Pour Nicolas Sarkozy, "la presse française est globalement de gauche" et il faut se réjouir que "des industriels investissent dans la presse".
Les deux affirmations se contredisent? Peu importe pour le chef de l'Etat. Lisez cette interview donnée au Nouvel Observateur pour vous en rendre compte.
Des propos jugés "inacceptables" par le Forum des sociétés de journalistes. Surtout, Nicolas Sarkozy refuse de répondre sur ses liens avec les industriels patrons de presse...
Pour Nicolas Sarkozy, "la presse française est globalement de gauche" et il faut se réjouir que "des industriels investissent dans la presse".
Les deux affirmations se contredisent? Peu importe pour le chef de l'Etat. Lisez cette interview donnée au Nouvel Observateur pour vous en rendre compte.
Des propos jugés "inacceptables" par le Forum des sociétés de journalistes. Surtout, Nicolas Sarkozy refuse de répondre sur ses liens avec les industriels patrons de presse...
Il estime que "la presse est globalement de gauche". Ca devrait le réjouir, lui l'homme de l'ouverture. Au contraire, ça l'agace. Pourquoi donc?
Quelques remarques sur ces propos du chef de l'Etat...
1. Nicolas Sarkozy ne répond pas à la question. On lui demande s'il est intervenu auprès de certains médias et il répond sur l'indépendance de la presse en général.
2. "La presse est globalement de gauche". Plutôt que de répondre, Nicolas Sarkozy lance une affirmation outrancière dans la forme et erronée sur le fond. Outrancière car il dit "la presse", comme s'il n'y avait qu'une presse et non des groupes de presse. Erronée car, comme il le dit lui-même juste après, les grand groupes de médias français sont la propriété d'industriels: Bouygues, Dassault, Lagardère, Bolloré, Arnault, Pinault. Ces hommes de droite ont tous des idées bien arrêtées sur l'"indépendance" de leur presse. Cela ne signifie pas que la presse soit "globalement de droite": évitons de parler de façon trop schématique. Les choses sont plus subtiles que cela.
3. Pour Sarkozy, il n'y a que deux choix possibles. "Réjouissez-vous que des industriels investissent dans la presse plutôt qu'elle appartienne à des fonds de pension anglo-saxons !"
C'est un trait typique de l'argumentation de Nicolas Sarkozy. C'est soit ça , soit ça. Soit la presse appartient à des industriels français, soit elle appartient à des fonds de pension américains. Avec lui, on est toujours confronté à des choix impossibles. Et au final, quand on l'entend parler, on n'a pas d'autre solution que d'être d'accord avec lui. Bref, pour Nicolas Sarkozy, une presse ne peut pas être libre. Elle ne peut pas appartenir à des groupes de médias, tout simplement.
4. Le président avocat des grands patrons. Est-il normal que le président de la République se fasse l'avocat de cinq personnes, très respectables, mais dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec ceux du pays? Si les Français ont élu Nicolas Sarkozy, c'est pour qu'il défende les intérêts du pays, pas ceux des marchands d'armes, de luxe ou de maçonnerie.
Rappelons que les industriels qui possèdent les groupes de médias bénéficient de fonds publics. C'est avec vos impôts que le Figaro propage des "idées saines" avant de servir à emballer le poisson.
5. Le ton du discours. Les points d'exclamation et d'interrogation, les expressions outrancières ou familières: "hypocrisie française", "exploser de rire", "vous pouvez dormir tranquilles". Cela traduit l'état d'énervement du président de la République. Visiblement, il n'aime pas qu'on évoque sa proximité avec les patrons de presse. Pourtant, quand il annonce aux médias le nom du futur patron des Echos il trouve ça très naturel. Le ton de Nicolas Sarkozy n'est pas celui auquel nous ont habitués les président de la République. Un président, ça parle calmement, et surtout, ça n'est pas partisan.
Nicolas Sarkozy affirme "la presse est globalement de gauche". Ca devrait le ravir, puisqu'il prône l'ouverture. Or ça semble le désoler. Qu'en conclure?
6. Des journalistes molassons. Le journaliste du nouvel Observateur ne le relance pas. Il aurait pu poser une deuxième question plus précise, sur les Echos, Paris Match ou sur une journaliste du Point qui a rejoint l'Elysée, etc. Les sujets ne manquent pas. Mais, en France, il faut déjà s'estimer heureux quand un journaliste pose une question très vague au chef de l'Etat...
7. Sarkozy et Le Monde. Nicolas Sarkozy évoque l'éditorial du Monde appelant à voter pour Ségolène Royal. Pourquoi ne dit-il pas que le patron du Monde, Alain Minc, a appelé à voter pour lui? Pourquoi ne parle-t-il pas des nombreux articles écrits par ce même journal les mois précédant son élection? Sans doute parce qu'ils ne lui étaient pas trop défavorables. Surtout, ils avaient l'avantage, pour lui, d'être calqués exactement sur son agenda. Quand Sarkozy parlait d'identité nationale, c'était en Une du Monde. Quand un autre homme politique essayait d'imposer un autre thème, c'était presque impossible...
8. L'Obs. Sarkozy dit "D'ailleurs le Nouvel Observateur m'a réservé des unes particulièrement "sympathiques", non ?" Le journaliste de l'Obs aurait pu répondre: "Non".
9. Vision partisane. Le plus étonnant, de la part d'un homme d'"ouverture", est d'avoir une vision aussi partisane des choses. D'un côté la presse "globalement gauche". De l'autre la droite et les industriels. Normal pour le président de l'UMP, pas pour celui de la République. Cette vision partisane a été dénoncée par Jean-Michel Dumay, président du Forum des sociétés de journalistes.
10. Les noms des industriels. Bouygue est cité à part. "Un de mes meilleurs amis". Dassault est cité avant Lagardère, qui se disait pourtant "le frère" de Sarkozy. Pinault, le chiraquien, est cité en dernier, normal. Et Bolloré, il ne possède pas de journaux? Le président a oublié de le citer. Ils ne sont plus copains?
source:http://crisedanslesmedias.hautetfort.com/
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