Une première en Europe. Les Pays-Bas veulent encadrer les revenus de leurs grands patrons. Et s’apprêtent à instaurer un impôt de 30 % sur les primes et indemnités de départ. La mesure, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2009, vise tous les directeurs de société privée dont les salaires dépassent 500 000 euros annuels, et dont les primes excéderaient ce salaire annuel net. Et s’il venait à l’idée des sociétés d’augmenter le salaire de leur PDG juste avant son départ, elles s’exposeront désormais à 15 % d’impôt supplémentaire sur leur revenu.
Dérapages. C’était un thème de campagne des travaillistes, membres de la coalition au pouvoir : les rémunérations des grands patrons choquent dans un pays qui tient à son égalitarisme. «C’est notre responsabilité de limiter des excès que personne ne peut expliquer», a déclaré Wouter Bos, ministre des Finances et chef du Parti travailliste. Le privé n’est pas seul en cause : les pratiques du parapublic sont en débat depuis qu’il est apparu que des directeurs d’hôpital ou de société HLM gagnaient plus que le Premier ministre. Aucune décision n’a été prise, mais un consensus s’est dégagé ces derniers mois sur la «norme Balkenende», qui vise à plafonner les salaires du public aux 185 000 euros annuels que touche Jan Peter Balkenende, le Premier ministre.
Grise mine. Cette nouvelle fiscalité va à l’encontre des recommandations faites en décembre par une commission parlementaire qui avait simplement appelé les patrons à l’autodiscipline. Sans tenir compte des dérapages qui se sont multipliés ces derniers mois : en plus d’une prime de départ de 4 millions d’euros, Rijkman Groenink, le PDG d’ABN Amro, a tiré 20 millions d’euros de la vente de sa banque grâce à son portefeuille d’actions. Jan Bennink, le PDG de Numico, un groupe agroalimentaire racheté en juillet par Danone, pourrait toucher une prime de départ de 80 millions d’euros.
Les syndicats, pourtant, se montrent encore critiques à l’égard des nouvelles mesures. «Elles ne touchent qu’un petit nombre de gens et manquent d’une dimension européenne», estime Jacques Teuwen, du syndicat de cadres De Unie. La Fédération des syndicats néerlandais (FNV), la plus grande centrale du pays, plaide pour le relèvement de 52 % à 55 % du taux d’imposition des revenus les plus élevés (plus de 250 000 euros par an). Les intéressés, eux, font grise mine. Michael Tilmant, PDG de la banque ING, menace de transférer son siège social à l’étranger. Le contexte ne lui est pourtant pas favorable : il fait partie des grands patrons épinglés pour leurs salaires exorbitants en 2007 par l’Association des actionnaires néerlandais (VEB).
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