Pendant l'été, les sans-papiers ne veulent pas être oubliés
AFP
Par Simon VALMARY AFP - il y a 25 minutes
PARIS (AFP) - Plusieurs centaines de salariés sans-papiers, en grève en Ile-de-France dans le cadre d'un mouvement lancé le 15 avril, poursuivent leur action pendant l'été, cherchant à ne pas être oubliés d'une opinion publique en vacances et à montrer leur détermination aux autorités.
Si la CGT s'est félicitée début août d'avoir obtenu la régularisation par le travail de 850 sans-papiers (753 selon le ministère de l'Immigration), environ 650 autres dossiers qu'elles a déposés avec l'association Droits Devant sont toujours en attente dans les préfectures d'Ile-de-France.
"Pendant l'été, les examens de dossiers continuent, mais au ralenti. On nous a promis de nouvelles convocations après le 15 août", explique Christophe Cosmano, délégué CGT du Bistro Romain des Champs-Elysées, où 32 salariés occupent depuis le 20 mai une partie du deuxième étage du restaurant.
Tous les jours, les grévistes, avec douze collègues du Quick mitoyen également en grève, installent leurs chaises, quelques drapeaux CGT et deux tire-lires bricolées dans des seaux sur "la plus belle avenue du monde" investie par les touristes.
"On veut juste rester en vue", explique Abdulaye Diabi, 25 ans, employé depuis 2002 dans une entreprise de nettoyage, sous-traitant pour Quick.
A côté, le service en terrasse du Bistro Romain se poursuit; devant eux passent les touristes. Certains regardent sans s'arrêter, d'autres sourient à la vue de la banderole "Il n'y a pas que le carpaccio qui est à volonté, les jours de grève aussi!", mais rares sont ceux qui s'arrêtent pour donner quelques pièces.
"On rassemble 15 euros au maximum. C'est moins qu'avant l'été, où ça pouvait atteindre 80 euros par jour", raconte M. Diabi.
"Les touristes étrangers ne comprennent pas. Avant, on avait mis une affiche en anglais sur le magasin mais la direction nous a demandé de l'enlever", explique-t-il.
"Mais on ne se fera pas oublier, parce que la CGT nous aide", assure son collègue Kalilou Fissourou.
A l'autre bout de Paris, loin des boutiques et des monuments et avec un soutien distant de la CGT, les sans-papiers de la Coordination 75 redoutent, eux, d'être oubliés.
Depuis le 3 mai, 1.300 sans-papiers de ce collectif parisien occupent une annexe de la Bourse du Travail (IIIe) pour attirer l'attention de la CGT, qui a finalement accepté de les aider à déposer de leur côté 600 dossiers. Pour l'instant, ils n'ont obtenu aucune réponse.
Depuis trois semaines, plusieurs centaines d'entre eux manifestent les mercredis et vendredi de leur quartier général à la Préfecture de police (Ier) "pour ne pas être oubliés et mettre la pression" sur les autorités, explique Sissoko Anzoumane, porte-parole de la coordination.
Mercredi, ils étaient près de 200 à défiler, essentiellement des salariés isolés travaillant dans le nettoyage ou le bâtiment.
"Nous, on n'a pas le soutien des patrons, qu'a obtenu la CGT pour ses dossiers. On n'a eu que douze engagements de patrons sur les 600 dossiers", souligne-t-il. "On est un peu désavantagés, alors on est obligés de faire plus de bruit", ajoute-t-il.
Sur le parcours, un couvreur qui applaudit depuis un toit ou quelques coups de klaxons témoignent d'une solidarité ténue.
"On ne perd pas notre temps, il faut montrer qu'on est toujours là", insiste Aminata Bakayoko, une femme de ménage de 40 ans, avant de crier son impatience dans un des slogans: "Y en a marre! Des papiers pour tous!".
"Ca nous soulage aussi la tête", explique-t-elle. "Il faut y croire, mais c'est pas toujours facile, parce que c'est très, très long".
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