La grogne monte dans les universités contre la loi sur l'autonomie
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 06.11.07 | 19h02 • Mis à jour le 06.11.07 | 20h24
Alors que plusieurs universités étaient déjà bloquées, mardi 6 novembre, par des étudiants opposés à la loi sur l'autonomie des universités, le mouvement devrait s'amplifier mercredi, la grève ayant été votée, en assemblée générale, dans plusieurs facultés. Si la faculté de lettres, de psychologie et de sociologie de Rouen, la faculté de lettres de Tours, l'université du Mirail à Toulouse ou le site de Tolbiac à Paris étaient bloqués dès mardi matin, le blocage a été voté à Lille-III et Rennes-II pour mercredi, la mise en place de "barrages filtrants" étant préférée à Perpignan, Rennes-I et Aix-Marseille-I. Les étudiants de la Sorbonne ont commencé à occuper le principal amphithéâtre de l'université mardi soir.
En cause, la loi sur l'autonomie des universités. Cette loi, votée le 11 août, prévoit notamment que dans un délai de cinq ans toutes les universités accèdent à l'autonomie dans les domaines budgétaire et de gestion de leurs ressources humaines, et puissent, à leur demande, devenir propriétaires de leurs biens immobiliers.
"RISQUES DE PRIVATISATION"
Si la plupart des grévistes dénoncent les "risques de privatisation" que contient, selon eux, cette loi, les revendications divergent cependant selon les syndicats. Le Collectif contre l'autonomie des universités (CCAU), à l'origine de la tenue de nombreuses assemblées générales depuis la rentrée, revendique l'abrogation pure et simple de cette loi. Composé de SUD-Etudiant, de la Fédération syndicale étudiante (FSE), d'un groupe minoritaire de l'UNEF, des Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR) et de l'Union des étudiants communistes (UEC), il estime que la loi sur l'autonomie des universités risque de favoriser la pression des entreprises privées sur les universités, de réduire la démocratie universitaire ou encore de "casser le statut de fonctionnaire des enseignants-chercheurs".
A l'UNEF (Union nationale des étudiants de France), on est par contre plus modéré. "On ne veut pas faire une mobilisation exclusivement sur l'abrogation car c'est un objectif qui ne nous semble pas atteignable", a déclaré son président Bruno Julliard, qui souhaite "élargir" les revendications aux "questions sociales et budgétaires". Il a ainsi dénoncé un "budget 2008 en trompe l'œil". "Si on ajoute les crédits d'impôts – qui ne sont pas des euros supplémentaires –, les retards de paiement des enseignants-chercheurs et des contrats de plan, il ne reste pas grand- chose", a-t-il détaillé. "Ce qui est dangereux, c'est l'autonomie accrue des universités sans moyens supplémentaires, c'est la conjugaison des deux éléments qui est en rupture avec les promesses." "Nous pouvons avoir quelques divergences avec les AG sur cette question de l'abrogation, mais on n'en fait pas un point de rupture, plus le temps passe, plus nous allons devenir moteur de ce mouvement, ce que Valérie Pécresse aurait pu éviter", a assuré le responsable étudiant. Il a estimé que le gouvernement poussait "à la radicalisation et à descendre dans la rue, en refusant de concéder quoi que ce soit sur le fond et d'ouvrir de réelles négociations".
MANIFESTATIONS PRÉVUES JEUDI
Mardi, sur France Info, la ministre de l'enseignement supérieur a jugé que ces mouvements n'étaient "pas justifiés", réclamant "un peu de patience" en attendant que la réforme "porte ses fruits". "C'est un investissement, a assuré Valérie Pécresse, car on va mettre 5 milliards d'euros en cinq ans dans l'université." Elle a estimé "paradoxal qu'au moment où l'Etat se réengage, au moment où l'Etat décide d'accompagner les universités pour qu'elles soient plus puissantes, plus fortes, pour qu'elles assurent une meilleure insertion professionnelle des étudiants (...), qu'à ce moment-là, il y ait un mécontentement".
Des manifestations sont d'ores et déjà prévues jeudi dans plusieurs villes, notamment Paris et Rouen.
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