En 1938 déjà le gouvernement annonçait qu'il allait remettre « la France au travail ».
Vu sur INDYMEDIA
Apprendre pour comprendre : après la tempête, le beau temps ! D'où la nécessité de ne pas sombrer dans le sentiment d'impuissance pour lutter idéologiquement et pratiquement contre l'idéologie capitaliste dominante du gouvernement des multinationales. Juin 1937, le gouvernement dirigé par Léon Blum tombe, le patronat exulte.
Revenus aux affaires, la réaction et les Maîtres des Forges se mettent à l'ouvrage. Les mêmes hommes qui interneront les réfugiés espagnols républicains fuyant le franquisme et qui voteront les pleins pouvoirs à Pétain entendent bien « sonner la fin de la récréation », une formule reprise par E.A. Seillière en 2002.
La volonté d'en découdre avec le monde ouvrier - à travers sa représentation syndicale - est illustrée par la concentration du tir sur le thème des « 40 heures » (étrange parallèle)
S'ajoutent, à la critique technique des effets néfastes de la loi, des reproches culpabilisateurs sur la paresse, la facilité, les loisirs, la semaine des deux dimanches, sans jamais mettre en cause les responsabilités éventuelles du patronat et l'inadaptation des structures aux nouveaux besoins de la production, c'est toucher au domaine ultra-sensible du symbolique et de l'affectif.
Le 21 août 1938, le radical-socialiste Edouard Daladier, nouveau président du Conseil, déclare : « Il faut remettre la France au travail » C'est mot pour mot la même formule dont le Medef et l'UMP useront et abuseront à partir de 2002 pour lancer leur train de mesures en faveur du patronat.
Le gouvernement Raffarin a supprimé un jour férié qui a permis aux entreprises d'accroître les heures supplémentaires imposées à la main d'œuvre, en compensation des « 35 heures »
Le gouvernement de 1938 avait agit de même, avec une série de décrets-lois qui reviennent sur la semaine de 40 heures et suppriment le samedi chômé et met ainsi fin à « la semaine des deux dimanches » (étrange parallèle).
En préfiguration des vols groupés de Sarkozy, on assortit la casse sociale d'une répression aggravée à l'égard des étrangers.
Le 14 avril 1938, le ministre de l'Intérieur, le radical-socialiste Albert Sarrault, demande à ses préfets : « une action méthodique, énergique et prompte en vue de débarrasser notre pays des éléments indésirables trop nombreux qui y circulent et y agissent au mépris des lois et des règlements ou qui interviennent de façon inadmissible dans des querelles ou des conflits politiques ou sociaux qui ne regardent que nous » (étrange parallèle)
Deux semaines plus tard tombe un décret gouvernemental stipulant que « le nombre sans cesse croissant d'étrangers résidant en France impose au gouvernement, investi du pouvoir législatif dans un domaine nettement défini, d'édicter certaines mesures que commande impérieusement le souci de la sécurité nationale, de l'économie générale du pays et de la protection de l'ordre public »
L'expression « tolérance zéro » n'était pas encore employée, mais elle macérait pour devenir terrible quelques années plus tard contre la Résistance.
Hier comme aujourd'hui, on tape sur les immigrés pour faire oublier à « nos » ouvriers les coups qu'eux-mêmes reçoivent. Depuis 1938, production et productivité n'ont cessé de croître.
Le 14 janvier 2003, sa baronnie Ernest-Antoine Seillière se plaignait cependant auprès de son majordome (Raffarin) : « Vous avez, Monsieur le Premier ministre, sifflé ces derniers mois la fin de la récréation, mais vous n'avez pas encore convaincu la France qu'elle devait se remettre au travail » Message reçu cinq sur cinq. Le ministre du Budget, Alain Lambert, clame son désir de « restaurer la primauté du travail » et de « restituer aux Français les fruits de leurs efforts » : termes réemployés lors de la campagne présidentielle de 2007, par Nicolas Sarkozy mais aussi par Jean-Marie Le Pen.
Pour corser l'injonction, le registre militaire de Seillière s'impose jusque dans les médias : « Ce n'est qu'ainsi qu'ils seront mobilisés pour donner le meilleur d'eux-mêmes à leur pays » (La Montagne, 26/09/03).
L'offensive idéologique venait de commencer, même si François Fillon avait déclaré le 17 novembre 2002 suite à une question d'un journaliste de RTL « la pire année pour la France a été 1936 ». Cette offensive n'a pas d'autre objet que d'éradiquer toute tentative de renverser le rapport de force et d'ailleurs, peu de réactions syndicales et politiques à cette déclaration de guerre. Le rappel à l'ordre continu, le ton magistral de la réprimande et la mise à l'index des chômeurs « en situation d'assistance » (Fillon encore) accompagnent cette mise au pas.
Déjà le 26 août 2003, le député UMP et marchand d'armes multimillionnaire Serge Dassault s'indignait : « On ne peut pas tous travailler le même nombre d'heures, gagner le même salaire, partir à la retraite au même âge. Il faut laisser ceux qui réussissent s'enrichir, arrêter de croire que le salut viendra en faisant payer les riches, car il n'y a pas assez de riches et ceux qui restent vont partir, et surtout, il faut remettre la France au travail » (Le Figaro, 26.08.2003).
Le 12 janvier 2004, Davy de Virville, membre imminent du Medef, remet son rapport sur la refonte du Code du Travail, commandé par le Ministre du Travail, François Fillon, à Jean-Pierre Raffarin.
A tout ceci, il faut ajouter, le « il faut en finir avec 68 » de Nicolas Sarkozy et la déclaration de guerre sur la fin des acquis issus du CNR de 1945 de Denis Kessler, tout ceci démontre que la guerre de classes et belle et bien d'actualité.
Et de l'analyse réactionnaire de Nicolas Baverez pour conclure cette déclaration de la réalité de la guerre ouverte contre les travailleurs : « Le temps libre, c'est le versant catastrophe sociale. Car autant il est apprécié pour aller dans le Lubéron, autant pour les couches les plus modestes, le temps libre, c'est l'alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par des études » (07/10/06)
La droite tenait le même discours en 1938. Deux ans après, c'était Vichy, et 7 ans plus tard on comptait plus de 50 000 000 de morts...connus…mais le CNR avait vaincu…
Eric
le lundi 7 janvier 2008 à 01h38
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire