Dans la seconde édition (2009) de son ouvrage sur "Les revenus et le patrimoine des ménages", l'Insee publie notamment les résultats d'une étude consacrée aux "Inégalités de niveau de vie et mesures de la pauvreté en 2006". Certes, l'année considérée se situe au début de la brève période d'embellie de l'emploi et avant la crise mondiale de l'automne 2008. Mais elle apporte néanmoins plusieurs éléments intéressants, notamment à quelques jours de la mise en place du revenu de solidarité active (RSA).
Elle montre ainsi que la pauvreté monétaire relative (proportion des individus ayant un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté) était en 2006 de 13,2% de la population, soit 7,86 millions des personnes. Cette année-là, le revenu médian - qui partage la population en deux parties égales - était de 17.600 euros, soit 1.470 euros mensuels. Le seuil de pauvreté, égal à 60% du revenu médian selon la norme européenne, était donc d'environ 880 euros par mois pour une personne seule et de 1.320 euros pour un couple sans enfant. Le taux de pauvreté de 2006 paraît nettement supérieur à celui des années 2002-2005, qui se situait autour de 12%, mais il s'agit là essentiellement d'un effet statistique. L'année 2005 a vu en effet la mise en place d'une nouvelle méthode de calcul, prenant en compte les transferts sociaux réels et assurant une meilleure couverture des revenus du patrimoine. Le taux de pauvreté de 2005 recalculé sur cette base est ainsi de 13,1% (au lieu de 12,1%), très proche de celui de 2006 (13,2%).
L'étude de l'Insee montre également l'évolution du niveau de vie moyen en fonction de l'âge. Faible chez les moins de 40 ans, celui-ci culmine dans les tranches de 50 à 64 ans, avant de diminuer chez les plus de 65 ans, mais à un niveau qui reste supérieur à celui des tranches d'âge avant 49 ans. Cette courbe explique un autre phénomène mis en valeur par l'étude : le fait que la France compte proportionnellement davantage de travailleurs pauvres que de retraités pauvres. Les premiers représentent en effet 9,8% de la population des travailleurs, alors que les seconds ne constituent que 9,6% de celle des retraités. Un résultat qui n'est pas sans intérêt à l'approche de la mise en place du RSA "chapeau", qui vise directement les "travailleurs modestes". L'emploi reste néanmoins une protection efficace contre la pauvreté monétaire relative : 15% des inactifs ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté et le risque d'être pauvre est 4,8 fois moins élevé pour les actifs en emploi que pour les chômeurs. Autre confirmation : les familles monoparentales sont tout particulièrement exposées à la pauvreté. Près du tiers (30,3%) des personnes vivant au sein d'une famille monoparentale sont ainsi confrontées à la pauvreté, soit une proportion 2,3 fois supérieure à celle constatée dans l'ensemble de la population.
Malgré la persistance de la pauvreté, la France reste néanmoins une société moins inégalitaire que d'autres pays développés, en particulier grâce aux effets de la redistribution. Le niveau de vie des 10% de personnes les plus aisées est ainsi 3,4 fois supérieur à celui des 10% de personnes les plus modestes, incluant celles en situation de pauvreté. Et le niveau de vie médian en euros constants n'a pas cessé d'augmenter - avec des intensités variables - entre 1970 et 2006.
source: http://www.localtis.info
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