Les chaînes privées devraient décrocher la fameuse seconde coupure publicitaire qu'elles réclamaient depuis des lustres. La mesure serait intégrée dans le nouveau projet sur l'audiovisuel débattu à l'automne. En contrepartie, la Une et la Six devront accepter une taxe pour aider au financement de France Télévisions.
Les chaînes privées devraient décrocher la fameuse seconde coupure publicitaire qu'elles réclamaient depuis des lustres. La mesure serait intégrée dans le nouveau projet sur l'audiovisuel débattu à l'automne. En contrepartie, la Une et la Six devront accepter une taxe pour aider au financement de France Télévisions.
Il y a la télévision publique qui pleure, après le veto de Nicolas Sarkozy à toute hausse de la redevance pour compenser la fin de la publicité en 2009. Et il y a les concurrentes privées qui retrouvent le sourire malgré leurs courbes d'audience qui flanchent... Vendredi, Jean-François Copé, le président de la Commission pour la nouvelle télévision publique, leur a fait un beau cadeau en déclarant sur Europe 1 qu'il était « tout à fait favorable » à l'instauration d'une deuxième coupure publicitaire dans les oeuvres et films diffusés sur les chaînes. Cette annonce, qui promet une nouvelle manne de recettes pour les chaînes privées, ne doit rien au hasard. D'abord parce que le gouvernement ne faisait pas mystère de sa volonté de donner un coup de pouce à la Une et à la Six au moment où leur modèle généraliste est bousculé par la TNT et Internet. Ensuite parce que la commission Copé a grand besoin du concours des chaînes privées pour boucler le financement de l'audiovisuel public. Selon les pistes qu'elle a présentées le 21 mai, elles devraient y contribuer à hauteur de 80 millions d'euros, via une taxe sur leur chiffre d'affaires publicitaire.
Geste calculé
Mais la perspective de cette dîme fait bondir les trois principales chaînes concernées : TF1, M6 et Canal+ s'en sont vivement émus dans une lettre adressée au Premier ministre (voir ci-dessous). La sortie de Jean-François Copé ressemble donc à un geste calculé pour calmer les chaînes privées. Dans la foulée, le ministère de la Culture s'est d'ailleurs lui aussi déclaré « favorable » à l'instauration de la seconde coupure publicitaire, qui était déjà dans ses cartons. Christine Albanel l'avait évoquée en octobre à Cannes, à l'occasion du Mipcom. Cette mesure est une vieille revendication du secteur privé. TF1 l'avait réinscrite dans son fameux Livre blanc, transmis fin 2007 à l'Elysée.
Pour la chaîne du groupe Bouygues, c'est une bonne nouvelle. Car le surplus de recettes publicitaires issu des chaînes publiques - un bonus évalué à 300 millions d'euros par an pour les chaînes privées - n'est pas attendu avant septembre 2009. Or TF1 voit actuellement son chiffre d'affaires publicitaire s'effriter dangereusement (- 3,7 % au 1er trimestre) et son cours de Bourse plonger (- 51 % depuis un an). La seconde coupure devrait lui offrir un ballon d'oxygène. L'an dernier, Natixis estimait l'impact à 50 millions d'euros par an pour TF1 et 20 millions pour M6 avec une seconde coupure de 5 minutes dans les films diffusés en soirée. Selon Aegis, les chaînes pourraient récolter au total 300 millions de plus avec cette mesure et le passage à l'heure d'horloge. « C'est une soupape, mais cela ne réglera pas leurs problèmes structurels, à savoir le transfert de la pub sur Internet », prévient toutefois un expert d'une agence médias.
Christine Albanel a déjà prévu d'intégrer la mesure dans son projet de loi sur l'audiovisuel devant être débattu à l'automne à l'Assemblée, à l'occasion de la transposition de la directive européenne sur les services audiovisuels. Evidemment, la seconde coupure ne plaît pas à tout le monde. France Télévisions, à qui l'on vient de refuser une hausse toute symbolique (2 euros) de la redevance, devrait crier à l'injustice. Les socialistes, qui s'apprêtent à claquer la porte de la commission Copé vont aussi monter au créneau.
« Au détriment des oeuvres »
Les producteurs voient certes la mesure d'un bon oeil car ils espèrent que TF1 et M6 vont relancer les commandes de fiction. Mais la Société des auteurs et compositeurs dramatiques et la Société civile des auteurs multimédia ont estimé que cette annonce « lève le voile sur les véritables intentions de la réforme : favoriser le marché de la télévision commerciale, quitte à fragiliser, voire à démanteler le service public ». « L'instauration d'une seconde coupure publicitaire [...] se ferait au détriment de l'intégrité des oeuvres et du droit moral des auteurs, et au mépris des téléspectateurs et du public », ajoutent-elles. Selon elles, les téléspectateurs ne veulent pas d'une deuxième coupure dans les films. Certains experts médias estiment aussi que l'efficacité du message publicitaire risque d'être amoindrie.
Mais TF1 et M6, trop heureuses de voir cette nouvelle manne arriver resteront sans doute sourds au vieil adage trop de pub tue la pub...
source: http://www.lesechos.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire