Les marches de l'Opéra-Bastille, à Paris, sont occupées par des centaines de grévistes depuis jeudiAFP/MIGUEL MEDINA
.Régularisation des travailleurs sans papiers : un conflit aux enjeux multiples et complexes
LEMONDE | 29.05.10 | 14h25 • Mis à jour le 29.05.10 | 14h31
Depuis jeudi 27 mai, plusieurs centaines de travailleurs sans papiers occupent les marches de l'Opéra-Bastille, à Paris. Soutenus par la CGT, ils sont en grève depuis octobre 2009 et réclament une nouvelle circulaire permettant leur régularisation par le travail.
Installés avec banderoles et musique, ils ne comptent quitter les lieux que lorsqu'ils auront obtenu gain de cause. Une manifestation qui est en fait le énième rebondissement d'un conflit aux enjeux complexes qui dure désormais depuis plus de deux ans.
Le contexte Tout a commencé en avril 2008, quand plusieurs centaines de clandestins travaillant avec des faux papiers, ont initié un vaste mouvement de grève dans plusieurs entreprises avec le soutien de la CGT. En l'espace d'un an, le syndicat a obtenu la régularisation d'environ 2 500 personnes.
Mais en octobre 2009, constatant que de nombreux dossiers n'obtenaient pas d'issue favorable, la CGT a relancé un mouvement de grève, réclamant cette fois une circulaire "précisant" l'article de loi sur lequel se fondent les régularisations par le travail (l'article 40 de la loi relative à la maîtrise de l'immigration de 2007).
Le 24 novembre 2009, le ministère a cédé en publiant une circulaire. Mais la CGT, ainsi que dix autres partenaires - CFDT, Solidaires, RESF, Cimade... - considèrent les critères retenus trop "restrictifs" et déplore que le texte exclue de fait intérimaires et agents de sécurité. Des critères, par ailleurs jugés "imprécis", donnent plus de latitude aux préfectures dans leur interprétation des textes.
Selon la CGT, quelque 6 000 travailleurs sans papiers seraient donc en grève depuis, un peu partout en France. D'après le syndicat, tous ces grévistes tiennent la distance grâce à la "solidarité". La CGT dispose en effet d'un budget de 160 000 euros abondé par des quêtes organisées à différentes occasions, comme le 25 mai, lors de la projection d'un documentaire au cinéma Max Linder, à Paris, où 3 500 euros ont été récoltés. Dans les foyers, les sans-papiers parviennent régulièrement à manger à l'oeil. Il arrive enfin que leurs familles, restées au pays, se cotisent.
La position du ministère Conscient du risque de nuisance que constitue cette longue grève même s'il est difficile de vérifier son ampleur, le ministère de l'immigration a accepté, les 14 et 20 mai, de rencontrer la CGT et ses partenaires. Lors de la dernière réunion, il a proposé de procéder à une "évaluation" de l'application de la circulaire. Pour l'heure toutefois, aucune négociation n'est officiellement ouverte, Eric Besson, le ministre, n'a pas assisté aux réunions et le ministère de l'immigration cherche surtout à gagner du temps tout en ménageant la CGT, qualifiée là d'interlocuteur "raisonnable".
Le rôle de la CGT Le syndicat est le leader du mouvement et l'organisateur de la plupart des piquets de grève. Une implication forte qui s'explique par le très fort enjeu que constitue pour elle le conflit. Pour la CGT, les sans-papiers, qui travaillent souvent dans le bâtiment, le nettoyage, les services à la personne et l'intérim représentent aujourd'hui un vivier syndical potentiel très important. Afin de ne pas perdre la face à cause de l'enlisement des derniers jours, la CGT, a donc décidé d'organiser ce nouveau "happening" sur les marches de l'Opéra-Bastille.
L'attitude du patronat Quelques patrons ont accepté de soutenir le mouvement mais ils sont peu nombreux et représentent la plupart des petites entreprises. Actuellement, le DRH de Véolia est le seul vrai poids lourd.
La CGPME, qui soutenait jusqu'à cet hiver la grève, a pris ses distances, considérant que le mouvement était en train de "brouiller" son message initial, soit celui de ne régulariser que les sans-papiers "déclarés", donc ceux qui travaillent avec de faux papiers, et non tous ceux qui sont embauchés "au noir".
Des collectifs autonomes La grève actuelle est le fait de travailleurs "déclarés". Mais en parallèle à ce mouvement, il existe tout une série de collectifs - quatorze à Paris - qui militent, eux, pour la régularisation de tous les travailleurs en situation irrégulière. Plutôt en froid avec la CGT, ils ne s'associent pas à ses cortèges.
Vendredi 28 mai, le ministère a fait savoir qu'il avait reçu l'ensemble des représentants des préfectures pour engager formellement le processus "d'évaluation". La CGT a considéré que c'était un "élément très positif" et qu'elle attendait une date de réunion, sans doute courant juin.
Elise Vincent
Article paru dans l'édition du 30.05.10
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