Les 194 prisons françaises seront affectées à partir de lundi par des actions de blocage des gardiens qui réclament des moyens supplémentaires pour faire face à une surpopulation jugée dramatique.
Le mouvement, organisé à l'appel d'une intersyndicale CGT-FO-Ufap (Union fédérale autonome pénitentiaire) devrait avoir de fortes répercussions pendant quatre jours.
La ministre de la Justice, Rachida Dati, sera lundi en déplacement en Jordanie.
Lundi et mardi, les personnels appellent à empêcher les extractions et transferts de détenus. Mercredi et jeudi, ils entendent aussi empêcher l'accès des avocats, des fournisseurs de travail en détention et des concessionnaires assurant l'approvisionnement, sauf pour l'alimentation.
Cette initiative met en lumière la crise du monde pénitentiaire, qui souffre d'une forte surpopulation avec 63.351 personnes incarcérées au 1er avril pour 51.000 places disponibles, chiffre proche des records historiques, aigu dans ses conséquences en raison du mauvais état des bâtiments.
Dans certaines maisons d'arrêt, les détenus s'entassent parfois à quatre ou cinq par cellule, ce qui compromet l'organisation d'activités et les visites. La surpopulation entraîne des problèmes d'hygiène, avec par exemple des cas de tuberculose dans plusieurs prisons ces derniers mois.
La situation s'est dégradée depuis la fin de 2008, avec une vague d'homicides et de suicides, au nombre de 115 l'année dernière et d'une cinquantaine depuis le début de l'année. Des cas de suicides apparaissent chez les personnels pénitentiaires.
Aucune amélioration n'est en vue, car l'effet mécanique de l'instauration de "peines-plancher" minimales en 2007 risque de remplir davantage encore les cellules. Les grâces collectives, jadis utilisées le 14 juillet pour désengorger les prisons, sont proscrites par la Constitution depuis la réforme de juillet 2008.
LE BILAN DE RACHIDA DATI
Les syndicats demandent des recrutements, diverses mesures catégorielles comme le rétablissement des primes lors des congés de maladie et l'annulation des consignes de surveillance renforcée la nuit des détenus risquant de se suicider.
Ces procédures fatiguent détenus et surveillants et sont inopérantes, estiment les syndicats. Le ministère a cédé sur ce point en retirant une circulaire d'avril 2008, et fait des concessions sur le dossier des primes.
Il exclut cependant les recrutements, parlant seulement d'une "meilleure gestion prévisionnelle des emplois". Les syndicats ont donc mal réagi à une dernière entrevue jeudi dernier avec Rachida Dati, qualifiée de "provocation" par la
CGT.
"La ministre n'est pas en capacité de prendre conscience de la situation catastrophique dans les prisons et de nos conditions de travail", a dit Céline Verzeletti, de la CGT.
La situation carcérale est un des éléments les plus noirs du bilan de Rachida Dati, qui va quitter prochainement le ministère pour une candidature aux élections européennes.
Elle laissera un projet de loi pénitentiaire, annoncé depuis plus d'un an mais toujours en chantier, qui vise notamment à favoriser les aménagements de peine et les sorties de prison anticipées. Il doit aussi fixer les droits des détenus, actuellement très flous.
Voté au Sénat le 6 mars, il doit être examiné à l'Assemblée fin mai et son entrée en vigueur est encore lointaine.
La politique de Rachida Dati consistant à confier à des groupes privés comme Eiffage ou Bouygues des contrats de construction mais aussi de gestion matérielle de nouvelles prisons est aussi très critiquée par les syndicats.
L'Etat, qui payera à ces sociétés privées des loyers jugés exorbitants avant de devenir propriétaire de ces prisons après 27 ans, risque selon les syndicats d'hériter alors de nouveaux problèmes. Des malfaçons ont été constatées à Roanne (Loire) en janvier et une panne électrique générale est survenue à Mont-de-Marsan (Landes) en décembre 2008.
Edité par Sophie Louet yahoo info
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