurs. Les policiers eux mêmes qui les déclarent comme mineurs quand ils n'ont plus de place en centre de rétention. Mais leur but reste de passer en Grande-Bretagne. Au bout de deux jours, ils sont requinqués, le troisième jour, ils se sauvent. Quand ils sont repris, ils reviennent. On les connaît assez pour ne pas les recompter deux fois. Sur 2000, cinquante restent en France, dix par an passent le bac.
Que demandez-vous à l'Etat?
De prendre en charge l'urgence, par un dispositif d'accueil de ces jeunes. Car tout ce travail perturbe nos centres, et coûte cher. Le Conseil général dépense pour tout cela 5 millions d'euros par an. Dans la région parisienne, c'est l'Etat qui prend cela en charge. Pourquoi deux poids, deux mesures? Le problème, c'est que Nicolas Sarkozy a décidé qu'il n'y a plus de problème à Sangatte. (C'est d'ailleurs vrai dans la forme. Il n'y a plus personne dans le village de Sangatte même, puisque le centre a disparu il y a cinq ans. Le phénomène est dispersé entre Calais, Dunkerque, et sur tout le littoral qui fait face à l'Angleterre, ndlr). S'il devait ouvrir un centre pour les mineurs, ce serait admettre son échec.
Recueilli par H.S.
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