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Blocage des lycées: quand les proviseurs font la leçon aux parents
Le courrier, écrit sur instruction du ministère, s'adresse aux parents pour qu'ils découragent leurs enfants de participer à des actions de blocage dans le cadre de la
mobilisation pour les retraites.
Capture d'écran de l'une des lettres envoyées aux parents d'élèves.
«A Mesdames et messieurs les parents d'élèves»: «Je vous demande de bien vouloir rappeler à votre enfant qu'il a des droits et des obligations dans le cadre de sa
scolarité... Ses devoirs concernent l'assiduité, le respect de la liberté d'autrui et celui des biens». Signé : le proviseur.
Plusieurs parents de lycéens, notamment dans les académies de Strasbourg et Grenoble, ont eu la surprise de trouver dans leur boite aux lettres ce courrier en début
de semaine. A deux ou trois formulations près, les lettres adressées aux parents sont identiques. En substance, il est demandé aux parents de faire en sorte que leurs
enfants-grévistes arrêtent les actions de blocage et regagnent les salles de cours.
Daté du 8 octobre, au lendemain des premières grosses mobilisations lycéennes contre la réforme des retraites, le courrier insiste sur les dangers potentiels liés au
mouvement de protestation. «Depuis plusieurs jours, des groupes de lycéens ou d'autres jeunes, qui affirment protester contre des réformes, tentent de bloquer des
lycées», commence le courrier. S'en suit un argumentaire en trois points: «Les blocages font obstacles au droit à l'éducation», «l'assiduité est une obligation» et attention
danger: «la présence des lycéens dans la rue attire quelquefois un certain nombre de personnes qui souhaitent troubler l'ordre public et peuvent mettre en cause la
sécurité des élèves et des personnels.»
A qui doit-on ce rappel à l'ordre? Au ministre Luc Chatel qui déclarait en début de semaine que non, vraiment, les lycéens n'ont rien à faire dans la rue. «Le ministère a en
effet donné des instructions aux recteurs pour rappeler simplement le droit aux parents d'élèves», reconnaissait, un peu gêné, le service de presse du ministère de
l'Education, ce jeudi après-midi.
«Les tentatives d'intimidation se multiplient»
«Cela remet complètement en cause notre droit à s'exprimer, c'est sans fondement légal, proteste Quentin Delorme, secrétaire général de l'Union nationale lycéenne, le
premier syndicat lycéen. C'est une nouvelle tentative d'intimidation. Depuis quelques jours, les menaces n'arrêtent pas. Dans l'Aisne, un élève a été convoqué en conseil
de discipline parce qu'il avait manifesté la veille... A La Rochelle, hier, un élève me racontait qu'il avait failli être arrêté par la police lors d'un rassemblement devant le
lycée. Motif : avoir bougé les poubelles du coin de la rue !»
Autre reproche, entendu plusieurs fois dans le cortège parisien mardi: «Le proviseur nous met des bâtons dans les roues pour organiser des AG dans l'enceinte du
lycée. Du coup, on n'a pas le choix, on se réunit devant».
Sur ce point, Philippe Tournier, président du SNPDEN, le syndicat majoritaire des chefs d'établissement, rétorque : «Bien évidemment si l'objectif de l'AG est d'organiser
le blocage, ce n'est pas acceptable. Dans les autres cas, il n'y a aucun problème.»
D'ailleurs, il reconnaît avoir lui aussi adressé à ses confrères un modèle de lettre à envoyer aux parents. «On a pris une position très ferme sur les blocages. Les actions
devant le lycée visant à bloquer l'entrée sont inacceptables et contraires à la loi. La lettre aux parents visent à rappeler cette interdiction, c'est tout.»
Et de préciser: «On ne remet pas du tout en cause la liberté de manifester des lycéens. Si un élève ne vient pas en cours parce qu'il manifeste, un mot d'absence des
parents nous indiquant qu'ils sont d'accord suffit. On rappelle aussi cette règle aux confrères.»
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