10/07/2007

Traficotages, je pars mais je reste..subtil

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Pourquoi Sarkozy a tardé à quitter son conseil général
Par Julien Martin (Rue89) 14H20 10/07/2007

Nicolas Sarkozy n'est pas (encore?) doué du don d'ubiquité. Affairé à Bruxelles lundi soir, il a été obligé de se faire une nouvelle fois excuser à la commission permanente du conseil général des Hauts-de-Seine, qui se tenait en même temps.

Pas de quoi étonner toutefois les autres conseillers généraux. Ils ne l'ont pas souvent vu à leurs côtés depuis 2004 et son élection à la présidence de la collectivité. "Quand il était ministre, il ne faisait que de brèves apparitions les jours de sessions à rapport", témoigne un élu de l'opposition.

Une absence devenue complète depuis le mois de mars. Nicolas Sarkozy a déclaré à l'adresse de ses collègues: "Je ne serai pas présent durant la campagne présidentielle, pour assurer la sérénité des débats." Mais quoi de plus normal qu'un prétendant à l'Elysée se mette en congé de ses autres activités?

Plus étranges sont les décisions prises à la suite de son élection. S'il a bien démissionné le 15 mai de son poste de président du conseil général, il a en revanche conservé son mandat de simple conseiller. Et voilà comment un chef d'Etat se retrouve également élu local! Situation peu banale mais qui figure en toute transparence sur le site du conseil général des Hauts-de-Seine.

Pourquoi continuer à siéger? Certainement moins pour les 2500 euros d'indemnité mensuelle (même si l'auteur de ces lignes ne cracherait pas dessus) que pour satisfaire aux exigences de Patrick Devedjian. Privé de ministère, le conseiller politique de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle ne pouvait se satisfaire de la seule direction partagée de l'UMP, il voulait aussi la tête du conseil général.

Le stratagème politico-politique est alors subtil, comme l'explique le site de Marianne. L'élection d'un nouveau Président n'est possible que si tous les postes de conseiller sont pourvus. Or, si Nicolas Sarkozy avait quitté son siège, il aurait fallu procéder à une élection cantonale partielle. Et Patrick Devedjian aurait dû attendre cet automne pour être désigné. Sans compter que d'ici là d'autres candidatures UMP auraient pu émerger, dont celles de Jean-Jacques Guillet et Isabelle Balkany.

En conservant ainsi son mandat, Nicolas Sarkozy a exaucé le vœu de son ami. Patrick Devedjian a été élu président du conseil général le 1er juin. Le chef de l'Etat peut maintenant partir avec le sentiment du devoir de fidélité accompli. Ce devrait être chose faite jeudi ou vendredi.

Seule déception peut-être pour le chef de l'Etat: ne pas avoir transmis à Devedjian le gène de l'ouverture. Tous les nouveaux présidents et vice-présidents de l'assemblée générale et de la commission permanente du conseil général font partie du groupe UMP-Nouveau Centre. Mais il fallait s'y attendre, Patrick Devedjian n'avait-il pas déclaré: "Je suis pour un gouvernement d'ouverture, y compris aux sarkozistes, c'est tout dire..."

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