23/02/2009

Vidéosurveillance : on y renonce partout, sauf en France

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Dans une interview donnée à France Soir, la ministre de l’Intérieur promet de tripler le nombre de caméras de surveillance sur la voie publique en 2009. Un mode de lutte contre la délinquance pourtant considéré depuis longtemps comme inefficace et coûteux par les Anglosaxons qui ont abusé de ces méthodes.

Pour Michèle Alliot-Marie, lutter contre le sentiment d’insécurité, c’est comme rétablir la confiance sur les marchés financiers : ça se fait à coups de gros chiffres !



Pour Michèle Alliot-Marie, lutter contre le sentiment d’insécurité, c’est comme rétablir la confiance sur les marchés financiers : ça se fait à coups de gros chiffres ! Dans une interview accordée à France Soir lundi 16 février, MAM a donc annoncé son plan de vidéosurveillance en ces termes : « triplement des caméras sur la voie publique », passage de 20000 à 60000 objectifs, « 555 millions d’euros consacrés sur cinq ans au développement des nouvelles technologies »… Pourtant, il est désormais acquis que les caméras de surveillance coûtent très cher, pour un résultat très proche de zéro.

La Grande-Bretagne : une caméra pour 14 habitants, 3% des crimes résolus
« Si les caméras garantissaient la sécurité des citoyens, Londres, la ville des cinglés de l’objectif avec quelques 500000 caméras, serait la ville la plus sûre du monde. Mais ce n’est pas le cas », juge dans un article du quotidien The Guardian Bruce Schneier, le « pape de la sécurité » américain. A raison d’une caméra pour 14 habitants, la Grande-Bretagne est le plus grand laboratoire de surveillance au monde et montre à ce titre des résultats plutôt décevant.

Selon un rapport de New Scotland Yard, la police anglaise, seuls 3% des délits de rue auraient été résolus grâce aux milliards de livres de matériel vidéo déployés sur le territoire. Même à titre préventif : les caméras n’ont pas de rôle dissuasif. Si une caméra pour 14 habitants est sans effet, on peut douter qu’une pour 1000 (comme le prévoit MAM) soit plus efficace. En cause, la qualité de l’image, le manque de lumière, le manque de coopération des malfrats qui refusent de bien rester face à l’objectif… et l’impossibilité de mettre un policier derrière chaque écran de contrôle. Des problèmes que seules les nouvelles générations de caméras « intelligentes » pourront résoudre, d’ici quelques années et quelques milliers d’euros de plus (par pièce).

41% de croissance pour le marché de la vidéosurveillance entre 2003 et 2012
A quoi serviront donc ces boîtes métalliques semées au coin de rues ? A rassurer les gens, probablement. Raison pour laquelle Michèle Alliot-Marie a signé un décret le 22 janvier pour faciliter l’accès à ce matériel : la mesure prévoit de faciliter les procédures administratives pour les établissements publics ou privés disposant de moins de 8 caméras. Autant dire, d'aider les épiceries et les boulangeries à vidéosurveiller à fond.


Un bien beau cadeau, même si les professionnels du secteur n’en demandaient pas tant : le business est plus que lucratif ! Selon une étude MSI datée de mai 2008, le secteur a connu entre 2003 et 2007 une augmentation de 41%. Et le meilleur est à venir : entre 2003 et 2012 (cf. le graphique), le cabinet d'études prédit un doublement du marché du matériel de vidéosurveillance et une multiplication par 5 du marché des logiciels !

http://forget.e-monsite.com/rubrique,france-et-videosurveillance,1120680.html





http://torapamavoa.blogspot.com

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mauvais esprit ! Mais non pas de "surveillance" de "sécurité" !
Vous prêtez de bien vilaines intentions à votre MAM. Ah le peuple, jamais content.

Anonyme a dit…

Bonjour,

J'ai vu l'autre soir le PDG de la SNCF essayer de nous vendre ses nouvelles caméras qu'il va mettre dans les trains, et ce qui m'a particulièrement marqué, c'est le changement de sémantique : on n'appelle plus ça "vidéosurveillance", mais "vidéoprotection".
Y'a pas à dire, ça change tout ! :-)

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