25/07/2009

Licencié pour avoir respecté le client

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Ils ont choisi de désobéir : professeurs , employés de banque, praticiens hospitaliers… Nombreux sont ceux qui refusent d’appliquer des mesures gouvernementales qu’ils jugent contraires à l’intérêt général. Denis Mendras, conseiller clientèle à la Caisse d’épargne d’Aubenas, vient d’être licencié après avoir refusé de vendre un placement financier .

« Au vu de l’ensemble des éléments, je vous licencie pour faute grave », c’est en substance la teneur de la lettre de licenciement que Denis Mendras, conseiller clientèle à la Caisse d’épargne d’Aubenas depuis dix ans, a reçu il y a quelques semaines. Son erreur : ne pas avoir tout fait pour vendre un produit financier peu adapté à son client, promu par une agence de consulting. Le 5 mai, Denis Mendras accepte un « rendez-vous en tandem » (avec le consultant) afin de proposer à un de ses clients ce placement – un montage financier indexé sur un panier d’actions. Lors du rendez-vous, l’intervenant présente son fonds commun de placement, mais, pour Denis Mendras, « il l’a présenté de façon mensongère. Le client s’est rapidement positionné contre ce placement, alors je lui ai proposé un autre moins risqué. Ce qu’il a accepté. Pendant que je saisissais l’ordre d’achat, le consultant a continué à le harceler. » Le conseiller clientèle rapporte que « ce client a fini par s’emporter. L’entretien en est resté là. » Dans l’après-midi, Denis Mendras fait part de son mécontentement à son supérieur. Lequel ne réagit pas.

Plus tard dans la soirée, le chargé de clientèle apprend que « d’autres collègues avaient, également, rencontré des difficultés, lors de rendez-vous » similaires. Ce qui le pousse à refuser de réaliser d’autres rendez-vous en tandem. « Mon chef est venu me voir en me disant : “Tu n’as pas le choix. Tu n’es pas en position de refuser les compétences d’un professionnel.” Je n’ai pas cédé », relatet- il. L’épisode aurait pu en rester là. Sauf que « le directeur d’agence et le consultant ont dit à leurs supérieurs que j’avais saboté la mission », ajoute-il. Après vingt-cinq ans passés chez l’Écureuil, Denis Mendras est « atterré » et refuse qu’on le taxe de défaut de conseil dans la mesure où il a « trop le respect du client. Aujourd’hui, nous ne sommes plus des conseillers bancaires mais des commerciaux qui doivent vendre des produits sur lesquels on dégage le plus de marge. »
Cette recherche du quantitatif à tout prix, Jean-Paul Krieff, délégué central CGT, la combat au quotidien. À l’agence d’Aubenas, une collègue de Denis s’est également vue reprocher d’avoir « respecté son client ». Pour ces deux employés qui approchent de la cinquantaine, leur culture bancaire est « en décalage total, avec ce qui leur est aujourd’hui demandé. Tous les jours, leur direction leur soumet une feuille avec des objectifs à atteindre. Si le conseiller clientèle fait entrer de l’argent, mais ne vend pas les produits du jour, alors son bilan ne sera pas bon », insiste le syndicaliste.

Le dossier de Denis Mendras va passer en conseil de discipline national (CDN), une instance paritaire qui a pour fonction de donner son avis, mais qui reste consultative. « Les témoignages de salariés qui ont vécu un tandem avec ce consultant sont sans appel », commente Jean-Paul Krieff. Et de citer le cas d’un conseiller qui affirme que l’expert a menti en surévaluant le rendement du fonds. Mais qui malheureusement renonce à témoigner par peur d’être sanctionné. Des clients aussi attestent des bonnes relations qu’ils entretenaient avec Denis Mendras. Comme madame B. qui a écrit au directeur de l’agence, en apprenant l’affaire. « Depuis quelque temps la politique de la Caisse d’épargne a changé, privilégiant ses intérêts personnels au détriment de ceux des clients. Or, Denis Mendras a toujours été à notre écoute. Et s’il est vrai que depuis un certain temps les placements n’ont pas été fructueux, les pertes ne sont pas le fait de notre conseiller financier, mais d’une mauvaise gestion à très haut niveau (exemple Natixis). Il est par conséquent nécessaire d’éliminer ceux qui gênent, c’est-à-dire des employés comme monsieur Mendras. »

Clotilde Mathieu
http://www.humanite.fr/



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