04/12/2007

Restos du coeur: «On voit de plus en plus de salariés pauvres et de retraités»

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«Je suis attristé de voir la pauvreté augmenter sans cesse dans ce pays depuis la création de l’association, il y a 22 ans. C’est un résultat calamiteux pour la France» commente Olivier Berthe, président des Restos du coeur, à l’occasion de la réouverture des centres de distribution de colis alimentaires.

Au centre de la Villette, ce lundi matin, une petite foule attend devant les Algeco qui abritent le Resto. D’un côté, le centre de distibution de colis pour ceux qui ont un toit et qui peuvent cuisiner les denrées; de l’autre la partie cantine, ouverte presque toute l’année et où les bénévoles servent des repas chauds.Il y a là Pascal, 37 ans. Il vit dans la rue depuis 5 ans, alternant hôtels, refuges et quais du métro (station Sentier où il se réjouit que la RATP le laisse y dormir de temps en temps). Déménageur interimaire, il alterne les missions de courtes durée et des périodes «plus vides» pendant lesquelles il touche les Assedics. Célibataire et sans enfants, il n’est pas considéré comme prioritaire pour un logement social.Un peu plus loin dans la queue, Ali et Amar, 68 et 75 ans, deux Algériens, anciens combattants pour la France.

Avec leur petite retraire et quelques aides sociales, ils se sont fait expulser de leurs logements et vivent dans la rue depuis maintenant deux ans.Les bénévoles sont présents au rendez-vous eux aussi. Certains depuis de nombreuses années. Comme André, 79 ans, bénévole depuis 21 ans. Touché par les appels de Coluche à la télévision, il a pris le chemin des Restos: «Ca me donne du baume au coeur et ce me fait tenir». Il explique être entré dans l’association un «peu par égoisme». A 58 ans, se retrouvant à la retraite il avait peur de ne plus avoir d’activité. Il remarque que depuis 4 ans il y a une grosse augmentation de la fréquentation des Restos, notamment des étrangers dans des situations difficiles.

«On voit de plus en plus de salariés pauvres et de retraités, des gens qui travaillent mais qui ne gagnent pas assez ou qui ont une petite retraite et ne peuvent plus assumer leurs charges locatives», confirme Raimonde Fernandez, responsable du centre de la Villette (et bénévole depuis 12 ans). «Il y a également de plus en plus de gens surendettés avec beaucoup de crédits à la consomation, poursuit-elle. Mais on trouve de tous les âges, et aussi des gens dont on a vu les enfants grandir. Et puis des étrangers à qui on a donné l’autorisation de rester sur le territoire mais pas de travailler». A une période ou les questions de pouvoir d’achat sont de toutes les discussions, elle explique qu’«avec l’augmentation du cout de la vie et notamment de l’alimentaire, de plus en plus de gens ne peuvent plus se nourrir correctement». Elle est fière de présenter l’innovation de cette année: un «atelier de cuisine» qui aura lieu tous les 15 jours pour apprendre aux bénéficiaires des colis-repas à cuisiner des plats avec ce qui est distribué.

Maxime Le Forestier, enfoiré depuis plus de 10 ans et venu en ami et soutien, partage le constat. «Tous les ans on est là et tous les ans ca augmente, preuve que les mesures prises, sans vouloir faire de politique, ne sont sûrement pas les bonnes», lance Maxime Le Forestier. «Tous les ans on voit des hommes politiques se déplacer et tenir le même genre de discours, mais ce que je vois c’est que tous les ans ca augmente».De fait, des politiques sont là. Christine Boutin, la ministre du Logement et de la Ville. Et Martin Hirsh, ex-président d'Emmaüs et Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté.

«Ce pays a les moyens d’avoir moins de pauvres», affirme-t-il. L’année dernière 700 000 personnes ont été accueillies dans les Restos du coeurs. Les 51.000 bénévoles risquent bien d'en voir encore plus cette année dans les 1900 centres répartis dans toute la France.

source:libération.fr



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