29/12/2007

Mesnil Amelot: nouvelles

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La rébellion brisée au centre de rétention du Mesnil-Amelot
Derrière les grilles du centre de rétention du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, en juin 2007. Photo AFP
La grève de la faim entamée jeudi par une centaine de sans-papiers s'essouffle, après que les meneurs ont été envoyés dans d'autres centres. Il y a une semaine, ils avaient rédigé un cahier de doléances, réclamant d'être traités «comme des êtres humains».
Mourad Guichard (à Orléans)
LIBERATION.FR : vendredi 28 décembre 2007

Le centre de rétention du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) vit au rythme d’une activité anormalement intense. Plus d’une centaine de sans-papiers y ont été amenés courant décembre. La plupart appréhendée dans les transports en commun ou au volant de leur véhicule à l’occasion d’un barrage routier. La raison de l’effervescence : l’approche de la date fatidique du 31 décembre. «Il veulent à tout prix arriver à leur objectif de 25000 reconduites à la frontière», dénonce Abou Ndianor.

Ce professeur de mathématiques d’origine sénégalaise, vivant et travaillant depuis 2001 à Orléans (Loiret) pour une société de soutien scolaire, a eu le tort de se rendre au commissariat suite à une convocation, pour un «rééxamen de sa demande de régularisation». «Quand je suis arrivé à l’hôtel de police, j’ai vite compris qu’il s’agissait d’un piège. J’ai été naïf de ne pas douter de leur honnêteté.»


Après avoir compris l’enjeu politique de cette arrestation de masse, Abou Ndianor et ses camarades d’infortunes dressent, dans le centre, un premier cahier de doléances. «Nous ne voulons pas de ces arrestations au faciès», insiste le Sénégalais. «Nous demandons simplement à être traité comme des êtres humains, pas comme des chiffres.» Face au statu quo, la quasi-totalité sans-papiers décident d’entamer une grève de la faim illimitée. Elle débute jeudi 27 décembre au matin. Le soir même, Abou Ndianor et quelques «meneurs» sont transférés vers d’autres centres de rétention. Il atterrit à Vincennes (Val-de-Marne).

Joint par téléphone, il témoigne de son amertume : «Ils ont voulu casser le mouvement. Et pourtant, nous ne demandions que le respect humain.» Samedi, Abou doit être vu par un juge parisien pour obtenir une possible libération. Au Mesnil-Amelot, la répression a porté ses fruits. Seule une vingtaine de grévistes de la faim poursuivait le mouvement vendredi après-midi.

A Orléans, la consternation et l’incompréhension dominent. Sarah Acelor, gérante de 2amath, la société de soutien scolaire qui emploie Abou Ndianor, ne comprend pas : «Le lundi suivant son arrestation, il devait suivre une formation pour accéder à un poste d’encadrement. Ici, tout le monde, parents, enseignants et élèves reconnaissent sa gentillesse et sa compétence.» Sarah Acelor, qui dit «ne pas avoir été au courant de sa situation», apporte son soutien «total et entier» à Abou. «Je crois qu’il ne nous a rien dit pour nous protéger.»

En réaction à ces événements du Mesnil-Amelot, le Réseau éducation sans frontière a décidé d’un appel aux organisations humanitaires samedi 29 décembre à 10 heures, devant son antenne parisienne du 8 impasse Crozatier.



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