23/12/2008

Plan Banlieues : Fadela Amara rend l'administration responsable des lenteurs

Partager

Après que le chef de l'Etat a regretté le peu de progrès de son plan, la secrétaire d'Etat s'en est pris aux hauts fonctionnaires. Alors que l'Elysée la jugeait dernièrement « trop discrète », elle vient de prendre position sur un sujet sensible : la réquisition des logements vacants.


(les echos)





Quand le président de la République montre des signes d'impatience, mieux vaut réagir. C'est ce que vient de faire Fadela Amara en critiquant les hauts fonctionnaires qui freinent l'application de son plan Banlieues et en envisageant, dans un autre domaine, la réquisition des logements vacants.

Alors que les conseillers de l'Elysée se répandaient depuis plusieurs jours pour juger la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville « trop discrète », Nicolas Sarkozy a regretté jeudi que le plan Banlieues ne progresse « pas assez vite ».

Dans la foulée, Yazid Sabeg, le nouveau commissaire à la Diversité et à l'Egalité des chances, nommé par le chef de l'Etat pour prouver son volontarisme sur ces sujets, avait souhaité qu'il soit fait preuve de « beaucoup plus de volonté » dans la mise en oeuvre du plan : sur les 45.000 contrats d'autonomie pour les jeunes des quartiers prévus en trois ans, à peine plus de 2.000 ont été signés depuis février.

Rebondir sur un autre sujet

Plutôt que de se braquer, la secrétaire d'Etat a préféré abonder dans le sens du président en déplaçant le reproche. « Certains énarques freinaient des quatre fers », a-t-elle souligné dimanche soir sur France Inter et i-Télé, les rendant responsables du faible nombre de délégués du préfet dans les quartiers (« une quinzaine » sur 350 prévus) nommés en dix mois. Mieux, c'est elle qui aurait incité Nicolas Sarkozy à taper du poing sur la table lors de son discours.

Au passage, Fadela Amara a rebondi sur un autre sujet sensible : l'application de loi sur la réquisition des logements vacants : « Il n'y a pas besoin de chercher des polémiques, il faut appliquer la loi. Toutes les personnes qui habitent dans notre pays ont le droit d'avoir un toit. » La reprise de cette revendication ancienne des associations d'aide au logement n'a pas enchanté Christine Boutin, ministre du Logement, concernée donc au premier chef. « C'est une fausse bonne idée », a-t-elle tranché hier.

Dans l'entourage de la secrétaire d'Etat, on s'attache à nuancer la portée de ses déclarations : « Ce n'était pas une proposition démagogique lancée dans le débat mais la volonté de montrer que, face aux problèmes de logement, il faut se donner la possibilité d'agir sur tous les leviers et sans tabou. » Rien de directement applicable donc, mais « la question doit être posée », ajoute-t-on. Comme s'il fallait trouver un équilibre entre défense de la liberté de parole (légendaire) de Fadela Amara et la volonté de ne pas - cette fois - créer de polémique au sein de l'exécutif quelques jours à peine après que le chef de l'Etat a rappelé ses ministres à l'ordre.

Dans la même veine, on prend soin de nier toute concurrence avec Yazid Sabeg : « Nous ne sommes pas là pour avoir un ego, nous sommes là en mission. On a besoin de toutes les énergies. » Dimanche, Fadela Amara n'avait en revanche pas hésité à juger que sa collègue Rama Yade, en délicatesse avec le chef de l'Etat, avait eu « tort » de refuser de conduire l'UMP aux européennes en Ile-de-France. « Si on m'avait donné cette chance, j'y aurais été avec joie parce qu'on ne perd jamais quand on se présente devant le peuple. » Une offre de service ? « A ce jour personne ne lui a rien proposé mais, s'il y a une proposition qui vient, elle sera étudiée sérieusement », indique un de ses conseillers.

MARIE BELLAN ET ELSA FREYSSENET






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire