La question oratoire est celle dont le locuteur donne lui-même la réponse, mais qu’il pose à son interlocuteur dans un but expressif ou persusasif. Tout procédé ayant une forme et un sens, il est possible de les séparer l’un de l’autre : on effectue la forme, mais avec un autre sens. La question oratoire est donc fondamentalement un artifice, relève du faux : dans la forme —interrogative— il y a ouverture vers l’autre, dialogue ; dans le sens il y a affirmation puisque c’est la même personne qui pose la question et qui y répond.
La forme apparente, c’est le débat, le dialogue ; le sens profond, c’est le monologue. Autrui semble sollicité, à tout le moins il a sa place, en réalité il est supplanté par une présence encombrante, pour ne pas dire despotique : la question oratoire, c’est tout l’inverse de la maïeutique socratique.
Fréquemment employée, la question oratoire telle que la pratique N. Sarkozy a été adoptée par bien de ses ministres, de ses proches. Ce mimétisme est un phénomène bien connu : les militants «parlent» comme le chef, les étudiants comme leurs professeurs.
Dans le cas qui nous intéresse précisément, ministres, collaborateurs parlent tous comme «le patron». De même qu’ils en appliquent le procédé, ils en adoptent aussi la mélodie propre, le tour de voix interrogatif, un bref silence avant la réponse performative («je vais vous le dire»). Tous ces ministres, tous ces collaborateurs deviennent ainsi malgré eux des imitateurs. Vous savez quoi ? Ils parlent tous comme lui.
source: http://philosophie.blogs.liberation.fr/noudelmann/2008/05/vous-savez-quoi.html#more
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