A la suite des critiques qu'aurait émises Nicolas Sarkozy, la ministre de la Culture suggère que l'agence de presse pourrait diffuser l'intégralité des communiqués des partis et des syndicats. La société des journalistes de l'AFP estime qu'"on n'est plus dans le domaine du journalisme".
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En pleine polémique autour des critiques que Nicolas Sarkozy aurait émises contre certains médias, la ministre de la Culture Christine Albanel suggère dans Le Journal du dimanche que l'Agence France Presse (AFP) pourrait diffuser l'intégralité des communiqués de presse des partis et des organisations syndicales. La société des journalistes de l'AFP s'insurge contre l'idée, estimant qu'"on n'est plus dans le domaine du journalisme".
Selon le JDD, le principe de ce "service supplémentaire" de l'AFP est inclus dans le projet de loi autorisant les journalistes à ne pas divulguer leurs sources, que Christine Albanel et la ministre de la Justice Rachida Dati présenteront à l'Assemblée nationale la semaine prochaine. La ministre de la Culture juge que les partis et syndicats pourraient ainsi exprimer "plus largement et de façon totalement neutre leurs points de vue".
Ces communiqués apparaîtraient "sur un espace spécifique et facilement accessible, selon des modalités à préciser et à organiser", précise-t-elle, avant d'ajouter qu'elle soumettra cette idée au directeur de l'AFP vendredi.
"On traite un communiqué"
Christine Albanel assure toutefois que ce "service" ne se substituerait "en aucun cas au travail de rédaction et d'éditorialisation des journalistes de l'AFP sur les sujets politiques ou sociaux quand ils le jugent nécessaires et pertinents".
Christophe Beaudufe, représentant de la Société des journalistes (SDJ) de l'AFP, s'est élevé contre un mélange des genres. "Notre travail de journaliste, c'est de faire une information vérifiée, recoupée et remise dans son contexte", a-t-il rappelé sur France-Info, on "ne publie jamais un communiqué, on traite un communiqué".
Pour ce journaliste, l'idée de Christine Albanel est "un peu curieuse et pas très pratique car il y aurait des centaines de communiqués". "Créons une boîte aux lettres géante où tout le monde viendra mettre ses communiqués, et on verra bien ce qu'il en ressortira", suggère-t-il, "mais on n'est plus dans le domaine du journalisme".
Interrogée sur les relations tendues entre le président de la République et les médias après qu'il a accusé certains titres de "s'attribuer la fonction d'opposition", Christine Albanel rappelle que c'est Nicolas Sarkozy qui "avait pris l'engagement d'inscrire le principe de la protection des sources des journalistes dans la loi" quand il n'était encore que candidat.
"Comme tout un chacun, le président a le droit de réagir à certaines critiques, notamment lorsqu'elles sont systématiques, qu'elles le ciblent, qu'elles sont violentes et récurrentes", estime-t-elle. "Cela étant, ce n'est pas contradictoire avec son profond attachement à la liberté de la presse".
"Fonction d'opposition"
Selon Le Parisien/Aujourd'hui en France de jeudi, Nicolas Sarkozy a accusé la presse lors d'une réunion de l'UMP de ne pas avoir donné assez d'écho à la récente condamnation de Ségolène Royal dans l'affaire de ses ex-collaboratrices parlementaires. Il aurait également mis en cause L'Express, Marianne, l'AFP et le Journal du Dimanche, les accusant de "s'attribuer la fonction d'opposition".
Quant à l'opposition, elle se plaint de la surexposition de l'UMP. Les socialistes sont "inaudibles" car ils sont "au pain sec et à l'eau médiatiques", estime Arnaud Montebourg, dans le JDD. "Aujourd'hui, l'expression en faveur de l'UMP, président de la République et collaborateurs compris, a augmenté de 256 % sur TF1 et 196 % sur France 2", selon le député PS de Saône-et-Loire, qui cite des chiffres du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). L'élu accuse par ailleurs "le sarkozisme" de "s'attaque(r) à tous les contre-pouvoirs: juges, avocats et journalistes". (avec AP)
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