Partant du principe que la meilleure défense est l'attaque, Xavier Darcos se lance dans une nouvelle bataille : il veut bâtir "le lycée à la carte" et il veut le faire en s'appuyant sur les lycéens, ceux-là mêmes, en partie, qui le contestent dans la rue depuis le mois de mars.
Interrogé vendredi 9 mai 2008 sur ce projet par Le Monde, le ministre de l'éducation avance la notion de "modularité" des enseignements. C'est-à-dire que l'esprit et le mode de fonctionnement de ce nouveau lycée se rapprocherait plus d'une logique universitaire (la construction d'un parcours individuel) que de l'organisation scolaire traditionnelle.
Partant du principe que la meilleure défense est l'attaque, Xavier Darcos se lance dans une nouvelle bataille : il veut bâtir "le lycée à la carte" et il veut le faire en s'appuyant sur les lycéens, ceux-là mêmes, en partie, qui le contestent dans la rue depuis le mois de mars.
Interrogé vendredi 9 mai 2008 sur ce projet par Le Monde, le ministre de l'éducation avance la notion de "modularité" des enseignements. C'est-à-dire que l'esprit et le mode de fonctionnement de ce nouveau lycée se rapprocherait plus d'une logique universitaire (la construction d'un parcours individuel) que de l'organisation scolaire traditionnelle.
M. Darcos juge ainsi que les emplois du temps devraient alterner les cours et des "moments d'étude". Et il propose surtout d'"offrir systématiquement du soutien à ceux qui en ont besoin". Il envisage aussi de "remplacer le redoublement par des enseignements complémentaires".
Ce point pourrait être crucial, car éliminer les redoublements au lycée permettrait d'économiser des milliers de postes. Serait ainsi illustrée l'idée énoncée par Nicolas Sarkozy dans sa prestation télévisée du 24 avril : ce ne sont pas les réductions de postes qui obligent à réformer, mais "les réformes qui permettront les réductions de postes". En évoquant la réforme du lycée, le chef de l'Etat avait rappelé qu'elle devrait permettre " d'alléger les heures de cours, supérieures à tous les autres pays européens". Il s'en prenait aussi à "tout un tas d'options où personne ne va".
M. Darcos refuse d'entrer plus avant dans la description technique de sa réforme et assure que celle-ci doit faire l'objet d'un travail approfondi. Il prévoit de désigner "au plus tard le 10 juillet" une personnalité "issue de la maison", et pas forcément de droite, dont la mission sera de mener à bien la réforme du lycée, pour application à la rentrée 2009.
M. Darcos veut toutefois éviter de toucher au baccalauréat. Il est "l'un des blocs de granit sur lequel la République s'est faite", avait-il déclaré le 16 avril au magazine Phosphore. En revanche, il souhaite une meilleure préparation des lycéens de terminale à la première année d'université. Il n'exclut pas totalement, concernant le bac, des "évolutions internes" et n'a pas renoncé à "rééquilibrer" les filières des séries générales.
La réforme du lycée, estime-t-il, demandera un "aggiornamento important" de la part des enseignants, car "on ne peut pas la séparer de la commission Pochard sur l'évolution du métier". Si la prise en compte des travaux de cette commission a été "retardée" par les perturbations liées aux grèves, M. Darcos assure que "la revalorisation promise aux jeunes enseignants sera faite".
PLUS D'AUTONOMIE
Après avoir passé plusieurs mois à distiller certains aspects possibles de cette réforme (le lycée ne peut plus être "une machine à distribuer des cours", déclarait-il aussi à Phosphore), le ministre va engager sa mise en oeuvre. Il a fait un pas décisif en ce sens en recevant, vendredi 9 mai, l'Union nationale lycéenne (UNL) et la Fédération indépendante démocratique et lycéenne (FIDL). Ces organisations ont réaffirmé leur désaccord sur les suppressions de postes d'enseignants (11 200 suppressions prévues à la rentrée de septembre 2008). Mais elles ont accepté que soient "actés", au sujet du lycée, une liste de "points de convergence".
Le ministre a annoncé la mise en place "à titre expérimental", dès la rentrée 2008, d'un dispositif de "réussite scolaire au lycée" dans les 200 établissements rencontrant les plus grandes difficultés scolaires. Concentrée sur les actions de soutien aux élèves, cette initiative n'en sera pas moins une vitrine de la future réforme. Pour M. Darcos, ce projet est aussi une tentative de "sortir par le haut" de la fronde contre les suppressions de postes d'enseignants. Parmi les "points de convergence", le ministère évoque le fait que "les lycéens aspirent à un nouveau lycée, plus efficace" (...) et que le ministre veut "permettre une plus grande autonomie des lycéens, s'appuyant sur un enseignement plus personnalisé et préparant mieux à l'enseignement supérieur".
La réforme "intégrera la mise en place du service public d'orientation" et "s'intéressera également à la place du lycéen dans le fonctionnement de l'établissement". M. Darcos voit "une continuité" avec les travaux déjà menés, en 1996 par Roger Fauroux à l'occasion de son rapport sur l'école, puis en 1998 par Philippe Meirieu. Mais cette continuité, taxée de "pédagogisme", est violemment contestée à l'UMP et par ceux qui ont soutenu le ministre sur les programmes du primaire. M. Darcos se trouverait donc à fronts renversés, mais refuse de s'en inquiéter par avance. "J'essaye de suivre ma ligne de ministre réformateur", dit-il.
Luc Cédelle
LE MONDE
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