La mobilisation très forte du lycée La Martinière de la Duchère, où lycéens, étudiantss et enseignants se sont battus ensemble, ces derniers jours, pour sauver Landry de l'expulsion, n'a pas suffi.
La mobilisation très forte du lycée La Martinière de la Duchère, où lycéens, étudiantss et enseignants se sont battus ensemble, ces derniers jours, pour sauver Landry de l'expulsion, n'a pas suffi. Ce garçon de 23 ans, Ivoirien en BTS de gestion informatique a quitté la France samedi matin. Son cas est particulièrement étonnant, un un chouïa kafkaïen. Le préfet du Rhône, qui a ordonné l'expulsion, reconnait en effet que sa situation mérite l'attention. Et il s'est engagé à le régulariser dès qu'il aura perdu quelques semaines dans cet aller-retour pour revenir en France régulièrement. "Pour régulariser sa situation, expliquait vendredi le représentant de l'Etat, il doit d'abord retourner dans son pays afin de demander aux autorités consulaires françaises un visa de long séjour étudiant. (...) Après obtention de ce visa, il pourra revenir sur le territoire français et obtiendra un titre avec la mention étudiant". Les enseignants et les camarades du garçon restent indignés par cette expulsion...
Landry (23 ans) est arrivé en France en 2001. Il est passé par un collège à Villeurbanne, puis a obtenu un bac S, suivi des études de physique-chimie à la fac, avant de s'orienter vers un BTS. Il a d'abord vécu chez un oncle devenu tuteur, mais en 2003, serait retourné quelques mois au pays, où son père, opposant, a été assassiné. Lui-même aurait été emprisonné quelques semaines. Il a ensuite rejoint la France, avec un passeport d'emprunt. Pour la préfecture du Rhône, sa trajectoire commence, dans l'illégalité.
En France, Landry vivait avec sa copine. Ils doivent se marier à l'automne. Mais le 10 mai, il a été arrêté près d'une station de métro. Très vite, les enseignants, alertés par le réseau Education sans frontières, se sont mobilisés. Des pétitions ont été faxées au préfet, ainsi qu'une déclaration adoptée à l'unanimité par le conseil de classe.
Les élèves se sont mobilisés aussi, ont monté des blogs de soutien à leur camarade. Des parlementaires se sont également émus du cas. Pierre-Alain Muet, député socialiste du Rhône, a écrit au préfet et lui a parlé à plusieurs reprises. "Lors de notre premier échange, raconte-t-il, il m'a dit qu'effectivement, c'était un cas qui méritait d'être examiné et qu'il allait faire ce qu'il faut." Puis le parlementaire a appris qu'un "accord" avait été proposé au garçon : il se laissait expulser, et pourrait revenir avec un visa étudiant. Si la Côte d'Ivoire joue le jeu, que Landry récupèrera là-bas un passeport ivoirien, puis un visa de l'ambassade. Au passage, les autorités auront en revanche ajouté un bâton aux statistiques des reconduites.
Depuis le début de cette histoire, plusieurs manifestations ont été organisées, la dernière jeudi soir devant la préfecture. Les élèves les plus mobilisés de La Martinière se sont ensuite réunis, et ils ont décidé le blocage de vendredi matin. Ils sont arrivés dès 7h30 pour l'organiser. "Landry, c'est quelqu'un de très généreux, d'ouvert, sans histoire, explique l'un de ses copains, qui harangue la foule lycéenne avec un plot de chantier en guise haut-parleur. C'est un citoyen modèle, qui veut réussir son BTS et travailler ici." Roger Sanchez, professeur de Landry, ajoute que le garçon "n'est pas spécialement brillant mais très bosseur, qui veut vraiment décrocher son BTS".
Devant le lycée, sous le soleil matinal, les lycéens étaient chauds comme des bouillottes. "Ils sont très remontés parce qu'ils sont animés d'un sentiment d'impuissance", commentait l'une des enseignantes du garçon. Les slogans couvraient sa voix. "Landry, Landry, reste ici !", "laissez le étudier au lieu de l'expulser", ou encore un détournement du cri de ralliement des supporters de l'Olympique lyonnais : "Qui ne saute pas sauve pas Landry", en formant une vague ondulante devant le lycée.
Les enseignants ont organisé de leur coté une collecte en salle des profs. Deux conseillers principaux d'éducation et un prof d'histoire géo sont allés, vendredi après-midi, au centre de rétention pour lui remettre la somme, afin qu'il puisse faire refaire ses papiers, et payer le billet retour. Un conseil d'administration est par ailleurs prévu la semaine prochaine. Les enseignants veulent demander l'inscription d'office de Landry en deuxième année, bien que l'expulsion lui ait fait rater son stage obligatoire, qui commençait lundi.
Ol.B.
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