LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 06.11.07 | 12h19 • Mis à jour le 06.11.07 | 20h12
Alors que les autorités françaises se contentaient jusqu'à présent de demander un jugement en France des personnes inculpées au Tchad, dans le cadre de l'affaire de L'Arche de Zoé, Nicolas Sarkozy a franchi un palier supplémentaire, mardi 6 novembre, en annonçant haut et fort son intention d'aller "chercher tous ceux qui restent, quoi qu'ils aient fait", ajoutant que"le rôle du chef de l'Etat est de prendre en charge tous les Français".
Ces propos ont provoqué un tollé au Tchad. Le président Idriss Déby Itno lui a répondu que la justice se ferait "au Tchad" estimant qu'il n'était "pas question pour le moment" d'extrader les six Français. Cette extradition a d'ailleurs été jugée "impossible" par l'avocat de l'Etat tchadien, au regard de la convention de 1976 qui lie les deux pays. "Un des articles de la convention, l'article 49-C, indique que 'l'extradition est refusée quand une infraction est commise en tout ou en partie sur le territoire de l'Etat requis', en l'espèce le Tchad ", a expliqué Me Philippe Housseini, à la presse, lors d'une "mise au point" après les déclarations du président français."Par conséquent nous renvoyons les autorités françaises à une bonne lecture de l'article 49", a-t-il conclu.
"QU'ILS GOÛTENT À NOS PRISONS"
"Ce n'est pas le président Sarkozy qui décidera", avait un peu plus tôt rétorqué le ministre de la justice tchadien, Albert Pahimi Padacké, en jugeant la déclaration du président français "inopportune". "Elle semble reléguer à l'arrière-plan le judiciaire. Si cela est possible en France, malheureusement cela n'est pas possible au Tchad. C'est les juges qui décident ici, ce n'est pas le président Nicolas Sarkozy qui décidera ce que fera la justice tchadienne", a-t-il poursuivi.
Ces déclarations viennent renforcer celles du ministre de l'intérieur tchadien qui n'a pas hésité à lancer à propos des "bandits" de L'Arche de Zoé : "Qu'ils goûtent à nos prisons !". Dès lors que "les faits ont été commis au Tchad, (...) ils doivent aussi purger leur peine dans le pays", a expliqué Ahmat Mahamat Bachir dans Le Parisien. "Nous avons une justice compétente, et un procès en France constituerait une insulte pour le peuple tchadien. (...) Quand nos délinquants se font arrêter chez vous, ils ne sont pas amenés ici", insiste M. Bachir, avant de conclure : "Et une fois qu'ils auront purgé leur peine, nous les expulserons du pays une bonne fois pour toutes."
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