« Une réforme du contrat de travail ? Vraiment ? Ah bon ! C’est bien, ça… »
Antoine Schwartz
Publié le mercredi 23 janvier 2008
ACRIMED
Des J.T. en service minimum
TF1, Mercredi 9 janvier, 13h : Jean-Pierre Pernaut débute comme chaque jour son journal télévisé par « les prévisions météo d’Evelyne Dhéliat ». Cette dernière annonce surtout de la pluie : « tout cela est un peu tristounet » constate Pernaut, qui « pour nous donner le moral », enchaîne avec un premier sujet (émouvant) sur le mimosa « enfin arrivé » pour nous dévoiler son parfum subtil. Au sommaire, rien à propos des discussions sur les partenaires sociaux, mais des reportages passionnants sur les soldes par internet, avec des conseils et tout et tout (« les règles élémentaires pour réussir ses soldes »). Bon, peut-être que ce n’est pas encore d’actualité.
Le lendemain, jeudi 10 janvier, le 13h présenté par Jacques Legros s’ouvre sur un reportage tout aussi bouleversant : « A moins d’une année de la mise en circulation des nouvelles plaques d’immatriculation, le département 62 rechigne à voir disparaître leur numéro de plaque » explique-t-on. Au 20h le soir même, toujours rien.
« Beaucoup de vent et de pluie » au 13h du vendredi 11 janvier. Au 20h l’évènement ne fait toujours pas partie des titres de l’actualité annoncés par Claire Chazal. Et pourtant soudain (ô miracle !) elle évoque le sujet : « En France, les négociations entre le patronat et les syndicats sur la modernisation du marché du travail ont repris aujourd’hui et se sont achevées enfin ce soir. » Un reportage leur est consacré ; mais comme il ne dure qu’une minute trente, il vaut mieux être bien concentré : « un peu plus de flexibilité pour les entreprises », « un peu plus de sécurité pour les salariés », explique le journaliste. De ce qu’y on comprend, c’est-à-dire pas forcément grand-chose, ça a l’air doux, comme le mimosa de Jean-Pierre Pernaut. Certes, la CGT a refusé de signer l’accord, mais comme aucun syndicaliste n’est interviewé, bien malin celui qui devinera les raisons de ce refus. Les jours suivants, on n’en saura guère plus par TF1. Pour les détails, repassez plus tard. La météo, elle, n’est pas oubliée. Et le lundi suivant, « JP » Pernaut n’a pas perdu son sourire : « cette année la neige est bel et bien au rendez-vous en montagne. » explique le présentateur en ouverture. Il fera beau demain. On en est ravis. Météo partout, info nulle part !
Sur France 2, ces jours-là, la priorité est donnée à la libération des otages en Colombie. Pour le reste, entre les faits divers, la Sarkozymania, les journaux télévisés trouvent tout aussi difficilement le temps d’évoquer les négociations sur la réforme du marché du travail. Au 13h, Elise Lucet aborde finalement la question le vendredi 11. Placée en 6e position dans le JT, 1 minute 30 lui est consacrée. Amplement suffisant, non ?
D’autant que la veille le 20 h présenté par David Pujadas y avait déjà consacré un long reportage (2 minute 30 !) et même une (très courte ) interview en plateau avec la journaliste chargée du dossier. Avec des formats si « brefs », on s’étonne qu’une synthèse de qualité soit parfois possible. « C’est une profonde rénovation, qui devrait changer bien des habitudes dans les entreprises », annonçait pourtant Pujadas. Le reportage évoquait ensuite les grands points de l’accord avec de brèves illustrations. Sur l’allongement de la période d’essai, des employées en restauration rapide confient leur scepticisme (« je la vivrais mal » confie l’une, tandis que l’autre parle de « pression » des employeurs, « c’est psychologique ») ; cependant « pour la patronne, précise la journaliste, c’est la solution pour ne plus avoir peur d’embaucher ». La possibilité d’une rupture de contrat à l’amiable réjouit un chef d’entreprise : « plus [la procédure de licenciement] sera simple, mieux ça sera pour l’activité. ». A propos du contrat de mission, c’est (enfin !) un syndicaliste qui a le droit à la parole. « C’est la mort du contrat à durée indéterminée en France » lâche ce dernier. Une déclaration forte… mais il n’a pas le temps de s’en expliquer. Le samedi suivant, le JT de 20h consacrera de nouveau 1 minute 30 à l’issue des négociations. La semaine suivante la rédaction ne reviendra pas dessus.
Sur le fond, ces quelques reportages de TF1 et France 2 n’avaient rien de particulièrement malhonnêtes. Si mensonge il y avait, c’était surtout par omission. Imputable à la désinvolture ou à la conception même des J.T. , parlant de tout, un peu, dans des formes courtes ? L’un des reportages avait pourtant livré une information utile et éclairante : « la réforme du contrat de travail, c’est 18 millions de salariés concernés ». Oui, en effet. Mais cette information ne semble pas avoir éclairé les responsables des rédactions. Sinon, comment expliquer que cette « profonde rénovation » qui concerne des millions de français reçoive aussi peu d’attention ? Etait-il donc impossible d’envisager une série d’enquêtes auprès de salariés, de syndicalistes et de patrons sur ce sujet plutôt que sur celui des soldes ? Les journalistes sortiraient de leur rôle en expliquant d’avantage le contenu et les enjeux des négociations ?
On ne peut s’empêcher de se demander quelle image les rédacteurs en chef de JT se font de leurs spectateurs. Celui de citoyens seulement intéressés par les faits divers, la météo des plages et les aventures sentimentales de Nicolas Sarkozy ? En tout cas, il est certain que les directeurs de la rédaction de ces journaux télévisés s’intéressent peu aux questions sociales – pour ne pas dire qu’ils s’en fichent éperdument. Le « social », pour eux, se situe d’ailleurs au plus bas la hiérarchie de l’information. De fait, le monde du travail est quasiment invisible à la télévision ; les réalités quotidiennes de l’entreprise sont rarement abordées autrement que du point de vue des chefs d’entreprise ; seuls les évènements spectaculaires (grèves, délocalisations brutales…) retiennent l’attention des médias sur les difficultés que traversent des millions de salariés, notamment des milieux populaires [1]. Quant aux émissions de débat, c’est simple : les experts en « réformes » sont partout, mais les syndicalistes quasiment nulle part !
Ainsi, à se contenter des informations proposées par les JT, on pourrait se dire que le projet a plutôt l’air d’une bonne chose, à la fois pour les entrepreneurs et pour les salariés – « gagnant-gagnant », comme on doit dire désormais. Ce point de vue fait-il vraiment l’unanimité ? On a déjà signalé que la CGT avait refusé de signer l’accord. Mais pourquoi ? Les porte-parole de ce syndicat ont peu l’occasion et le temps de l’expliquer ! Les rédactions ne se sont pas beaucoup attardées sur le communiqué de plusieurs organisations – dont Agir contre le chômage, APEIS, Union Syndicale Solidaires et d’autres – dénonçant « des propositions patronales inadmissibles pour les salariés, avec ou sans emploi. » [2]. D’autres acteurs du débat public ont également proposé une lecture critique de l’accord. Ils étaient inaudibles [3]. Jamais les téléspectateurs n’ont eu la possibilité d’entendre ce genre de point de vue plus « critique ».
Des radios en service servile
Heureusement qu’il y a la radio pour « écouter la différence » comme le dit le slogan de France Inter. On ne l’entendra pas beaucoup cette « différence » le lundi 14 au matin, lorsque Nicolas Demorand reçoit Laurence Parisot, présidente du Medef. La veille, cette dernière avait présenté le projet de réforme au Journal du Dimanche comme « une victoire de l’intérêt général » ; un « l’entreprise c’est la vie » concluait même ses propos enjoués. Sur France Inter, la porte-parole du patronat fait preuve d’autant d’enthousiasme : « Si ce projet d’accord entre en vigueur, il ouvre une ère nouvelle à la fois pour les relations sociales dans notre pays, pour notre économie et pour un meilleur fonctionnement du marché du travail. » Un seul et noble dessin a guidé ces négociations : « Nous avions tous UN objectif , assène Parisot : contribuer à faire baisser le chômage. » Tout au long de l’émission, la PDG de l’IFOP égrène les affirmations les plus discutables, comme celle-ci : « ce projet d’accord c’est une cohérence nouvelle qui donne plus de sécurité au salarié. » Ou celle-là : « il y a une corrélation directe, immédiate entre la croissance et le pouvoir d’achat. ». Vraiment ? Sur la première allégation, Demorand aurait pu préciser que tous les syndicats ne partagent pas cet avis. Sur la seconde, l’animateur du « 7/10 » aurait pu émettre un simple doute, ou lui demander : du pouvoir d’achat pour qui ? Bref, personne pour discuter les allégations de Mme Parisot. Les questions impertinentes se feront attendre [4].
En revanche, sur Europe 1 Jean-Pierre Elkabbach se sent beaucoup moins gêné de porter la contradiction à ses invités… du moins quand il ne partage pas leurs opinions. Le mercredi 16, il reçoit Bernard Thibault, secrétaire général de la C.G.T. Le patron – il est en effet à la fois président d’Europe 1 et de Lagardère Média – et ami notoire de Nicolas Sarkoy est d’abord tenté de féliciter la CGT « d’avoir joué le jeu ». « Est-ce que déjà ce n’était pas un progrès que pendant 4 mois vous soyez là à la table des négociations ? » interroge Elkabbach. Thibault répond avec un brin d’ironie que ce n’est pas la première fois que l’organisation participe à des négociations : « C’est d’ailleurs régulièrement notre travail… ». Le présentateur le coupe : « Oui, mais de manière constructive et positive… ». Thibault lui rappelle que « lorsque l’on participe à des négociations on fait des propositions, on essaye de faire avancer son point de vue… . » Puis ajoute qu’ « on a tendance à caricaturer l’activité, l’action de la CGT… ». Ce n’est évidemment pas l’habitude de l’interviewer, qui revient à la charge en citant un conseiller du président de la République, Raymond Soubie. Le syndicaliste rétorque avec flegme que « M. Soubie n’est pas adhérent de la CGT ; on peut donc comprendre qu’il n’ait pas des formules qui correspondent tout à fait à notre état d’esprit ». Finis les politesses, Elkabbach entreprend alors de sermonner la CGT sur son supposé « archaïsme ». Extraits :
- Elkabbach : - « Mais attendez, il y a eu une négociation, elle dure 4 mois, et 3 heures avant la fin des négociations la délégation CGT exprime son désaccord et elle sort, au moment du compromis. Est-ce que, par exemple, le mot « flexi-sécurité » est pour vous un gros mot, un vilain mot ? »
- Thibault : - « Mais là on parle et moi j’invite, puisqu’on a que quelques secondes pour évoquer cette négociation très importante, vos auditeurs à aller sur le site internet de la CGT : vous aurez l’analyse en détails des mesures qui sont dans ce texte avec une analyse d’une part syndicale mais aussi une analyse juridique. Nous montrons, sur ces informations, que les employeurs ont obtenu des modifications qui sont actées, et qui précarisent davantage la situation des salariés : c’est une nouvelle procédure pour le licenciement, c’est un allongement des périodes d’essai, c’est un contrat de projet, une nouvelle forme de contrat de travail… »
- Elkabbach [devenu expert en la matière, l’interrompt pour prendre la défense de l’accord] : - « C’est une portabilité des droits qui permet aux salariés de quitter son entreprise en emportant avec lui les heures de formation acquises. C’est la prime accordée aux jeunes de moins de 25 ans privés d’emploi, une prime qui est doublée… »
- Thibault : - « … Par contre, pour tout ce qui concerne les salariés, les mesures qui sont évoquées sont renvoyées à des discussions ultérieures. [...] »
- Elkabbach [qui le coupe une nouvelle fois] : - « Bernard Thibault on va pas refaire la négociation, mais est-ce qu’il y a des avancées ? »
- Thibault : - « Permettez-moi d’insister sur le fait que pour ce qui nous concerne c’est sur le contenu de l’accord que nous nous positionnons… »
- Elkabbach [qui revient à la charge] : - « Alors la signature des 4 autres syndicats, est-ce que vous la traitez de trahison ? » [...]
- Elkabbach : - « Mais qu’est-ce qu’il faut pour que la CGT, qui réclame souvent des négociations et qui y participe vous venez de le dire, finisse un jour par signer des accords ? »
- Thibault : - « Mais on en a signé des accords… »
- Elkabbach [qui bafouille] : - « Mais qu’elle signe réellement des accords… Qu’elle ait, puisqu’on dit que vous voulez moderniser et faire évoluer la CGT, qu’elle ait la culture du compromis ? »
- Thibault : - « Le modernisme syndical ne consiste pas, de notre point de vue, à signer tout texte que présentent les organisations patronales… »
- Elkabbach : - « C’est évident… »
- Thibault : - « Je remarque qu’on a tendance à accoler modernisation à signature d’accords avec le patronat… »
- Elkabbach [qui le coupe] : « … à négociation et signature… »
- Thibault : - « Tout dépend des contenus. Nous approuvons des accords : 82% des négociations dans lesquelles nous siégeons dans les entreprises débouchent sur un accord approuvé par la CGT. Au niveau des branches professionnelles c’est 30%. Maintenant demain si on nous propose des négociations salariales dans les branches, avec des revalorisations de salaires qui correspondent à 3, 4, 5%, je peux vous dire qu’y aura des signatures CGT. Mais comme nous n’avons pas ces négociations, c’est aussi ce qui nous incite à prôner des mobilisations, dès début février, sur le pouvoir d’achat. »
- Elkabbach : - « Là vous me faites penser, et d’ailleurs François Chérèque le disait dimanche sur Europe 1, que le gouvernement harcèle les syndicats à coup de pression de délais, c’est ce que vous dites. Mais est-ce que vous ne harcelez pas le gouvernement à coup de grèves et de menaces de grèves ? »
« Est-ce que vous ne harcelez pas le gouvernement à coup de grèves et de menaces de grèves ? ». En voilà une question « objective ». En vérité, Elkabbach ne faisait là que ressortir les poncifs qu’il avait lus dans les journaux les jours précédents.
Une presse écrite en liesse
Toute la presse quotidienne, si l’on excepte L’Humanité, s’était réjouie si ce n’est de l’accord lui-même, du moins de l’avancée du « dialogue » entre les « partenaires sociaux. ».
Le Parisien du 15 janvier souligne par exemple « une démarche prometteuse », « une preuve de maturité » de la part des syndicats : « les partenaires sociaux ont surtout voulu poser un acte politique, tenter d’installer une nouvelle démocratie sociale », plus tournée vers le compromis (bien) que vers l’affrontement (pas bien). Le 16 janvier, le même quotidien titre sur « le contrat de travail : Tout change » et parle d’une « véritable révolution ». Le ton est délibérément positif : « tout le monde est gagnant » résume un expert. « Même si les critiques ne manquent pas, les salariés semblent soulagés » explique le journaliste. Il paraîtrait même que millions de travailleurs ont débouché le champagne et sont sortis dans la rue crier leur joie. En vérité, seuls les éditorialistes lancent des « Hip hip hourra ! » ou des « Bravo » chaleureux, tel Dominique Seux des Echos pour qui « c’est une réussite », car le projet d’accord prouve « la maturité des partenaires sociaux ». Rappelons que selon Le Petit Robert (édition 2007) le terme de maturité renvoie à l’idée de « sûreté de jugement, qui s’acquiert d’ordinaire avec l’âge, l’expérience ». Est-ce à dire que l’on fait preuve « maturité » lorsque notre jugement correspond grosso modo aux attentes d’un éditorialiste des Echos ? Est-ce à dire qu’un syndicat devient « adulte » lorsqu’il accepte les « compromis » et les « réformes » d’inspiration libérale ?
Un journal s’est particulièrement réjouit de ce nouvel accord : il s’agit du Monde, en charge de la rédaction du vade-mecum du conformisme, devenu au fil du temps une sorte de brosse à reluire (ou d’éponge sale) de la pensée dominante. Sachant que ces quinze dernières années le quotidien a soutenu toutes les réformes libérales, encensé tous les rapports qui en exigeaient de nouvelles, son approbation devrait mettre la puce à l’oreille ou éveiller la méfiance sur la nature du « tournant social » en cours.
« Tournant social », c’est en effet le titre de l’éditorial daté du 13 janvier. Pour Le Monde cette bonne entente sur « la modernisation du marché du travail » témoigne « d’une maturité nouvelle des partenaires sociaux » (tiens, comme c’est original !) et « dessine les contours d’une "flexisécurité" à la française ». Il félicite les syndicats de s’être engagés « dans la discussion, avec la volonté d’aboutir à un compromis, ne serait-ce que pour démentir l’image d’organisations plus attachées au statu quo qu’à des réformes bousculant les acquis sociaux. » Au Monde, les journalistes qui les commentent aiment bien les réformes qui bousculent les acquis sociaux – surtout quand ce ne sont pas les leurs. La sécurité de l’emploi serait « devenue souvent illusoire » [5] : alors vive la « flexicurité » ! L’auteur de l’éditorial anonyme ne manque d’ailleurs pas d’humour, quand il écrit, pour conclure : « ce résultat est une bonne nouvelle pour ceux qui placent leurs espoirs de progrès social dans un syndicalisme capable de négocier des réformes plutôt que de les subir ». Traduction : l’espoir de l’éditorialiste est que tous les syndicats – comprenez la CGT - se comportent comme la CFDT, c’est-à-dire avec « maturité ».
Ainsi, les grands médias, de la télévision, de la radio ou de la presse, ont systématiquement présenté le résultat des négociations comme « une avancée ». Mais dans l’ensemble ils n’ont guère offerts à leur public les moyens de se forger une opinion solide sur le sujet à partir d’informations précises et détaillées. Des informations ? Oui ! Sur ce point, Les Echos devancent de loin la plupart des autres médias, à la fois sur la quantité et la quantité des informations publiées. Mais ce n’est pas en lisant ce quotidien économique que l’on pourra se forger une opinion « critique » sur la question, c’est-à-dire un tant soi peu éloignée des catégories patronales.
Une sorte de novlangue technocratique semble d’ailleurs avoir contaminé tous les discours publics sur le social. La reprise à tue-tête et sans jamais faire usage des guillemets de l’expression « modernisation » du marché du travail en constitue un bon exemple. Mais il y en a tellement d’autres : « réforme », « dialogue social », « pragmatisme », « charges sociales », etc. C’est le vocabulaire d’une langue neutralisée, désincarnée, pacifiée, qui tait beaucoup (notamment la violence sociale et les rapports de force) et qui sert surtout à faire taire. Les journalistes la reprennent constamment, intentionnellement ou non, parce qu’elle leur semble naturelle ; ce qu’elle semble devenue en effet grâce au travail idéologique opéré par les « experts » et les éditorialistes qui en raffolent. Ce langage qui n’est neutre qu’en apparence leur permet de masquer des positions conservatrices sous un verni de « modernité ». Mieux : de faire passer les intérêts sociaux d’une minorité comme ceux de tous les français – c’est « l’intérêt général » dont parle Mme Parisot.
Antoine Schwartz.
Grâce à Ugo pour la retranscription de l’interview de B. Thibault sur Europe 1 et à Jean pour les articles du Parisien.
P.S. : Enfin Christine Ockrent parut. La veille de la signature de l’accord et pour la célébrer (en présence il est vrai, de Maryse Dumas de la CGT, non signataire). C’était le dimanche 20 janvier à … 23 heures. Les salariés les plus concernés auraient dû veiller bien tard pour entendre une discussion un peu moins indigente qu’à l’accoutumée, en dépit des efforts de « pédagogie » - libérale s’entend - de la reine des « ménages ». Des efforts dont le titre et la présentation donnaient un avant-goût : « Contrat social, le Big Bang ? - La réforme du Contrat de travail, un tournant dans le dialogue social ? Après cinq mois de négociations, patronat et syndicats viennent de se mettre d’accord sur un nouveau contrat de travail, un pas vers la ‘‘flexisécurité’’ à la française. Objectif : moins de procédures, plus d’emplois, plus de sécurité. » Le bonheur, quoi. La présentatrice enchaîne : « Autre chantier, l’avenir des 35H : quels aménagements possibles, peuvent-ils contribuer à la hausse du pouvoir d’achat, comment augmenter le recours aux heures supplémentaires ? » Des questions très – comment dire ?- … gouvernementales.
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[1] Exemple révélateur des choix éditoriaux en matière de « social », le reportage de France 2 attribuant (quelques secondes !) la paroles à des salariés puis à un chef d’entreprise et à syndicaliste était immédiatement suivi d’un autre consacré… à la lutte contre la fraude au RMI. « Dans les Hauts de Seine, expliquait Pujadas, une jeune femme touchait même le RMI alors qu’elle était assujettie à l’impôt sur la fortune » (le 10 janvier). On peine à imaginer que ce genre de situation soit monnaie courante… Mais s’agissant de la fraude à l’ISF ? Et du respect du code du travail par les entreprises ? A quand des éditions spéciales sur ces sujets ?
[2] Propositions que l’on peut consulter sur le site d’A.C.
[3] Ainsi par exemple de ce point de vue de Thomas Coutrot économiste, membre du Conseil scientifique d’Attac, expliquant dans les colonnes de Politis (3 janvier 2007) qu’il s’agit là « d’un accord sans précédent, par l’ampleur des mesures de précarisation que le patronat a su faire endosser aux syndicats. [...] Si la flexicurité peut dans l’abstrait paraître séduisante, sa version ‘‘made in Medef’’ est une caricature. C’est la flexibilité pour les salariés et la sécurité pour les entreprises : ‘‘pile je gagne, face tu perds’’ ». Article, republié sur le site d’Attac sous le titre : « ‘‘Modernisation du marché du travail’’ : un accord interprofessionnel pour la précarisation ».
[4] A dire vrai, Demorand n’a même pas eu le courage de l’interroger sur l’affaire des caisses noires de l’UIMM.
[5] On remarquera que tout le dédain pour la vérité loge dans ce « souvent » car en réalité la très grande majorité des contrats sont encore des CDI.
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