Chef de clan ou Président de tous les Français ?
Chef de clan ou Président de tous les Français ? A question simple réponse délicate. Nicolas Sarkozy en terme de fonction présidentielle incarne assurément une réelle rupture. Contrairement à ses prédécesseurs, il ne veut pas situer au-dessus de la mêlée mais, au contraire, en plein dedans. Sous prétexte de rompre avec ce qu’il qualifie d’hypocrisies, le Président cumule les responsabilités. Chef de l’Etat, chef du gouvernement, de la majorité et de l’UMP. Chef tout court.
Pauvre Vème république. La constitution de 1958 est un texte solide suffisamment bien ficelé pour avoir permis aux institutions de fonctionner dans des configurations très différentes, notamment la période de cohabitation. Pourtant depuis l’introduction du quinquennat, le vers est dans le fruit . Et le virus Sarkozy lui donne la fièvre.
Le projet de réforme des institutions censé redonner du pouvoir au parlement n’est qu’un rééquilibrage incontournable face à un président qui a rarement cumulé entre ses seules mains autant de pouvoirs.Nicolas Sarkozy, ce n’est pas Saint Louis sous son chêne. Il ne guérit pas des écrouelles, pas plus qu’il ne tient ses promesses sur le pouvoir d’achat. Mais surtout, Nicolas Sarkozy n’est plus dans un rôle de président-arbitre garant des institutions, c’est tout l’inverse.
Le Chef de l’Etat est un président en campagne permanente, au service des siens, qui ne fait que mettre des coups de butoir aux institutions sur lesquelles il est censé veiller. Il y a de l’Attila chez cet homme là dont l’agitation frénétique ne s’est traduite jusqu’à présent que par des demi-réformes. En aucun cas des fondations solides pour asseoir une véritable vision de la société. Lors de son dernier déplacement à Orléans, Nicolas Sarkozy s’est éclipsé un moment pour aller à la rencontre de militants UMP réunis à huis clos. La star en tournée fait son show.
L’Elysée est devenu un QG de campagne. Le problème du président c’est qu’il n’aime pas gérer, ni laisser gérer pour son compte. La seule chose qui l’intéresse, c’est le rapport de force, c’est séduire. Briser et humilier aussi, ceux qui s’opposent ou qui renâclent.
François Fillon en fait la douloureuse expérience. Dernier camouflet en date, le rapatriement des petits déjeuners de la majorité du mardi de Matignon à l’Elysée et la constitution d’une « task force » de sept ministres autour du chef de l’Etat. Un mini-conseil des ministres sans le Premier ministre.Dans ce contexte la réforme des institutions est une illusion, une fausse solution. Ce n’est pas la Constitution qu’il faut modifier, c’est le président qu’il faut changer.
source:http://lamouette.blog.lemonde.fr
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