AFP/STEPHANE DE SAKUTIN
L'immeuble dans lequel Jean-Paul Bolufer loue un appartement de 190 m2 pour un peu moins de 1200 euros par mois, quatre à cinq fois en-dessous du prix du marché. La Régie de la Ville gère 300 appartements de "très haut standing"
LE MONDE | 24.12.07 | 14h14
Jean-paul Bolufer, l'ancien directeur de cabinet de Christine Boutin, ministre du logement et de la ville, n'est pas la seule personnalité du monde politique à bénéficier d'un logement à loyer très bas dans le "domaine privé" géré par la Ville de Paris.
Dans Le Parisien du 22 décembre, Jean-Pierre Chevènement s'est vu invité à quitter son "logement social" par Jean-Yves Mano, adjoint (PS) au logement de Bertrand Delanoë.
L'ancien ministre de l'intérieur de Lionel Jospin dénonce des "polémiques de caniveau" en lien, selon lui, avec les litiges entre le PS et le MRC à l'occasion des élections municipales à Paris. M. Chevènement estime être dans une "situation parfaitement légale".
Ces deux cas particuliers ne sont que des exemples parmi d'autres. La Ville gère un peu plus d'un millier de logements susceptibles d'abriter des locataires qui payent des loyers très inférieurs aux prix du marché, alors que leurs revenus leur permettraient de vivre dans le parc privé.
FAIRE LE MÉNAGE
A elle seule, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) gère "entre 250 et 300 logements à très haut standing", estime Pierre Castagnou, président de cette société d'économie mixte (SEM) de la Ville, maire (PS) du 14e arrondissement. Grâce à l'opacité du mode d'attribution de ses logements et à la proximité entre ses dirigeants et le pouvoir municipal jusqu'en 2001, la RIVP a pu loger par le passé bon nombre d'élus, parlementaires ou ministres, sans conditions de ressources.
Depuis 2001, la Ville a imposé la transparence, en exigeant la création d'une commission d'attribution. Mais elle n'est devenue majoritaire au sein de la RIVP qu'en octobre 2006, après d'âpres négociations avec les partenaires privés dans le capital de la SEM. Même si elle prétend aujourd'hui vouloir "faire le ménage" et venir à bout "des privilèges", ses moyens sont limités.
Elle peut réévaluer les loyers à chaque renouvellement de bail. Celui de M. Bolufer arrive à échéance en octobre 2008. Il sera donc augmenté. "On part de si bas qu'il sera impossible avant longtemps d'aligner son montant sur le prix du marché", reconnaît toutefois M. Castagnou.
Pour vendre ou conventionner ces appartements en logements sociaux, il faut par ailleurs qu'ils se libèrent. Or, la Ville n'a pas le pouvoir de mettre dehors ses locataires, sauf à démontrer qu'ils sous-louent leur appartement.
Outre le patrimoine de la RIVP, la Ville est propriétaire d'un patrimoine privé de très bonne qualité, principalement situé dans les beaux quartiers du centre de Paris : en 2001, il comptait quelque 1300 logements.
La nouvelle majorité a entrepris de récupérer "systématiquement" les immeubles de ce parc à expiration du bail. Elle en a ainsi transformé 408 en logements sociaux et vendu 338. Les quelque 570 dont le bail est en cours sont occupés par des personnalités logées avant 2001.
Béatrice Jérôme et Isabelle Rey-Lefebvre
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