02/03/2012

L'Elysée ..le coup de fil..le montage de complement d'enquete...

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Les téléspectateurs de l'émission « Complément d'enquête », diffusée jeudi soir sur France 2, n'ont rien vu du rapatriement d'Ukraine du fils aîné du Président.


Selon plusieurs sources à France 2, l'émission « Complément d'enquête » diffusée jeudi soir a été « lissée » après une intervention de Franck Louvrier, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy. Le sujet : une comparaison des trains de vie de la chancellerie allemande (austère) et de l'Elysée (dépensier).
Selon ces sources, Yvan Martinet, un des journalistes de l'émission, voulait évoquer dans son sujet le rapatriement en avion, en partie aux frais du contribuable, de Pierre Sarkozy, victime d'un malaise en Ukraine fin janvier. C'était en débat au sein de la rédaction. Des images-prétextes étaient prêtes pour ajouter la séquence au montage. Il y avait aussi, en stock, une réaction de Karl-Heinz Däke, président de la fédération des contribuables en Allemagne (BdSt) : il s'étouffait devant les sommes engagées pour ce rapatriement (plus de 30 000 euros).
De son côté, Benoît Duquesne, concepteur de l'émission, doutait de l'intérêt de cette séquence sur le fils aîné du Président, peut-être parce que l'information avait été révélée par Le Canard enchaîné le 1er février.

Franck Louvrier ne menace pas, il raisonne

Mais les hésitations ont pris fin après l'intervention de Franck Louvrier, disent nos sources. En début de semaine, le conseiller en communication de Nicolas Sarkozy aurait appelé Benoît Duquesne : une très longue conversation devant témoins pour parler de la pertinence du sujet, dans son intégralité. Le conseiller du Président a probablement été alerté par les nombreux e-mails envoyés par le journaliste Yvan Martinet au cabinet de Nicolas Sarkozy pour la préparation de son sujet.
Franck Louvrier aurait alors rappelé à Duquesne les règles de bonne conduite pendant la campagne présidentielle : on ne charge pas un candidat sans charger l'autre, sous peine d'être puni par le CSA. Franck Louvrier ne menace pas, il raisonne, et tente de donner à ses interlocuteurs les arguments dont ils ont besoin pour s'arranger avec leur conscience.
Dès lors, pour minimiser les ennuis avec l'Elysée, mieux valait dépersonnaliser le sujet, et en rester aux dépenses de l'Elysée en tant qu'institution. La séquence sur Pierre Sarkozy est définitivement rejetée. Joint par Rue89, Benoît Duquesne ne dément pas avoir reçu un coup de fil de l'Elysée :
« Il nous arrive d'avoir des contacts avant des émissions, c'est normal, cela fait partie du jeu. »

Benoît Duquesne nie avoir été influencé

Mais le présentateur nie avoir été influencé par qui que ce soit :
« Nous avons fait le sujet que nous voulions faire. Personne ne visionne nos enquêtes avant diffusion. La scène avec Pierre Sarkozy n'a jamais été envisagée. Il n'a jamais été, en montage, question du fils Sarkozy. Nous n'avons rien tourné là-dessus.
J'aimerais plutôt que vous disiez dans votre article que nous faisons des sujets sur l'Elysée et son train de vie, et que nous sommes les seuls à le faire. »
(Les journalistes de la rédaction lui reconnaissent, en effet, de manière générale, un certain courage.)
Ce vendredi matin, Joël Bruandet, rédacteur en chef adjoint de l'émission, assure également qu'il n'y a eu aucun lien de causalité entre le coup de fil de Franck Louvrier (confirmé) et l'absence des images sur Pierre Sarkozy. Cette séquence avait été envisagée à un moment, mais l'idée a été abandonnée bien avant le coup de fil, nous dit-il.
Jeudi soir, nous avons aussi demandé à Franck Louvrier, par SMS, s'il était intervenu personnellement pour censurer un sujet de France 2. Il a simplement répondu : « C'est totalement faux. »

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