Il devenait difficile pour François Fillon de le nierplus longtemps : le ralentissement économique mondial n'épargne pas la France. Le premier ministre a reconnu, dans un entretien accordé à L'Express du 27 mars, que le déficit public pour 2007 serait "sans doute un peu supérieur" aux 2,4% promis par son gouvernement. Il était plus que temps de l'admettre : le chiffre officiel doit être communiqué à Bruxelles par l'Insee le 28 mars.
Il devenait difficile pour François Fillon de le nierplus longtemps : le ralentissement économique mondial n'épargne pas la France. Le premier ministre a reconnu, dans un entretien accordé à L'Express du 27 mars, que le déficit public pour 2007 serait "sans doute un peu supérieur" aux 2,4% promis par son gouvernement. Il était plus que temps de l'admettre : le chiffre officiel doit être communiqué à Bruxelles par l'Insee le 28 mars.
M. Fillon en tire déjà les conséquences pour 2008 : son gouvernement devra "nécessairement" réviser son objectif de déficit public, jusqu'ici fixé à 2,3% du PIB. Autre mise au point : le premier ministre évalue désormais la croissance française "entre 1,7 et 2% pour l'année 2008", alors que le budget avait été bâti sur une hypothèse de 2,25%.
A trois mois de la présidence française de l'Union européenne, le gouvernement doit-il rougir de ces dérapages? "La situation économique internationale est telle que les autres pays vont aussi réviser leur objectif. Les glissements seront très comparables", plaide le premier ministre. Un argumentaire qui réjouit, à l'Elysée, les opposants au pacte de stabilité : "L'Allemagne s'enfonce dans la crise, dans quelques mois on ne parlera même plus à Bruxelles des dérapages de la France!" confie un conseiller du président.
"Changer de cap" M. Fillon ne va pas jusque-là. "Au-delà de la conjoncture, nous nous tenons au cap que nous nous sommes fixés, et ce n'est pas au premier coup de vent que nous allons changer ce cap", a-t-il affirmé à la tribune de l'Assemblée nationale, mardi 25 mars. "Ce cap, c'est la maîtrise des dépenses" et "la maîtrise des prélèvements obligatoires" a-t-il précisé. Le premier ministre a rejeté la demande de débat parlementaire sur la sincérité budgétaire réclamée par Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste de l'Assemblée. M. Fillon lui a répondu, par lettre, que "rien ne permet d'affirmer que les objectifs du projet de loi de finances 2008 ne sont plus valables".
Récusant l'idée d'un plan de rigueur, et d'une augmentation des prélèvements fiscaux et sociaux, le premier ministre n'évoque qu'une ponction dans les réserves de l'Etat : "Nous annulerons tout ou partie des 7 milliards d'euros mis en réserve en début d'année" prévient-il dans L'Express. Les ministres ont intégré cette menace. Martin Hirsh, haut commissaire aux solidarités actives, s'est inquiété, mardi dans Ouest-France, du sort qui sera réservé à la généralisation du Revenu de solidarité active : "Aujourd'hui, l'Etat doit décider s'il mettra ou non le paquet pour aller jusqu'au bout en 2009." Alors qu'il est confronté à de fortes contraintes financières, le premier ministre doit tenir compte des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy. En déplacement à Tarbes, mardi, le chef de l'Etat a ainsi annoncé une hausse de 5% de l'allocation pour adulte handicapé (628 euros actuellement), alors qu'une manifestation d'un collectif d'associations de handicapés était prévue samedi autour de l'Elysée. Le ministre des affaires sociales, Xavier Bertrand, a annoncé, le même jour, une hausse de 5% du minimum vieillesse.
Face à cette quadrature du cercle, M. Fillon refuse d'endosser une autre promesse : la baisse de 68 milliards d'euros des prélèvements obligatoires en dix ans. "Si la conjoncture le permet, si les mesures que nous prenons produisent les effets escomptés, nous réduirons les prélèvements", tempère-t-il.
Christophe Jakubyszyn
http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/03/26/francois-fillon-revise-a-la-baisse-les-objectifs-de-croissance-mais-recuse-tout-changement-de-cap_1027355_823448.html#ens_id=1014317
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